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5 avril 2014 23 h 34 min
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Marguerite Duras

Une centenaire et des hypocrites

Marguerite Duras aurait eu 100 ans hier. Les journaux en ont parlé, c’est un auteur reconnu, elle est dans la Pléiade, c’est dire ! Je ne peux pas m’empêcher de ressentir un vague dégoût en lisant ces hommages. De son vivant, elle n’était pas la favorite de ces messieurs critiques littéraires. Son style minimaliste, à la limite de la faute de français, ne leur plaisait pas vraiment. On s’est moqué d’elle, on l’a pastichée, peu d’intellectuels l’appréciaient… Et alors tout d’un coup, elle entre dans le patrimoine sacré des Lettres Françaises ? Elle dont on a raillé la vie tumultueuse, parlant de son alcoolisme, de sa liaison étrange avec un homme plus jeune (dans ce sens, c’est toujours inacceptable et choquant, le jeune homme passant pour un gigolo, un profiteur douteux, alors que les hommes se glorifient de leur liaison avec une femme de vingt ou trente ans leur cadette). Moi je n’ai pas attendu ce moment pour aimer ses livres et l’admirer.

Petite biographie

Elle est née en Indochine, ça tout le monde le sait. Elle y a passé une enfance et une adolescence tristes et misérables, avec son père professeur de mathématiques et sa mère institutrice dans une école d’une région éloignée de Saïgon. Un frère opiomane, une mère qui lui préférait le fils aîné et qui a acheté des terres inondables par la mer, incultivables, dont elle n’a jamais pu récupérer l’investissement. Marguerite arrive à Paris, se lie à la Résistance, son mari est déporté et sera rapatrié par des amis alors qu’on l’avait déjà mis avec les mourants irrécupérables du camp… Puis les films après l’écriture, une autre forme d’avant-gardisme pas toujours bien compris. Enfin, une grande solitude, l’alcool, et Yann Andréa, le compagnon des dernières années…

Un style bien à elle

Pastichée, imitée, mais jamais égalée dans ce style minimal qui décortique les sentiments au scalpel et montre en peu de mots la détresse d’une femme, elle a écrit au moment où Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet créaient le Nouveau Roman, mais on ne peut pas dire qu’elle s’est jointe au mouvement. Ses romans décalés parlent de solitude, d’incompréhension, d’une certaine forme de folie calmement assumée dans les lieux les plus improbables, réels ou fictifs. On se croise, on s’évite, on s’étreint pour mieux s’oublier ensuite, la vie passe, indifférente, cruelle, dans un immobilisme trompeur. Ses héroïnes attendent l’amour, le guettent, le reçoivent et le perdent. Il existe mais il est impossible. Du coup, ses personnages masculins sont à l’image de cet amour évanescent : fantomatiques, ils traversent l’histoire de loin, ne s’y engagent pas, ou en sont absents, remémorés. Cela confère à chaque récit un aspect onirique, flottant presque, où le souvenir tourne à l’obsession et les lieux se chargent d’un poids de nostalgie.

Mes préférés

Je conseillerais de commencer par les romans du début pour aborder l’oeuvre de Marguerite Duras dans sa chronologie : Le Ravissement de Lol V Stein ; Dix heures et demie du soir en été ; Un barrage contre le pacifique ; le Marin de Gibraltar ; Détruire, dit-elle ; L’amant ; L’homme atlantique ; les yeux bleus cheveux noirs ; La Maladie de la Mort ; La Douleur…

Extrait

    « La chaise longue était à sa place, la table aussi, les revues. Tatiana Karl était peut-être dans la maison. C’était un samedi vers quatre heures. Il faisait beau.

     Je crois ceci :

     Lol, une fois de plus, fait le tour de la villa, non plus dans l’espoir de tomber sur Tatiana mais pour essayer de calmer un peu cette impatience qui la soulève, la ferait courir : il ne faut rien en montrer à ces gens qui ne savent pas encore que leur tranquillité va être troublée à jamais. Tatiana Karl lui est devenue en peu de jours si chère que si sa tentative allait échouer, si elle allait ne pas la revoir, la ville deviendrait irrespirable, mortelle. Il fallait réussir. Ces jours-ci vont être pour ces gens, plus précisément qu’un avenir plus lointain, ceux qu’elle en fera, elle, Lol V. Stein. Elle fabriquera les circonstances nécessaires, puis elle ouvrira les portes qu’il faudra : ils passeront. »

Le Ravissement de Lol V. Stein, 1964

Category: Littérature
Tags: centenaire, Marguerite Duras, roman
3 avril 2014 21 h 21 min
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Le 104 – Le café caché

Un chiffre… une adresse… un lieu

Le 104 est situé au 104 rue d’Aubervilliers, dans le 19ème arrondissement de Paris, c’est aussi simple que cela ! Les anciennes Pompes funèbres de Paris, d’abord sous l’autorité de l’Eglise à la fin du XIXème siècle, puis sous contrôle municipal après la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, sont un lieu gigantesque. Il y avait les corbillards, les cercueils et donc les ateliers de menuiserie qui les fabriquaient, et en sous-sol une écurie de 300 chevaux. Puis, après la motorisation, un garage avec des voitures. Dans les bâtiments, des magasins qui vendaient des articles funéraires. En revanche, les locaux n’ont servi de morgue qu’au corps des guerres du XXème siècle : Seconde Guerre mondiale, guerres d’Indochine et d’Algérie où l’on entreposait les corps des rapatriés avant de les confier à leur famille.

