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Littérature

5 mars 2017 22 h 31 min
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A lire absolument ! Un roman étonnant !

Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants de Nadia Hathroubi-Safsaf

Livre Nadia Hathroubi-Safsaf

 

J’aime les romans historiques, les romans qui parlent d’un sujet méconnu dans une période de l’Histoire très connue. J’aime quand des personnages très réels m’expliquent, avec leur vécu, ce qui se passe ou s’est passé à grande échelle. Ici, en l’occurrence, il s’agit du conflit israélo-palestinien de nos jours, de la situation des Algériens en France avant et pendant la guerre, et aussi d’un épisode de l’Occupation dont on a peu parlé.

 

 

 

Leïla, jeune journaliste d’origine algérienne et Anne, jeune fille d’origine juive algérienne, sont amies d’enfance. Une partie de leurs familles se connaît aussi depuis l’enfance. Anne est tombée amoureuse de Younès, musulman, mais ne le présente pas à ses parents et cette relation difficile la rend agressive. Leïla rencontre les femmes en noir qui manifestent chaque semaine aux Halles contre l’occupation des territoires en Palestine et réalise un petit reportage. Parmi elles, il y a Ruth, rescapée des camps de la mort nazis qui dit à Leïla : « Ce n’est pas pour faire ça à un autre peuple que nous sommes revenus des camps. » Ce point de vue féminin sur le conflit pousse Leïla à partir réaliser un documentaire en rencontrant des femmes sur place. Victime d’un bombardement israélien, elle est rapatriée à Paris et subit la colère d’Anne qui défend Israël avec véhémence. Leurs parents leur disent de se calmer car elles parlent de choses qu’elles ne comprennent pas. Journaliste dans l’âme, Leïla pose des questions. Salah, son grand-père et Charles, le grand-père d’Anne, ont un passé commun dont personne ne veut parler. Charles vit encore mais n’a plus toute sa tête, on ne peut lui parler du passé. La grand-mère de Leïla a connu Salah après la guerre, au moment de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Or, le 17 octobre 1961, Salah est parti à la manifestation pacifiste des Algériens et n’est jamais revenu, alors on ne parle pas de lui car c’est trop douloureux. Mais cette fois, Leïla veut des réponses à ses questions. Sa grand-mère lui parle des carnets qu’écrivait Salah pendant la guerre et finit par les lui confier.

Arrivé en France en 1939, Salah a écrit un journal pour le lire plus tard à Khadija, sa soeur préférée restée au pays. Leïla découvre soudain que son grand-père a fait partie d’un réseau de résistants kabyles à l’occupation allemande, que des musulmans ont caché et sauvé des juifs et que Salah a aidé Charles et sa famille à sortir de Paris ! Dès lors, elle n’aura de cesse de le faire reconnaître comme Juste parmi les Nations.

Je ne vous en raconte pas plus, Nadia a fort habilement intercalé le récit de ce que vivent les deux amies avec des passages du journal de Salah qui décrit le quotidien des Parisiens pendant la guerre. Elle cite en entier le tract rédigé en kabyle et en français au lendemain de la rafle du Vél’ d’Hiv’ :

Tract Vél' d'Hiv' amazighTract Vél' d'Hiv' français

Pourquoi un tel livre est utile, en plus d’être émouvant et bien construit ? Parce que nous avons pris la mauvaise habitude de lire et écouter les infos en direct, sans recul, sans analyse, sans chercher à les comprendre, ni à les décrypter par notre connaissance de l’Histoire, de la géopolitique et surtout, sans essayer d’aller vers les autres, autres cultures, autres histoires… Et nous souffrons tous de cette incompréhension mutuelle, de cette méconnaissance des événements qui nous ont amenés là où nous sommes aujourd’hui. Alors un roman dont les personnages sont attachants et qui dévoile un épisode de la guerre où des hommes ont été solidaires indépendamment de leurs origines et de leur religion, par les temps qui courent, ça fait du bien ! Et c’est inspirant : je réfléchis sérieusement à écrire l’histoire de ma famille sous forme de roman car oui, j’en ai assez qu’on me dise que la Hongrie est un pays fasciste !

Alors je dis merci à Nadia Hathroubi-Safsaf et je vous encourage vivement à lire son roman !!!

Category: Littérature
Tags: Algérie, conflit israélo-palestinien, histoire, juifs, Occupation, roman
12 février 2017 21 h 38 min
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Buson, peintre et poète, le raffinement japonais

Je ne vais pas vous ennuyer ce soir avec un historique de la littérature japonaise (même si, un jour, je parlerai ici d’autre chose que de poésie), mais juste vous parler d’un poète que j’aime beaucoup et que je vous encourage à lire : Buson et de son recueil publié chez Moundarren, Le parfum de la Lune. Si la poésie chinoise et japonaise vous intéresse, je vous recommande d’ailleurs cette maison d’édition.

