Un chiffre… une adresse… un lieu

Le 104 est situé au 104 rue d’Aubervilliers, dans le 19ème arrondissement de Paris, c’est aussi simple que cela ! Les anciennes Pompes funèbres de Paris, d’abord sous l’autorité de l’Eglise à la fin du XIXème siècle, puis sous contrôle municipal après la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, sont un lieu gigantesque. Il y avait les corbillards, les cercueils et donc les ateliers de menuiserie qui les fabriquaient, et en sous-sol une écurie de 300 chevaux. Puis, après la motorisation, un garage avec des voitures. Dans les bâtiments, des magasins qui vendaient des articles funéraires. En revanche, les locaux n’ont servi de morgue qu’au corps des guerres du XXème siècle : Seconde Guerre mondiale, guerres d’Indochine et d’Algérie où l’on entreposait les corps des rapatriés avant de les confier à leur famille.

Cela donne un espace immense :

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En 2003, la Ville de Paris reconvertit cet endroit en centre culturel, plus exactement un « établissement public à caractère industriel et commercial de coopération culturelle ». Des spectacles de danse et de théâtre y sont organisés, on y voit des expositions et des concerts, des installations y prennent place. Et il y a aussi des artistes en résidence qui passent une année, voire deux sur place et créent une oeuvre ou un spectacle. On a pu ainsi voir le chorégraphe tunisien Redouane Al Meddeb créer sa chorégraphie sur la chanson d’Oum Kalthoum Al Atlal (Les ruines), spectacle magnifique de 35 minutes, le collectif Berlin qui a fait l’objet d’un article ici et bien d’autres encore… On peut voir tout au long de l’année le work in progress ou aussi bien l’oeuvre abouti. Chaque visite au 104 est ainsi une aventure : de la brume s’échappe d’un atelier où l’on ne doit se fier qu’à ses sens en dehors de la vue, des oiseaux pépient dans une installation pour petits mandarins et guitares électriques, nous sommes invités à nous asseoir dans une grosse bulle où tout à coup des milliers de petites bulles en plastique tournoient tout utour sans nous toucher, un micro capte les bruits des mâchoires de termites qui grignotent une souche de bois…

Expositions monumentales

Le lieu se prête tout naturellement à des installations gigantesques, comme l’oeuvre de l’Egyptien Moataz Nasr I am free pour laquelle nous sommes invités à grimper au sommet d’un grand escalier où se trouvent deux ailes d’aigle déployées, évoquant la liberté pas forcément allant de soi dans son pays. Je ne résiste pas, ça donne ça :

I am free

Voici deux sculptures géantes de la rétrospective Keith Haring, the Political Line, merveilleusement mises en espace ici. Le container avec les artefacts de l’artiste a également trouvé sa place dans cette grande cour. Les oeuvres de dimension plus modeste trouvant leur place au Musée d’Art Moderne, les deux expositions se complétaient à merveille :

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Le café caché

Après toutes ces émotions, on peut dîner dans un lieu super sympa : Le café caché « Pour vivre heureux, vivons cachés », un lieu où l’on entre en traversant des grandes bandes de plastique transparent rigide, puis une terrasse un peu fraîche où des familles ou des amis boivent des verres avant un spectacle ou en sortant de l’expo. Les petits enfants courent partout dans ce vaste espace, c’est déjà rigolo. Puis on entre dans le restaurant lui-même, tout décoré en bois, où l’on est accueilli par des jeunes gens chaleureux. On mange un bon hamburger avec des frites maison, on boit un coup de rouge et en dessert, une petite panna cotta aux fruits rouges descend toute seule !  Jugez vous-même :

café caché

Bon j’ai été un peu longue, mais je vous ai montré : le lieu, une installation, une exposition et le restaurant !

Vous ne pourrez plus dire que vous n’avez vraiment pas envie de découvrir cet endroit  !!!