Cela donne un espace immense :

560px-Cent_quatre

En 2003, la Ville de Paris reconvertit cet endroit en centre culturel, plus exactement un « établissement public à caractère industriel et commercial de coopération culturelle ». Des spectacles de danse et de théâtre y sont organisés, on y voit des expositions et des concerts, des installations y prennent place. Et il y a aussi des artistes en résidence qui passent une année, voire deux sur place et créent une oeuvre ou un spectacle. On a pu ainsi voir le chorégraphe tunisien Redouane Al Meddeb créer sa chorégraphie sur la chanson d’Oum Kalthoum Al Atlal (Les ruines), spectacle magnifique de 35 minutes, le collectif Berlin qui a fait l’objet d’un article ici et bien d’autres encore… On peut voir tout au long de l’année le work in progress ou aussi bien l’oeuvre abouti. Chaque visite au 104 est ainsi une aventure : de la brume s’échappe d’un atelier où l’on ne doit se fier qu’à ses sens en dehors de la vue, des oiseaux pépient dans une installation pour petits mandarins et guitares électriques, nous sommes invités à nous asseoir dans une grosse bulle où tout à coup des milliers de petites bulles en plastique tournoient tout utour sans nous toucher, un micro capte les bruits des mâchoires de termites qui grignotent une souche de bois…

Expositions monumentales

Le lieu se prête tout naturellement à des installations gigantesques, comme l’oeuvre de l’Egyptien Moataz Nasr I am free pour laquelle nous sommes invités à grimper au sommet d’un grand escalier où se trouvent deux ailes d’aigle déployées, évoquant la liberté pas forcément allant de soi dans son pays. Je ne résiste pas, ça donne ça :

I am free

Voici deux sculptures géantes de la rétrospective Keith Haring, the Political Line, merveilleusement mises en espace ici. Le container avec les artefacts de l’artiste a également trouvé sa place dans cette grande cour. Les oeuvres de dimension plus modeste trouvant leur place au Musée d’Art Moderne, les deux expositions se complétaient à merveille :

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Le café caché

Après toutes ces émotions, on peut dîner dans un lieu super sympa : Le café caché « Pour vivre heureux, vivons cachés », un lieu où l’on entre en traversant des grandes bandes de plastique transparent rigide, puis une terrasse un peu fraîche où des familles ou des amis boivent des verres avant un spectacle ou en sortant de l’expo. Les petits enfants courent partout dans ce vaste espace, c’est déjà rigolo. Puis on entre dans le restaurant lui-même, tout décoré en bois, où l’on est accueilli par des jeunes gens chaleureux. On mange un bon hamburger avec des frites maison, on boit un coup de rouge et en dessert, une petite panna cotta aux fruits rouges descend toute seule !  Jugez vous-même :

café caché

Bon j’ai été un peu longue, mais je vous ai montré : le lieu, une installation, une exposition et le restaurant !

Vous ne pourrez plus dire que vous n’avez vraiment pas envie de découvrir cet endroit  !!!

Category: Mes sorties
Tags: 104, exposition, installation, restaurant
31 mars 2014 22 h 21 min
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Lady Marmelade

La chanson trop classe !

Moulin Rouge de Baz Luhrmann est un film extraordinaire, non pas par son histoire, mais par ses références. Un écrivain pauvre s’éprend de la chanteuse très talentueuse et très tuberculeuse qui survit grâce à ses « protecteurs » mais veut croire à l’amour et se sacrifie pour lui juste avant de mourir : bien sûr, c’est La Dame aux Camélias, La Traviata et toutes les déclinaisons sur le thème : Le Roman de Marguerite Gautier – sublimissime Greta Garbo qui laisse tomber son éventail deux fois quand elle voit Robert Taylor à la soirée où elle est allé le fuir ! – extraordinaire Isabelle Huppert dans la version de Mauro Bolognini « Les hommes ont beaucoup de plaisir à coucher avec moi parce que j’en ai beaucoup en couchant avec eux », déclare-t-elle comme si elle disait qu’elle adore se promener dans le Parc l’après-midi…

Allusion aussi à Marilyn Monroe dans Les hommes préfèrent les blondes et en double intertextualité de l’image, au clip de Madonna qui y fait référence Material girl…

Dans l’opéra de Verdi, une troupe de danseurs propose un intermède aux invités de Flora, l’amie de Violetta, et racontent l’histoire d’un cruel torero qui rejette la femme qui l’aime, métaphore de ce qui va arriver quelques minutes plus tard lorsqu’Alfredo, fou de jalousie et croyant que Violetta le trahit avec son protecteur d’avant, le Baron, va l’humilier en public en lui jetant de l’argent à la figure. Dans le film de Baz Luhrmann, la même scène est racontée par des danseurs et Pink, Christina Aguilera, Lil’ Kim et Mya reprennent Lady Marmelade qui sera un succès colossal. Aujourd’hui, le clip est toujours aussi extraordinaire et rappelle la production colorée du film qui recrée un Paris 1900 en technicolor kitsch et tourbillonnant. Toutes les chansons de la bande originale sont pétillantes ou émouvantes, de vrais chefs-d’oeuvre. Et les quatre filles vêtues de lingerie sexy évoquant les bordels chics et le French Cancan donnent la pêche !

On a toutes une Lady Marmelade qui sommeille en nous !!! et qui parfois se réveille, hmmmm….