Buson, le parfum de la lune

Né dans un petit village en 1716, Buson part à Edo (Tokyo) à l’âge de vingt ans et devient le disciple de Soa qui en a soixante et a été le disciple des disciples les plus connus de Bashô. En effet, les poètes en herbe se regroupent autour de maîtres et apprennent leur art auprès d’eux. Puis Buson voyage, reprenant entre autres le chemin d’Oku dans le Nord, là où Bashô a composé son célèbre La sente étroite du bout du monde dont le titre a changé je crois mais c’est toujours d’un sentier étroit dans le nord dont il s’agit. Au Japon, copier est un honneur et imiter est un art. Les poètes se rendant à des endroits fréquentés par d’autres qui y ont écrit un poème se doivent d’en écrire également un dans lequel ils citent un mot ou un morceau de vers de l’illustre prédécesseur en hommage. Buson fera mieux, car à l’issue de ses pérégrinations, s’installant à Kyoto cette fois, il rencontre des peintres et s’initie à cet art. Il illustre alors l’oeuvre de Bashô, dont un exemple figure dans le recueil de poèmes que je viens de lire :

Illustration de Buson

 

Il en sera ainsi jusqu’à sa mort : il écrit des recueils de poèmes, publie des albums de peinture. De jeunes poètes se sont joints à lui car il a accepté de créer son école. Bashô restera son grand maître mais plus tard, faisant revivre le haiku que l’on disait défunt à la fin du dix-neuvième siècle, Masaoka Shiki contribuera à faire apprécier de nouveau Buson et à le faire reconnaître comme l’un des grands maîtres du haiku, comme je l’indiquais dans mon article sur les pivoines ici, où je citais un poème de Buson d’ailleurs.

Dans ce recueil, les poèmes sont classés par saison, comme c’était souvent le cas dans les anthologies poétiques, depuis les tout débuts du waka. La saison est parfois citée, mais parfois c’est une fleur, une allusion à la météo – brise au printemps, bise et neige en hiver par exemple. L’éditeur a choisi de nous offrir deux poèmes par page, avec la version japonaise. C’est très agréable à lire, comme le montrent ces deux exemples : printemps avec la pivoine et automne avec le chrysanthème :

Buson la pivoineBuson, l'automne

Que de raffinement ! Trois vers, et l’expression d’un sentiment, la description d’une atmosphère à travers celle d’un objet… On a souvent associé haiku et bouddhisme zen car le poème évoque l’impermanence des choses et exprime un phénomène fulgurant renvoyant au Vide de la « Réalité telle qu’elle est ». C’est en tout cas un genre littéraire encore très prisé aujourd’hui au Japon et qui a de nombreux amateurs en Occident. Je n’en ai écrit que trois moi-même mais je les aime bien. Bon d’accord, je vous en offre un, mais ne vous moquez pas, promis ?!

Sur l’étal du marchand
La chair verte d’un avocat pelé
Mon coeur à vif

Je vous renvoie aux anthologies traduites pour goûter au vrai style, et aussi aux auteurs traduits, chez Moundarren notamment (bon, ils ont choisi celui de Shiki intitulé Le mangeur de kakis qui aime les haikus, sans doute pour attirer le lecteur, mais c’est un beau recueil).

Bonne lecture !

Category: Littérature
Tags: Bashô, Buson, haiku, Japon, peintures, poèmes, recueil, Shiki
14 octobre 2016 13 h 07 min
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Bravo à Bob Dylan pour son Nobel de Littérature mérité !

Ah Bon ? Un auteur de chansons ???? Mais oui !!!

Tout d’abord, on ne parle pas de n’importe qui ici ! Et deuxio, grincheux et mesquins s’abstenir, je suis très très contente et voici pourquoi :

Le jeune Robert Zimmermann commence sa carrière sous l’égide de la poésie, puisqu’il prend le pseudo de Dylan en hommage à Dylan Thomas, écrivain gallois mort à 39 ans à New York de complications de son alcoolisme, l’un des très grands poètes du milieu du XXème siècle.

Ensuite, croyez-vous qu’il joue de la guitare et de l’harmonica pour jouer des bluettes country ? Que nenni ! Il s’inscrit dans cette noble tradition des musiciens qui écrivaient des protest-songs au début du siècle dernier, parcourant les Etats-Unis pour jouer devant un public d’ouvriers et de travailleurs agricoles, exprimant leur misère, leurs combats contre les capitalistes sans pitié, racontant leur pauvre condition et se faisant la voix du puissant syndicat des années 20-30. Alors je suis persuadée qu’au Paradis, Woody Guthrie et aussi Pete Seeger à qui je rendais hommage ici le soir de sa mort dans un article musical, ont dû trinquer à sa santé hier soir !

Conscience politique, oui, mais aussi sens du rythme de la langue anglaise, virtuosité linguistique dans l’usage de métaphores comme dans Mr Tambourine Man, The Times they are a-changin’ ou encore le fameux A Hard Rain’s gonna fall prémonitoire dans les années soixante car la pluie violente – mort des océans, bombes, mépris de l’individu, absence de solidarité – nous sommes en train de nous la prendre sur la figure. Alors, n’en déplaise à certains, M. Bob Dylan est un poète, un poète qui chante comme d’autres d’ailleurs (je pense à Patti Smith qui disait que, si elle la chante, sa poésie aura plus de chances d’être diffusée).

Les poètes de la Beat Generation ne s’y sont pas trompés, accueillant Bob Dylan parmi eux, le voyant comme un continuateur de leurs efforts pour écrire autrement, pour parler d’une Amérique révoltée, solidaire, fantaisiste pour laquelle l’argent ne fait sûrement pas le bonheur. Allen Ginsberg apparaît même dans l’une de ses vidéos, c’est dire si le parrainage est prestigieux !

Etait-ce prémonitoire de ma part ? En début de semaine, lasse d’avoir les chansons de Dylan en tête, j’ai réécouté son cultissime Greatest Hits et j’ai failli partager sur Facebook A Hard Rain’s gonna fall. Et bien la voici, les jeunes, prenez-en de la graine, les moins jeunes, rappelez-vous cette époque où nous étions contre l’establishment et voulions vivre en communauté pour échapper à ce monde capitaliste que nous vomissions. C’était l’époque de la guerre au Vietnam et chaque soir, nous voyions les images des bombes américaines tomber sur les rizières et tuer des innocents. Les chansons de Dylan ne sont-elles donc pas d’actualité maintenant que nous voyons d’autres bombes tomber sur un autre pays et tuer des innocents ?

Les jurés du Prix Nobel de Littérature ont-ils voulu un geste politique en récompensant un auteur de chansons protestataire juste au moment où les Etats-Unis sont engagés dans une cynique et sinistre course à la Maison Blanche ? Dylan a-t-il raison en disant aux hommes politiques de se pousser du chemin parce que The times, they are a-changin’ ?

Dénonçons donc avec lui ce que le monde dans lequel nous vivons comporte d’injustices et de violences. Oui, la pluie est violente :

Category: Littérature
Tags: Amérique, Bob Dylan, chanson, littérature, Prix Nobel
1 septembre 2016 21 h 38 min
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A nouvelle traduction, nouveau titre obligé ?

Petit coup de gueule ce soir !

Je viens de lire dans l’un de mes magazines habituels que le roman de Virginia Woolf The Voyage out vient de reparaître en français dans la traduction d’Armel Guerne et sous le titre Croisière. Magnifiquement traduit par Marguerite Yourcenar il y a bien longtemps déjà, il portait le titre de La traversée des apparences. Ce titre reflétait bien l’intrigue, puisque la jeune héroïne, traversant l’océan Atlantique pour aller en Amérique du Sud, découvrait en même temps que le monde des adultes est hypocrite et insincère, donc tout en apparences. Je n’ai rien contre Armel Guerne qui décide de le retraduire en 1952, mais pourquoi sous un autre titre ? On a l’impression que le roman parle d’un voyage d’agrément en mer, alors qu’il s’agit de tout autre chose.

Et ce n’est pas la seule oeuvre de Virginia Woolf qui subit ce changement, puisque To the Lighthouse paru sous le titre de La promenade au phare est retraduit sous le titre Vers le phare, plus proche de l’original en effet, mais a-t-on pensé à tous les lecteurs francophones qui le connaissaient sous le premier titre et peuvent être perplexes ?! De même, Une chambre à soi s’intitule Un lieu à soi dans la traduction de Marie Darrieussecq. Est-ce bien utile ?

Ce n’est pas la traduction elle-même que je remets en cause, au contraire, il faut parfois un petit coup de frais aux romans traduits autrefois, ça peut être fait avec talent. Ce qui me gêne, c’est de donner l’impression qu’il ne s’agit pas du même livre. Aurait-on l’idée de retraduire L’idiot de Dostoïevski en l’intitulant L’Imbécile ?