Category: My Playlist
Tags: Baz Luhrmann, camélias, film, Marmelade, Moulin Rouge
30 mars 2014 23 h 32 min
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Pécs – Les archives régionales

Notre arrivée

Le temps de descendre du train, d’aller à l’hôtel, de nous rafraîchir et de partir en ville, il est 11h30. Les archives ferment de 12h à 12h30 pour la pause déjeuner (oui, vous avez bien lu, une demi-heure pour des fonctionnaires, pas croyable, hein ?) donc nous nous dépêchons, Csilla et moi. Nous passons sous le porche, sonnons à l’interphone, la porte s’ouvre et dévoile un escalier. Je suis émue, il y a l’odeur des escaliers dans les vieilles maisons de Budapest où j’allais dans mon enfance…

Le bâtiment est typique des constructions de l’Empire au XIXème siècle : très haut de plafond, avec de grandes portes en bois et des parquets cirés. Interdiction de prendre des photos, quel dommage ! Nous frappons à l’accueil et entrons dans un vaste bureau où une jeune femme charmante nous invite à nous asseoir dans le coin salon. Ma cousine s’installe sur le canapé, moi dans un fauteuil en face. Entre nous, une table basse, sur laquelle on nous dépose des formulaires à remplir. Au mur, une énorme carte de la Hongrie de 1914 avec les régions perdues après la Première Guerre mondiale. La jeune femme nous explique comment remplir les papiers. Je crois qu’elle est impressionnée que je vienne d’aussi loin pour ces recherches généalogiques (et peut-être aussi, que je parle aussi couramment le hongrois). A force d’y habiter, je ne m’en rends pas compte, mais Paris est une ville mythique pour ces gens qui n’ont pas pu voyager « à l’Ouest » pendant tant d’années…

Les microfilms

L’archiviste a vu large : nous allons essayer de retrouver la trace de notre arrière-grand-père, né à Mohács, région de Baranya, en 1850 et de ses parents, mariés disons entre vingt et trente ans plus tôt dans la même ville. On nous a sortis les registres de naissance et de mariage de 1785 à 1900. Waouh ! On aura juste de 12h30 à 16h pour parcourir tout ça ! Un sentiment d’urgence nous habite, Csilla et moi, mais pour éviter les désillusions, nous nous mettons d’accord pour reconnaître que l’aventure est déjà extraordinaire en soi, si en plus elle aboutit à des résultats concrets, ce sera la cerise sur le gâteau.

La dame de permanence dans la salle de recherches nous montrera le vestiaire et nos casiers pour déposer toutes nos affaires et nous apprendra à manipuler les rouleaux. Pour l’heure, c’est le déjeuner.

Ma cousine Csilla devant les Archives

Ma cousine Csilla devant les Archives

Les registres de naissance

Sont photographiés les gros registres de la commune remplis par les prêtres qui enregistraient les naissances à l’époque. Y figurent les années mois par mois, les jours, lieux (en l’occurrence, Mohács), les noms des parents avec la profession du père, les noms des témoins et celui du curé. Nous décidons d’un commun accord que notre arrière-grand-père, Gyula Ignác, n’est peut-être pas l’aîné et nous remontons jusqu’à 1840. Nous nous focalisons sur la colonne des parents, je tourne la molette et déplace le film sur la loupe de haut en bas, suspense… Et bingo ! en 1842 apparaissent les noms des arrières-grands-parents ! Nous n’arrivons à déchiffrer ni le prénom calligraphié de l’enfant, ni la profession du père, sans doute en latin. La dame vient à notre aide : c’est Carolina, une petite fille, et l’arrière-arrière-grand-père fabriquait des coffres. Ces coffres en bois peint dans lesquels les paysans rangeaient leur linge au XIXème siècle, sans doute.

Je tourne la molette, tourne, tourne… Notre arrière-arrière-grand-mère avait-elle un secret pour ne pas concevoir rapidement ? L’idée nous fait rire quand tout à coup : un 2ème enfant ! Antal Venczell est né en 1845 et, selon la bonne vieille tradition, se prénomme Antal comme son père. Ce dernier tient désormais une taverne. En 1847 naîtra un 2ème garçon, István Gyula, et enfin notre ancêtre direct, Gyula Ignác, en 1850. Ce prénom, Gyula (Jules en français) va rester dans la famille, puisque ce sera celui de mon grand-père, dont on peut désormais supposer qu’il est le premier fils puisqu’il s’appelle comme son père. Ce sera aussi le 2ème prénom de mon père… J’aurais eu un fils, je l’aurais peut-être appelé Jules, qui sait ?

Les registres de mariage

Nous sommes ravies par nos découvertes, la dame archiviste se réjouit avec nous. Elle nous explique que les chercheurs ne repartent que très rarement plus en arrière que la personne recherchée et c’est dommage… Oui et un peu bête quand on a cette documentation impressionnante à disposition…

Nous voici dans les mariages, avec les années, les mois, les jours, les noms, âges et adresses des mariés, et les noms de leurs parents. Si nous trouvons là les parents de notre arrière-grand-père, nous remonterons une génération dans notre arbre !!! Imaginez notre excitation !!!

Nous faisons un rapide calcul : si Carolina est née en avril 1842, elle a été conçue vers juillet 1841. Nous décidons de commencer à 1835 pour être sûres. Les écritures sont calligraphiées en latin au début, parfois à moitié effacées, on va y laisser nos yeux ! Mais on s’accroche, ça vaut la peine !!! Il y en a eu, des mariages, dans la commune ! Mais pas nos arrières-arrières-grands-parents… On remonte lentement le temps, on dépasse même 1842, alors que Carolina est née légitime… Rien. Quelle déception ! Nous reepartons plus loin dans le temps, jusqu’à une date improbable, 1825, puisque cela aurait fait naître notre aïeul au bout de 25 ans de mariage de ses parents. Tant pis, nous ne sommes tout de même pas bredouilles…

Conclusion

Qu’avons-nous appris en une après-midi ? Notre aïeul avait une soeur et deux frères aînés, nos arrières-arrières-grands-parents étaient déjà mariés quand ils se sont installés à Mohács et notre arrière-arrière-grand-père a changé de métier et a eu une auberge pour finir. Nous projetons de chercher ses coordonnées dans un éventuel registre du commerce du milieu du XIXème siècle, si cela existe, et nous continuerons nos recherches sur les frères et la soeur de notre arrière-grand-père qui sont peut-être restés dans la région.