Bien sûr, ce n’est pas très grave, mais ça m’agace et je tenais à le faire savoir. Car vous qui me lisez, vous savez que Virginia Woolf est l’un de mes auteurs préférés de tous les temps, grâce à cet article paru ici-même. Et je vous ai aussi parlé du métier de traducteur ici.

Christophe Ono-dit-Biot dit d’ailleurs le plus grand bien du roman, le premier qu’a écrit Virginia Woolf, et je vous le recommande dans la traduction que vous souhaitez. Il ne mentionne pas Armel Guerne, comme trop souvent, hélas, les critiques littéraires qui nous zappent, sauf pour critiquer notre travail plutôt que pour le louer (et justement il cite Marie Darrieussecq pour dire que c’est la meilleure traduction de A room of one’s own, ben tiens)…

Category: Littérature
Tags: Armel Guerne, Christophe Ono-dit-Biot, titre, traduction, Virginia Woolf
17 juillet 2016 21 h 35 min
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Hommage à Péter Esterhazy, écrivain hongrois, parti trop tôt

Ah s’il avait été américain ou français !… Son oeuvre serait davantage connue, sa personnalité davantage admirée, les hommages auraient plu partout dans le monde !

Mais il était hongrois, et même s’il était l’aîné de la branche comtale des Esterházy, peu de monde s’intéressait à lui. Alors je vous le montre, tel que je l’ai connu il y a quelques années, car j’ai eu la chance, l’honneur et le privilège d’être son interprète pendant plusieurs jours, lors de la sortie de Harmonia Caeslestis, son roman majeur en français :

PeterEsterhazy

Je ne vais pas ici analyser son oeuvre, vous trouverez sa bibliographie en français ailleurs, je voudrais juste lui rendre hommage avec des anecdotes dont je me souviens, pour vous dire à quel point cet érudit fascinant était aussi un homme délicieux et aussi facétieux.

Invité avec d’autres écrivains d’Europe de l’Est au Salon du Livre de Paris en 1989, il explique très sérieusement que les écrivains de ces pays ont dû développer une écriture spécifique pour détourner la censure, tester aussi ses limites, flirter avec elle, et que désormais, puisque tout est possible, il va leur falloir réfléchir à d’autres histoires, trouver un autre style. Mentionnant Vaclav Havel, il ajoute, facétieux, qu’à ce propos il n’a rien lu de nouveau de sa part depuis quelques temps, il s’en étonne… A ce moment-là, Havel n’est rien moins que le premier Président de la toute nouvelle République tchèque, suite à la Révolution de Velours dont il fut l’un des acteurs majeurs !

Interprète à une lecture de son roman, j’hésite sur un mot, sa traductrice, depuis la salle, m’en impose un que je ne trouve pas bon. Elle insiste, je refuse. Alors Esterházy me prend par les épaules, me dit « Attends, pas d’inquiétude, on recommence tout : Bonjour, je m’appelle Péter Esterházy… » Cette plaisanterie a fait passer la minute désagréable et nous avons repris. Plus tard, enregistrant pour Colette Fellous sur France Culture, nous nous demandons comment nous allons nous installer dans le petit salon où elle a apporté le Nagra. Il tapote la place à côté de lui sur le canapé et me dit « Toi tu viens ici bien sûr, près de moi ». Je pense qu’il était très conscient du rôle important que nous jouions, ses traductrices et moi, et ils ne nous considéraient pas du tout comme des accessoires. Cela me touchait et me faisait plaisir. Il était toujours disponible pour nous, je l’ai vu ensuite avec ses autres interprètes.

Fan de football, il a écrit d’ailleurs sur la fameuse équipe des années 50, il avait volontiers participé à un match entre écrivains hongrois et écrivains russes à Die, lors du Salon du livre d’Europe centrale (non, vous ne verrez pas les photos… Bon peut-être si je les retrouve, c’était il y a plus de vingt ans). Les Hongrois s’étaient bien évidemment réjouis d’avoir mis la claque aux Russes qui, bons perdants, ont ensuite trinqué à la Clairette…

Grâce à son érudition très vaste, Péter Esterházy pouvait parler de tout, alors être à ses côtés sur l’estrade était un exercice extrêmement difficile. Heureusement qu’il répondait parfois à une question par une pirouette amusante ! La fois où Eric Naulleau lui a parlé de son style postmoderne, il a répondu : « On est postmoderne comme on est juif. Je suis postmoderne parce que ma mère l’était. » Nul antisémitisme ici, plutôt une façon de dire que certains auteurs se piquent d’être postmodernes, lui écrit et c’est tout. Il est vrai que son oeuvre se compose de collages et que, ne citant personne, il nous laisse le soin de reconnaître des morceaux de phrases empruntées à d’autres, un peu comme un musicien qui mettrait des samples d’autres musiques dans un morceau. Ce style inimitable, parfois ardu, je vous laisse le découvrir.