Et j’ai appris quelque chose d’extraordinaire de mon côté : les Hongrois avaient nommé les mois de l’année en fonction des fêtes religieuses. Cela nous donne, dans ma traduction :

Janvier : le mois de la Bienheureuse Vierge Marie ; Février : le mois du jeûne ; Mars : le mois d’après Carême ; Avril : le mois de St Georges ; Mai : le mois de la Pentecôte ; Juin : le mois de St Jean ; Juillet : le mois de St Jacques ; Août : le mois de la Nativité de la Ste Vierge ; Septembre : le mois de St Michel ; Octobre : le mois de Toussaint ; Novembre : le mois de St André ; Décembre : le mois de Noël.

L’archiviste de permanence nous indique que tout ce qui relève du Livret de Famille existe en double aux Archives de Budapest. Et notre carte d’entrée aux Archives de Pécs nous donne le droit de consulter les archives de tout le pays pour 2014. Alors, d’ici la fin de l’année, peut-être irons-nous à Óbuda ensemble… Nous nous sommes prises au jeu de ces recherches.

Category: Hongrie
Tags: aïeul, archives, arrière-grand-père, Pécs
27 mars 2014 20 h 12 min
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Eloge de la faiblesse – Alexandre Jollien

Un philosophe à la faiblesse forte

J’ai fait la connaissance d’Alexandre Jollien dans le magazine chrétien La Vie que je lisais chaque semaine à une certaine époque. Ses chroniques pleines de tendresse, d’humour et de tolérance m’apportaient de la joie et de l’optimisme. Je me suis promis de lire l’un de ses livres, c’est enfin chose faite et je n’ai pas été déçue !

Alexandre Jollien est né en Suisse en 1975, avec le cordon ombilical enroulé autour du cou. Il est handicapé moteur cérébral et a vécu 17 ans dans un centre pour enfants handicapés où le bel avenir qu’on lui faisait miroiter pour l’encourager à marcher et à parler était de travailler dans une fabrique de cigares. Il a dû se battre pour se mettre debout et faire un pas après l’autre, manier la fourchette et le couteau, faire du vélo… Un jour, dans une librairie avec une amie, il tombe sur un petit ouvrage de philo, mais je lui laisse la parole : « Commentant Socrate, l’auteur disait : « Chercher à vivre meilleur, tout est là. » Jusqu’alors, j’avais tout fait pour m’efforcer de vivre mieux, c’est-à-dire améliorer mon sort et me développer physiquement. Et parmi les livres s’établissait tout-à-coup une conversion, un but était né. Vivre meilleur, prendre soin de mon âme, progresser intérieurement. »

Il a étudié la philosophie à l’université et donne à présent des conférences, écrit des livres. Celui-ci est un dialogue imaginaire entre Socrate et lui, où il raconte son enfance, le handicap, l’amitié avec ses camarades, son arrivée dans un lycée où se trouvent des jeunes « normaux », définit au passage la normalité d’ailleurs…

Son livre n’est pas une leçon de tolérance et d’amour qu’un handicapé donnerait à des valides insensibles ou qui se donnent bonne conscience avec une pitié humiliante. Il s’agit d’un témoignage, un simple récit avec des anecdotes : le camarade grabataire incapable de parler qui rit à chaque pas que fait le petit Alexandre : il ne se moque pas, bien au contraire, le rire est sa seule façon de communiquer des encouragements, alors plus Alexandre avance sans difficultés, plus son camarade se réjouit de ses progrès ! Et puis, il y a celui qui ne sait pas exprimer des sentiments, dont le vocabulaire est limité : « En disant, dans sa langue : « Toi, bo pull », ou, « Toi, bien coiffé », il parvenait à exprimer tout simplement sa tendresse, son amitié, sa joie d’être avec moi. »

En lisant Alexandre Jollien, on n’est pas ému, on ne reçoit pas une leçon de vie, on apprend juste qu’au-delà du handicap, de la douleur physique, du traumatisme de la vie dans un centre spécialisé avec éducateurs et médecins, loin de l’affection des siens, un enfant a envie de se développer physiquement et spirituellement, d’aller vers les autres quels qu’ils soient, de les accepter, de les aimer et d’être accepté et aimé en retour. De cette faiblesse du handicap faire une force qui dompte la vie avec optimisme.

Rien que cette énergie positive m’a fait reposer le livre avec un grand sourire quand je l’ai terminé, alors j’avais envie de communiquer ce grand sourire à tous !

A Jollien

Category: Littérature
Tags: amour, faiblesse, handicap, optimisme, tolérance, vie
24 mars 2014 22 h 26 min
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Pécs – La manufacture Zsolnay

La porcelaine hongroise

Il existe deux manufactures de porcelaine en Hongrie. La plus connue est Herend, située à… Herend, dans le centre du pays, et la seconde porte le nom de son fondateur : Zsolnay, et se trouve à Pécs, la grande ville du sud-ouest. Toutes deux ont commencé leur existence au milieu du XIXème siècle, à l’ère industrielle aussi, même si les pièces sont peintes à la main, on n’y a jamais fabriqué de pièces uniques, ce qui en fait le dédain des collectionneurs. Les autres, c’est-à-dire vous et moi, nous qui n’avons pas les moyens de nous offrir une tasse à café à 20 000 euros, apprécient les figurines et vases de Herend et Zsolnay aux fins décors d’oiseaux ou de fleurs, même si le voisin a les mêmes…

Le quartier Zsolnay – Zsolnay negyed

En 2010, Pécs a été capitale européenne de la culture et a ainsi bénéficié de subventions de l’Union Européenne pour accueillir dignement les touristes. L’ancienne manufacture a été transformée en site culturel où s’exposent les objets fabriqués depuis plus d’un siècle dans trois musées, autrefois la maison des propriétaires, celle de la petite-fille du fondateur et de son mari, et d’anciens ateliers. On peut toujours voir les peintres au travail et quelques artisans qui font des bijoux – la grande tendance actuelle. Les cheminées ont également été conservées :