Aujourd’hui je suis triste de savoir qu’un tel écrivain à la personnalité si chaleureuse nous a quittés, et heureuse de voir sur les rayonnages de ma bibliothèque ses romans que je n’ai pas encore lus (je rappelle qu’il n’y a pas de librairie hongroise à Paris).

Un autre grand écrivain, Péter Nádas, me disait qu’il recevait parfois son courrier et inversement, et chacun répondait quand même à l’expéditeur. Et dans les librairies du monde entier, chacun veillait à ce que les livres de l’autre soient bien en vue sur les étals. Nádas va-t-il repenser à cela lors d’une prochaine tournée en Europe ?

Category: Littérature
Tags: hommage, littérature, Péter Esterhazy, postmoderne, traduction
23 mai 2016 22 h 13 min
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Traduire, trahir ? Questions sur la traduction

Traduire, c’est trahir quoi ?

S’il ne s’agissait que de recopier un texte d’une langue dans une autre, tout le monde serait traducteur. La langue est le support d’une culture dont la littérature est un élément important, une expression vivante et dynamique. Retranscrire cette expression littéraire dans une autre culture, avec un autre système de références, mais sans dénaturer l’original, voilà le défi du traducteur. Tout d’abord, il y a les sourciers, qui privilégient la langue source et veulent garder son caractère au maximum. Mais attention, c’est dangereux, car cela peut donner des phrases comme « Bonjour ! ouvrit-il la porte. » Et oui, cela fonctionne en hongrois, mais vous le voyez bien, pas en français ! Ensuite il y a les ciblistes, davantage attentifs à la langue d’arrivée du texte. Passe-t-on d’un extrême à l’autre ? Pas totalement, car loin de trahir, les ciblistes essaient de rendre au maximum l’atmosphère d’un roman, la démonstration d’un essai, en usant d’autres outils que l’auteur. Etre fidèle à un cheminement de pensée, un style, une atmosphère, mais avec un autre vocabulaire et une grammaire différente, voilà le travail à accomplir.

Que peut-on traduire ?

Le style tout d’abord. Les longues descriptions lyriques de Cormac McCarthy soudain coupées d’une phrase lapidaire, c’est possible. Les métaphores filées de Miklós Szentkuthy qui durent une page et demie puis reprennent le récit là où il s’était interrompu, les images de sa fantaisie, par exemple dans Escorial Lucrèce Borgia qui discute sur un balcon avec un homme la nuit, le croissant de lune comme une dague enfoncée dans son chignon : tout le monde comprend qu’avec la perspective, le croissant en forme de dague incurvée a l’air enfoncé dans la coiffure de Lucrèce, et c’est aussi une allusion à sa témérité et à sa dépravation, les Borgia ne reculant pas devant le meurtre pour réaliser leurs projets. Les références culturelles universelles se traduisent également, citations bibliques, shakespeariennes, extraits de la littérature mondiale dont il faut aller vérifier en bibliothèque la traduction exacte car un confrère a traduit déjà.

Que peut-on adapter ?

Les locutions figées : « Boire comme un trou » qui se dit « boire comme le pélican » en hongrois par exemple ; les résultatives anglaises comme « she cried herself to sleep » que l’on traduira par « Elle pleura jusqu’à s’endormir » (ma proposition, il y en a d’autres bien sûr) ; les phrases nominales dans les langues non indo-européennes comme le japonais, le hongrois ou l’arabe. Une périphrase est parfois nécessaire en français là où seuls trois mots décrivent une situation ou une émotion dans une autre langue, il ne faut jamais hésiter à développer !

Qu’est-ce qui est intraduisible ?

Les jeux de mots bien sûr, à moins d’en faire un dans la même phrase sur un autre mot ou, comme je l’ai fait une fois, dans la phrase d’après où c’était possible, histoire qu’il y en ait un dans le passage. Les termes qui se réfèrent à des objets ou des coutumes qui n’existent que dans le pays où est parlée la langue. Dans ce cas, deux solutions : soit traduire par un terme qui décrit une réalité ou un objet à peu près équivalent, soit laisser le mot dans la langue d’origine, avec une explication dans le texte ou en note. Parfois, le contexte aide à comprendre, les notes alourdissent le texte.

Mais dans aucun cas on ne peut dire que le traducteur est un traître, s’il traduit, c’est parce qu’il a aimé le texte, ou qu’il aime la littérature dans cette langue et qu’il veut partager son émerveillement avec tous ! Traduire n’est pas seulement lire un texte, mais pénétrer la pensée et l’imagination de son auteur pour utiliser les meilleurs outils afin de les offrir aux lecteurs qui ne parlent pas sa langue. Le traducteur est un passeur, il permet de traverser d’une rive linguistique à une autre.

Poursuivre le débat et en savoir plus :

Le Printemps de la traduction propose une soirée avec Tiphaine Samoyault à la Maison de la Poésie à Paris le mercredi 25 mai, renseignements en cliquant ici et, pour avoir tout le programme de la manifestation qui a lieu du 25 au 29 mai, consultez le le site d’Atlas, l’association pour la promotion de la Traduction littéraire.

Des questions ? Je suis disponible pour y répondre et, si vous tapez mon nom dans la barre de recherche Google, vous serez redirigé vers les sites qui parlent des livres que j’ai traduits…

Category: Littérature
Tags: auteurs, langue, littérature, style, texte, traducteur, traduire
5 mai 2016 21 h 44 min
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Un jour à Fontainebleau… en lecture !

Coffret "Un jour à Fontainebleau"

 

Après Versailles en 2013 et Vaux Le Vicomte en 2015, les Editions Flammarion publient ce superbe livre dans un coffret aussi élégant que le château. Je vous avais parlé de ma visite ici il y a un moment, cette fois je vous y invite en feuilletant cet ouvrage à la fois érudit – textes de l’historien Guillaume Picon – et artistique – photos d’Eric Sanders.

Nous apprenons quels rois ont habité le château et nous voyons dans quels styles ils l’ont fait décorer. Voici le sommaire :

 

 

"Un jour à Fontainebleau" sommaire

 

Les Henri, les Louis, Marie-Antoinette, Napoléon 1er et Napoléon III avec l’Impératrice Eugénie, tout le monde y est !

Eric Sanders a pu placer son objectif là où nous ne pourrions jamais installer le nôtre évidemment, sans touristes pour lui cacher la perspective des pièces magnifiques. Un exemple, avec ce somptueux salon aux boiseries peintes, exemple de ce que l’artisanat d’art français peut faire de mieux (et je me réjouis que mes impôts servent à restaurer et entretenir de telles beautés :

 

 

Salon à Fontainebleau

 

 

Enfin, collaboration entre les deux auteurs, le texte à gauche, l’illustration à droite : installation de Napoléon à Fontainebleau, aménagement d’une salle du trône :

 

 

Napoléon à FontainebleauTrône de Napoléon à Fontainebleau

 

 

 

 

 

 

 

 

Un beau livre à s’offrir si on aime le patrimoine culturel et historique français, ou à offrir à un amateur de beauté…

Category: Littérature
Tags: artisanat, décoration, Fontainebleau, histoire, photos
31 mars 2016 22 h 36 min
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Jim Harrison : la voix d’un immense conteur s’est tue

Et ce blog porte le deuil…

Il y a eu d’autres hommages ici : Pete Seeger et David Bowie par exemple, mais voilà 5 jours que Jim Harrison s’est éteint et je suis restée muette… Désormais quand nous parlerons du dernier roman de Jim Harrison, ce sera vraiment le dernier que nous évoquerons, car il n’y en aura plus d’autre ! Et comme je suis heureuse de ne pas les avoir tous lus, car Jim me tiendra encore compagnie quelques temps !