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L’ancienne école des apprentis est devenue une grande école d’art où l’on étudie le design, la musique, la peinture… Il y a également les bâtiments où l’on faisait le pyrogranite, une céramique résistante au gel qui a servi pour les canalisations et gouttières que l’on voit encore en ville, et pour décorer des toits et des façades, comme celle de la poste principale :

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La manufacture s’est rendue célèbre à l’Exposition Universelle de 1873 à Vienne, attirant ensuite à Pécs des peintres et des artisans de tout l’Empire. Des savants les ont rejoints, logés sur place, et ont mis au point avec Vilmos, le fils du fondateur, la fameuse technique dite « éosine », une glaçure métallique lustrée inspirée des techniques du Bassin méditerranéen et de l’art hispano-mauresque adaptée au goût Art Nouveau. L’ancienne maison de Julia, la fille de Vilmos, et de son mari, abrite une prestigieuse collection de vases et plats réunie par un collectionneur hongrois qui a racheté des pièces aux Etats-Unis et dans tous les coins du monde où il en a trouvé. On peut y voir des décors inspirés de céramiques turques dans le style d’Iznik mais aussi persanes et, au rez-de-chaussée, de somptueuses pièces Art Nouveau, l’âge d’or de Zsolnay :

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       A gauche, la Perse, à droite l’Art Nouveau… Sublime !

Et il y a aussi ces tulipes typiques de l’époque, tellement célèbres que ce sont quelques pièces de ce style qui ont figuré à l’exposition Zsolnay de Nancy en 2001.

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La collection rose

Un architecte du nom de Barnabás Winkler a hérité d’une cruche pour le vin il y a une quarantaine d’années. La particularité de cet objet d’usage quotidien fabriqué par Zsolnay était la glaçure rose. Coup de foudre ! Il s’est mis à collectionner tout ce qui était sorti de la manufacture dans cette couleur : cruchons, pots à graisse ou à confiture, passoires, cocottes, ustensiles de salle de bain… Sa trouvaille la plus invraisemblable ? Une cruche dans un magasin d’antiquités dédié aux objets africains où il s’était abrité de la pluie… à Bruxelles ! Résultat : une exposition de plus de 1000 objets, des plus simples utilisés par les paysans, aux plus sophistiqués ornés d’or pour les tables des maisons bourgeoises. L’autre fille de Vilmos, Teréz, en parle ainsi dans la réserve où on les stockait dans les années 1880 : »Lorsque le soleil entrait par les grandes fenêtres orientées plein sud, même l’air paraissait rose. »

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Pour finir, les trois pièces de Zsolnay dans ma collection de petites assiettes (dont il sera question ici bientôt). Le service de table existe pour chaque motif.

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Category: Actualité culturelle
Tags: Art Nouveau, manufacture, Pécs, porcelaine, rose, Zsolnay
22 mars 2014 1 h 11 min
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Trois mois plus tard – ma progression en arabe

Du niveau 1 au niveau 2… ma première évaluation !

Débutante totale – on dit primo-apprenante dans le jargon – je croyais être au niveau 0. Et bien non ! comme dans les immeubles modernes où il n’y a pas de rez-de-chaussée et de 1er étage, mais un niveau 1 et un niveau 2, j’étais au niveau 1 en commençant. Au bout de trois mois d’apprentissage, Tarek estime que je suis prête pour passer à la vitesse supérieure et, en bon pédagogue, il veut d’abord s’assurer que j’ai bien assimilé ce qu’il m’a enseigné jusque-là.

J’ai les miquettes ! A 54 ans, avec un diplôme de poésie américaine contemporaine et une licence de japonais, j’ai le trac le jour de cette évaluation, je ne le crois pas ! Tarek se moque de moi, je le traite de pervers et de sadique, il rigole. Voici un exemple de ce que j’ai dû retenir :

photo (5)
Impressionnant, n’est-ce pas ?

Il y a 4 modules : expression et compréhension orales, expression et compréhension écrites. Tarek me pose des questions, je réponds, j’arrive à peu près à comprendre bien que je réponde parfois à côté en ayant juste attrapé deux mots au vol, pourtant il parle lentement… Ce n’est pas aussi facile de comprendre l’interlocuteur de langue maternelle arabe que de s’exprimer soi-même avec le vocabulaire connu. Je suis vite perdue et en plus, ça m’énerve parce que je voudrais tout maîtriser et être parfaite… Heureusement, je compense cette sensation d’échec en lisant et traduisant facilement les phrases écrites. Et puis :

La cata de l’écrit !

Tarek me demande de, soit me présenter par écrit, soit de décrire une de mes journées. Je réfléchis et je me dis que je n’ai pas assez de vocabulaire assimilé pour réaliser complètement l’un des deux sujets, alors je demande l’autorisation de mélanger les deux. Et je m’aperçois que je ne sais pas du tout comment les mots s’écrivent ! En arabe, les voyelles courtes ne s’écrivent pas, les longues oui. Mais je ne sais pas où elles sont ! Résultat : une faute quasiment à chaque mot. Je suis catastrophée, même si au final j’ai une bonne note, et je décide de rédiger chaque semaine une sorte de journal en arabe : où je vais, qui je vois, ce que je fais. Du coup, je suis en demande d’un certain vocabulaire et nous faisons des petites listes de mots utiles – adverbes de temps, la famille, les jours de la semaine et les mois de l’année… Trop bien ! Et à travers ces phrases, Tarek apprend à connaître mes amis, suit mes activités… mais peut aussi me rappeler des règles de grammaire ou d’orthographe que j’ai oubliées, repréciser un point que je n’ai pas bien compris puisque j’utilise mal la règle… Re-trop bien !!!

Et l’oral ?!

Parallèlement, Tarek décide de me faire progresser dans ma compréhension orale. Alors un soir, il me propose une vidéo. Waouh ! « Tsunami » est un mot japonais, mais c’est le premier qui me vient : je suis noyée dans une grosse vague de sons et je ne comprends rien du tout. Très calme, Tarek repasse le début : une journaliste voilée présente un reportage, des jeunes ont manifesté dans une petite ville algérienne. Et en effet, une fois que les battements de mon coeur ont repris un rythme normal, je parviens à détacher les mots « jeune, ville, Algérie, aujourd’hui ». Nullement découragé, mon super prof me propose d’écouter cette vidéo plusieurs fois pour m’habituer. Je prends conscience d’un truc super flippant : quand ils parlent, les Arabes prononcent tous les mots sans marquer de pause ! Pas étonnant que la ponctuation soit aléatoire dans les textes écrits, ils accrochent tout. Bon, ben… y a du boulot… Bon, ben… on s’y met… Yalla !

Dans les semaines qui suivent, je deviens une spectatrice fidèle d’Al Jazeera… Et à ma grande surprise, ça fonctionne. Alors je parle fièrement à mon cher professeur des reportages que j’ai vus. Comble du snobisme : à la veille des élections présidentielles américaines (nous sommes fin 2012), je regarde des reportages sur cette chaîne et des interviews d’Américains synchronisées en arabe !

Mais l’essentiel, c’est que je progresse réellement ! Et je ne suis pas au bout de mon émerveillement…

Category: Mes cours d'arabe
Tags: arabe, compréhension, écrit, oral, Tarek
17 mars 2014 22 h 48 min
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Koncz Zsuzsa – LE concert

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Paris-Bercy ? Noooon !! Budapest Sport Aréna !!!

 

 

 

 

Koncz Zsuzsa (en français on dirait son prénom d’abord : Zsuzsa Koncz) a commencé à chanter en 1964. Ce 14 mars est son 10ème Sport Aréna à Budapest et elle vient de sortir son 38ème album Tündérország  disque de platine alors qu’il n’a eu aucune pub dans les médias ! Chanteuse culte du rock hongrois, elle rassemble désormais plusieurs générations à chacun de ses concerts. Tout le monde connaît ses chansons par coeur, même moi qui ne vis pas en Hongrie ! Elle a chanté la liberté, la tolérance et l’humanisme bien avant que ce ne soit permis, l’un de ses albums a été censuré d’ailleurs. Le concert a duré 3 heures et nous nous sommes régalés. Nous avons chanté, tapé des mains, pleuré et ri…

Elle chante les traumatismes de la Hongrie au vingtième siècle, Trianon, la Révolution de 56 écrasée par les chars soviétiques, la corruption actuelle des hommes politiques, mais aussi l’amour, l’amitié…

Elle invite ses amis qui, comme elle, sont des pointures de la scène rock. On n’en a jamais entendu parler ailleurs ? L’obstacle de la langue sans doute. Tolcsvay László nous a chanté l’un de ses tubes, une chanson qui raconte le petit jour à Budapest au terminus d’un tramway : les lumières de la station s’allument, une fille fatiguée repense à son rêve, un manteau est battu par le vent… « Le premier tramway part vers toi, il tintinnabule par où il passe… » :

C’est nostalgique et émouvant, alors chanté par 10 000 personnes, ça donne juste la chair de poule…

Koncz Zsuzsa invite aussi son ami de toujours, Bródy János, un très grand musicien de sa génération. Nous chantons avec eux l’un de leurs duos les plus célèbres, qui plaide pour la tolérance et la paix. Tour à tour, elle dit « Si j’étais une rose je m’ouvrirais plusieurs fois par an, pour le garçon, pour la fille, pour l’amour vrai / si j’étais un portail, je laisserais entrer tout le monde sans te demander qui t’amène / si j’étais une rue, je serais baignée de lumière tous les soirs et si des roues à chenilles m’écrasaient, même la terre m’accueillerait en pleurant » et elle se termine par : « Si j’étais un drapeau, je ne flotterais pas au vent, je voudrais être tendu pour n’être le jouet d’aucun vent. » Koncz chante ce dernier couplet a capella avec nous. Nous sommes à la veille de la fête nationale qui commémore la lutte pour la liberté en 1848, ces paroles ont une résonance particulière  :

D’ailleurs Bródy nous chante une chanson politique et parvient à faire se lever la foule en faveur de la République, la vraie, celle qui n’existe pas pour le moment – les élections sont dans quelques semaines pour élire la nouvelle majorité qui désignera un premier ministre. C’est impensable en France où ça passerait pour de la démagogie ! Mais vu l’histoire de la Hongrie, où le régime a changé en 1989 après 45 ans de communisme, plaider pour la démocratie, la liberté d’expression et la justice est juste légitime. Et cette génération de musiciens dont les activités étaient suspectes pour la dictature a eu le courage de ses opinions et, tout en composant aussi des chansons d’amour et des morceaux de rock plus « divertissants », a su imposer ses idées de liberté et d’ouverture. Voilà ce qui rend un tel concert aussi impressionnant pour l’Européenne de l’Ouest que je suis…

Category: My Playlist
Tags: Budapest, concert, hongrois, Koncz Zsuzsa, rock
7 mars 2014 22 h 39 min
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A la recherche de mes ascendants

Ma famille vient d’ailleurs

Chez moi, tout le monde est hongrois. Comme mes grands-parents sont arrivés en France deux ans avant ma naissance, ce sont eux qui m’ont gardée pendant que mes parents travaillaient. J’ai donc parlé hongrois d’abord. On raconte que j’ai voulu échanger avec un petit garçon dans la rue (déjà, la coquine !) et que, forcément, nous ne nous sommes pas compris, alors j’ai fondu en larmes. Une voisine a décidé de m’apprendre le français, et un beau jour : « Ça y est ! Domi parle français ! »

Dès lors, deux mondes se côtoient : à la maison, hongrois. A l’extérieur de la maison : français.