C’est un jeune collègue qui me l’a fait découvrir, en français et en même temps que James Crumley, autre incroyable écrivain américain déjanté, drôle, brillant et atypique, comme seule l’Amérique sait les produire. Avec James Welch, c’est mon trio gagnant d’une écriture originale, marginale, rurale, à la fois désespérée et comique qui met en scène des personnages hors norme mais dans lesquels on peut tous se reconnaître. Paumés dans les montagnes du Montana, pêchant dans les rivières du Michigan en buvant des bières, dégustant avec des potes une viande sauvage cuite au barbecue, pris dans la neige, les questionnements sur les origines, le sens de la vie, obsédés sexuels, alcooliques, gourmets, aventuriers, romantiques et idéalistes, risquant tout car n’ayant rien à perdre, se laissant manipuler par des femmes perverses ou aussi perdues qu’eux, les personnages des romans et nouvelles de Harrison nous emportent dans les vastes étendues de cette nature omniprésente en Amérique du Nord. Ils se révèlent à eux-mêmes ou restent pétrifiés dans leurs certitudes et leurs habitudes, mais où qu’ils aillent, nous les suivons dans leur détermination : quête amoureuse dans Un bon jour pour mourir, quête du sens de la vie dans Nord-Michigan où le héros doit choisir entre garder la terre de ses ancêtres ou partir et entre deux femmes, quête familiale dans Dalva, l’un de ses romans les plus célèbres où une femme part à la recherche de son fils mais se pose des questions sur son grand-père qui a tant influencé sa vie, et dont Harrison a écrit une suite 6 ans plus tard : La Route du retour et bien sûr, la novella que tous les cinéphiles connaissent : Légendes d’automne avec un Brad Pitt tout jeune dont le talent se révélait, ou bien encore Revenge que Hollywood a transformé en bluette romantique mais que je vous engage à lire, c’est autrement plus puissant. Chaque roman ou nouvelle est en effet écrit dans un style ciselé magnifique (je les lis en anglais et c’est un régal d’érudition) mais avec une certaine distanciation. Poète, Jim Harrison manie la langue comme peu le font, et j’en profite pour rendre ici hommage à son traducteur, Brice Matthieussent, un homme délicieux, modeste comme tous ceux qui ont un vrai talent. Traducteur de Kerouac et Snyder, il a traduit Tom McGuane, ami de Kerouac et immense auteur américain également, puis son ami Harrison « tout naturellement », dit-il.

Jim Harrison décrit des gens simples qui se posent des grandes questions, une ruralité qui oppose les tenants d’une tradition stricte et étouffante à d’autres qui veulent vivre autrement mais ne peuvent se défaire facilement de leurs chaînes. La mort est omniprésente comme un rappel que la vie est précieuse, la nature joue un rôle comme n’importe quel autre personnage car c’est elle qui nous façonne, et tout cela nous ramène aux fondamentaux : s’entraider et non pas se haïr, préserver notre environnement et non pas le détruire, y prendre notre place sans chercher à nous hisser au-dessus des autres êtres vivants mais dans un respect total.

Je vous montre ma collection, j’espère que vous aurez envie de découvrir cet auteur à votre tour, et de vous créer votre propre collection :

Jim Harrison

 

 

 

 

 

 

Un extrait, en anglais tant pis, de True North, traduit sous le titre De Marquette à Vera Cruz :

I slipped out very early for a walk with No. The wind had subsided clocking around to the east and though the air was coolish there were still rumpled whitecaps on Lake Superior. The sky looked washed, glistening blue, and the sunrise made my tired heart ache. No led the way downhill on a path through alders  and dogwood to the beach, a path he evidently knew.

Tout est là : le jour se lève, le narrateur est mélancolique, son chien l’emmène vers la plage, dans une promenade qu’il connaît et qui remettra du baume au coeur de son maître. Prose poétique entre deux passages plus crus, mais toujours décrits dans ce style fluide et mélodieux qui nous berce. Le conteur est à l’oeuvre, nous sommes subjugués.

Jim Harrison est mort samedi dernier d’une crise cardiaque, à 78 ans, en écrivant un poème. Désormais, il doit boire les vins français qu’il aimait déguster, avec ses potes là-haut, James Crumley notamment… Santé, les gars !

Category: Littérature
Tags: écrivain, Jim Harrison, Michigan, Montana
28 mars 2016 22 h 35 min
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Tchouang tseu, Les tablettes intérieures

Un concentré de sagesse toujours d’actualité

Après en avoir lu des extraits traduits et brillamment commentés par l’éminent sinologue suisse et professeur émérite Jean-François Billeter, dont j’ai parlé dans ce blog, je me suis lancée sans filet dans les textes de Tchouang tseu eux-mêmes, traduits cette fois par Jean-François Rollin. Dans une préface très érudite, le traducteur nous parle à la fois du contexte dans lequel ont été écrits ces textes, de leur auteur, et des spécificités de la langue chinoise avec les difficultés de traduction y afférent. Un appareillage de notes, intelligemment situé en fin de volume et sans renvoi dans le texte, complète le volume. « La présente traduction a été menée dans un esprit qui tend à réviser les idées reçues sur ce qu’on appelle en Occident le Taoïsme. Plutôt que l’exégèse et la paraphrase le traducteur s’est attaché à interroger le texte lui-même.« , dit la 4ème de couverture. Prenant sa suite, nous interrogeons le texte, le méditant plutôt que le lisant simplement, marchant aux côtés du Maître sur le sentier de la Connaissance, avançant pas à pas dans une compréhension qui dépasse l’intellect. Dialogues entre maître et disciple rappellent Socrate et les philosophes grecs, puis soudain nous comprenons que ce qui nous est expliqué se situe ailleurs que dans la sphère de la pensée. Vient ensuite une petite histoire qui se termine par une question, la réalité plonge dans le Vide situé au-delà d’elle, le phénomène débouche sur une autre Réalité que la raison ne peut appréhender. On aurait envie de comparer cela aux paraboles des Evangiles, mais ce n’en sont pas, car leur enseignement n’est pas moral ou religieux. Notre esprit cartésien doit alors se débarrasser de ses modes de fonctionnement habituels, de ses repères, ou bien rester dans ses ornières et ne lire que de gentilles histoires exotiques où princes et cuisiniers discutent du vent dans les branches…