Chez nous tout est différent

A commencer par la nourriture. Ma grand-mère essaie de faire la cuisine « comme là-bas ». Il y a un épicier hongrois dans le Marais à Paris qui vend des saucisses au paprika, du salami, du boudin hongrois, etc. Quand nous allons chez lui, je dis bonjour en hongrois avec ma voix chantante de petite fille, il craque et me donne du salami avec un morceau de cornichon à la hongroise, trop bien ! Quand mes amies me demandent à l’école ce que j’ai dîné la veille, je dois me lancer dans des grandes explications, les noms des plats ne leur disent rien…

Et aujourd’hui encore, si tu veux me faire plaisir, fais-moi un pavé béarnaise bien saignant avec des frites maison, du camembert avec de la baguette craquante et du beurre, une mousse au chocolat, la quintessence du « repas français » inconnu à la maison et tellement bon ! Et maintenant tu peux rajouter un petit Côtes du Rhône sympa…

Nous sommes catholiques, mais chez nous le Père Noël correspond à St Nicolas qui vient le 6 décembre, et c’est le Petit Jésus – Jézuska – qui apporte les cadeaux le 24 décembre en fin d’après-midi. Nous décorons le sapin ce jour-là, avec des bonbons aussi, et chantons des cantiques traditionnels. Le lendemain, nous allons assister à la messe à l’église de la Mission catholique hongroise à République. A Pâques aussi, nous mangeons d’une certaine façon à partir du Jeudi Saint, nous nous abstenons de viande le Vendredi Saint et mangeons le « jambon de Pâques », jambon fumé cuit avec des oeufs durs le Samedi Saint.

Aux vacances scolaires, nous partons juste entre nous, contrairement à mes petits camarades qui retrouvent leurs cousins… Moi je ferai leur connaissance seulement à l’âge de 7 ans, et ne les verrai pas souvent, cela me rend triste et envieuse…

Du coup, j’ai envie d’en savoir plus sur le pays d’origine de mes parents et de mes grands-parents, je pose des questions, on me raconte…

Les documents

Il se trouve qu’en Hongrie, comme dans différents pays où les fascistes ont pris le pouvoir pendant la guerre, il a fallu prouver jusqu’à 5 générations qu’il n’y avait pas de juifs dans la famille. Oui c’est horrible, mais ces documents ont été conservés et ils servent aujourd’hui pour des recherches généalogiques : certificats de mariage et de baptême de l’église catholique, ils portent les noms des parents des mariés ou de l’enfant baptisé, leur adresse, le lieu et l’année de naissance de l’enfant, l’adresse des fiancés et le lieu de leur mariage.

Ma grand-mère avait des documents étonnants réunis dans une boîte dont je parlerai une autre fois. C’est ma mère qui les conserve, mais je les ai scannés et examinés en détails. J’ai commencé très jeune à m’intéresser aux histoires qu’ils racontent. Alors, l’une des fois où j’étais chez mon oncle, le frère de mon père, je lui ai demandé s’il avait l’équivalent. Il m’a tout sorti et j’ai pris des notes. A l’époque, il n’y avait que moi qui m’y intéressais. Mais cela a changé. J’ai désormais une aide précieuse.

Un projet de recherche

Ma cousine – nos pères étaient frères – a un an de plus que moi, quatre enfants et cinq petits-enfants. Elle a commencé il y a peu à réfléchir à l’histoire familiale. Il faut dire que de ce côté de la famille, nous avons une mémoire phénoménale. Son père et le mien aimaient raconter des anecdotes sur leur enfance et leur jeunesse, dont nous nous souvenons, et nous avons nos propres souvenirs. Elle a commencé à les rédiger pour les transmettre à ses descendants et s’intéresse du coup à notre généalogie. Nous avions déjà confronté nos connaissances au moment où son père lui a confié une caisse de photos et de documents. Je lui ai interdit d’y toucher avant que je ne sois là avec elle. Et nous avons passé une après-midi à tout éplucher. Fous rires et émotions ! Nous avons tout noté, tout scanné, et les plus jeunes peuvent nous demander ce qu’elles veulent, nous avons les réponses. Jusqu’à quatre générations et la ville de Mohács, dans le sud de la Hongrie. Pourquoi ne pas remonter plus loin ? Allez, c’est dit, nous allons descendre dans le sud et consulter ensemble les archives à Pécs, la capitale régionale. Tout est sur microfilm, nous avons pris rendez-vous, nous sommes lancées !

On en reparle à mon retour !

Category: Hongrie
Tags: famille, généalogie, histoire, hongrois, souvenirs
4 mars 2014 23 h 14 min
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Etudes sur Tchouang-tseu – Jean-François BILLETER

Mes livres et mes amis

Je lis depuis que je sais lire, mes amis le savent. Il y a environ 2000 bouquins chez moi, répartis dans quatre bibliothèques dont une fait tout un mur jusqu’en haut. C’est impressionnant, oui. Alors personne ne m’offre de livres. Sans doute la peur de tomber à côté ou au contraire, d’être pile dans la cible, mais je l’ai déjà… Et puis, parfois, un ami lettré avec qui j’échange beaucoup me fait un cadeau approprié : lui ne peut pas se tromper. C’est ainsi que j’ai reçu ces Etudes sur Tchouang-tseu pour mon dernier anniversaire. Lecture passionnante que j’ai envie de partager avec vous.

Un sinologue étonnant

Jean-François Billeter est un sinologue suisse peu connu en France. Son exégèse du philosophe taoïste Tchouang-tseu n’en est que plus intrigante. Les éditions Allia la publient après ses Leçons sur Tchouang-tseu qui reprennent ses cours au Collège de France des 13, 20, 27 octobre et 3 novembre 2000. Autant dire que nous avons affaire là à un spécialiste. Non seulement il lit et commente Tchouang-tseu, mais il le traduit, c’est-à-dire qu’il entre dans son oeuvre de l’intérieur. Se débarrassant alors des clichés et préjugés sur la philosophie chinoise, la place du taoïsme dans ce corpus littéraire, l’opposition philosophie orientale – philosophie occidentale, Jean-François Billeter analyse l’oeuvre de Tchouang-tseu avec un regard original totalement neuf, et ne se prend pas au sérieux, ce qui le rend d’autant plus agréable à lire. Il s’adresse à la fois aux sinologues, notamment par l’intermédiaire de notes qui leur sont réservées, et aux profanes par des explications détaillées très claires et simples à comprendre, tant historiques que philologiques, théologiques, ou philosophiques.

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Un livre très intelligemment construit

L’auteur nous propose quatre extraits de l’oeuvre de Tchouang-tseu (contrairement à Lao-tseu et Lie-tseu, son oeuvre n’a pas de titre), qu’il traduit et commente ensuite en y apportant un éclairage nouveau. Il met par exemple en résonance Saint Paul et les Evangiles, Wittgenstein, l’hypnose avec le texte chinois.  Les oeuvres complètes, rédigées par le Maître puis des disciples et d’autres auteurs plus tardivement, ont été écrites au IVème siècle avant notre ère et organisées en chapitres ultérieurement. Il y en a 33 en tout, divisés de la façon suivante par le lettré Kouo Siang près de 400 ans plus tard : chapitres intérieurs, chapitres extérieurs et divers. Un siècle plus tôt, l’ouvrage a été compilé en 52 chapitres. Ces différences tiennent au fait que les bibliothécaires compilateurs aient voulu « utiliser » la pensée de Tchouang-tseu en adéquation avec la philosophie de leur époque, critique ou adepte de Confucius. En effet, Tchouang-tseu imagine des dialogues entre Confucius et son disciple préféré Yen-Houei. Jean-François Billeter en cite un qu’il étudie en détail dans les premiers chapitres de ces études. Il nous explique alors qui était Confucius, que les exégètes occidentaux ont pris pour un philosophe au sens qu’a ce terme dans la tradition de la pensée occidentale, lourde erreur selon lui. Aussi dans une deuxième partie intitulée Compléments écrit-il quelques pages sur Confucius par le biais d’une critique de l’ouvrage de Jean Levi sur le Maître. Il cite ensuite un texte sur les devins pour éclairer les écrits de Tchouang-tseu à la lumière d’une tradition religieuse plus ancienne des Chinois, chamanique notamment, et dont le texte du maître taoïste porte encore des traces. Puis il détaille une traduction d’un texte pour que nous comprenions sa méthode pour traduire cet auteur ancien, davantage par l’intuition qu’en référence aux commentateurs chinois et occidentaux du texte.

Tout comme Etiemble dans sa préface à l’édition des Philosophes taoïstes de la Pléïade, Jean-François Billeter cite et commente les traductions en français, anglais et allemand de Tchouang-tseu. J’avoue que la traduction de Liou Kia-hway chez Gallimard (donc celle reprise en Pleïade) m’est la plus familière, mais suite à ma lecture de ces études par Jean-François Billeter, je vais me procurer la version anglaise traduite par Burton Watson qu’il recommande comme la plus fidèle au texte chinois et à son esprit. Et bien sûr, j’ai très envie de poursuivre ma découverte de l’exégèse de Tchouang-tseu par Jean-François Billeter en me procurant Les Leçons.

En guise de conclusion

Un extrait d’un dialogue entre le Maître et un disciple, avec un extrait du commentaire de Jean-François Billeter qui vous donnera envie, je l’espère, d’en lire davantage :

« Houei Cheu dit à Tchouang-tseu : »J’ai chez moi un arbre de la variété que les gens appellent tch’ou. Il a le tronc si noueux et difforme qu’on ne peut lui appliquer le fil à encre, ses branches sont si tordues qu’on ne peut leur appliquer ni le compas, ni l’équerre. S’il avait poussé au bord d’un chemin, aucun charpentier passant par là ne s’intéresserait à lui un instant. Il en va de même avec tes idées : elles sont grandioses, mais parfaitement inutilisables, de sorte que tout le monde s’en détourne. » Tchouang-tseu répondit : « N’as-tu jamais observé comment le chat sauvage se tapit pour guetter sa proie, comment il bondit sur elle tantôt dans une direction, tantôt dans une autre, vers le haut ou vers le bas, jusqu’au jour où il tombe dans un piège et meurt, prisonnier du filet?(…) »

Notons cette façon caractéristique de répondre par le passage abrupt à une vision qui semble sans rapport avec la question posée. Après avoir parlé à Houei Cheu du chat sauvage, cet habile chasseur qui finit par se faire prendre, Tchouang-tseu lui explique que la recherche de l’utile mène à la ruine. Son arbre est précieux parce qu’aucun charpentier ne s’y intéresse, lui dit-il, et la valeur de mes idées tient justement à ce que nul ne peut s’en servir comme d’un moyen. Elles ont leur raison d’être en elles-mêmes. »

Ce dialogue se conclut ainsi :

« Tu possèdes un grand arbre et tu te désoles qu’il soit inutilisable ? Que ne le plantes-tu pas dans le royaume du moins que rien ou dans les vastes champs de l’indéfini pour te prélasser dessous sans rien faire ou dormir insouciant à son pied ! Il ne subira pas la hache, rien ne lui causera du tort. Il sera inutile, en effet, et ne souffrira donc de rien ! »

Notez comme la traduction est limpide ! Il ne nous reste plus qu’à méditer ces paroles…

 

Category: Littérature
Tags: chinois, philosophe, sinologue, taoïste
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Réalisé par Stéphane Roche • http://www.stephane-roche.fr