Extrait : Conseil à un jeune homme qui veut rendre visite à un prince égaré :

– Je me permets de vous demander en quoi consiste la purification du coeur, dit Yan Hui.
– Tu seras tout entier dans ce vers quoi tu tendras. Tu n’écouteras plus avec les oreilles, mais avec le coeur ; ensuite tu n’écouteras plus avec le coeur, mais avec le souffle. Car les oreilles sont arrêtées par ce qu’elles entendent comme le coeur l’est par les images qui se déposent en lui. Le souffle, c’est le vide capable de contenir les êtres et les choses. Seule la Voie réunit au vide. Le vide est le purificateur du coeur.

Tchouang tseu les tablettes intérieures

 

 

 

 

 

 

 

 

Le livre est paru en 1988 aux éditions Séguier (oui, je l’ai trouvé en occasion chez Gibert) mais se trouve sur les sites de vente en ligne.

Category: Littérature
Tags: exégèse, taoïsme, Tchouang tseu, traduction
6 mars 2016 23 h 05 min
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Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie

Delphine de Vigan, d'après une histoire vraie

Le roman récent d’un auteur français mondialement connu… qui me tombe des mains !

 

 

 

 

 

Pourquoi ne devrait-il être question ici que de mes auteurs cultes ou des ouvrages que j’ai adorés ? Suis-je hypocrite ou lèche-bottes ? Non ! Alors mon blog devrait-il l’être ? Non plus !

C’est mon premier Delphine de Vigan, dont les romans figurent toujours en bonne place dans les librairies. Même celui-ci, je suis sûre que vous l’avez vu partout, ou abondamment lu dans les transports depuis sa parution. Je profite de ce que Maman, qui connaît déjà l’auteur, inscrive ce roman sur sa liste de Noël, pour y jeter un oeil.

D’abord le titre : il y a une histoire vraie, ce serait donc autobiographique… Mais attention, ça commence par d’après ! Ce serait donc plutôt de l’autofiction, ce genre mis à la mode par Christine Angot (que je n’ai pas lue) ou Catherine Millet (pareil). En somme, il s’agirait de raconter une histoire vraie en brodant dessus, privilège de l’écrivain. Mouais, admettons…

Dès le début, nous savons que Delphine a failli ne plus jamais écrire et qu’après coup, elle s’est rendu compte que c’était à cause de l’influence d’une femme, L. Voici le pitch, comme on dit maintenant : Delphine, donc, a écrit un roman qui a fait des remous dans la « vraie » vie autour d’elle, dans sa famille notamment. Il a aussi eu un écho très fort chez ses lecteurs qui se confient à elle. C’est incroyable, émouvant, mais aussi épuisant au fil des dédicaces. C’est alors que Delphine rencontre L. à qui elle va petit à petit se confier comme à une interlocutrice très compréhensive et exclusive aussi. L. ? Mais oui, comme l’histoire se fonde sur des faits réels (c’est moi qui souligne), on ne peut citer le prénom de cette femme sans risquer de lui nuire ! Elle sera donc désignée par son initiale – la vraie ou une inventée ? On ne sait pas et, j’allais dire, on s’en fout. Car à ce stade de l’histoire, on a compris que cette fameuse L. a pourri la vie de cette pauvre Delphine en l’empêchant d’écrire son roman suivant, par une sorte de castration de la création. Or, ce choix d’initiale crée un ridicule, sans doute involontaire, dans des passages tel que celui-ci : L. s’est arrêtée en bas de chez moi. Elle m’a souri et remerciée. Sans doute simplement par cette phrase « merci d’être venue avec moi », mais prononcée comme si je venais de l’accompagner pour un examen douloureux à l’hôpital ou l’annonce d’une grave maladie.
J’ai ressenti une sorte d’élan vers elle, l’envie de la prendre dans mes bras.
En vertu d’une intuition étrange, je me rappelle m’être dit que L. n’avait pas toujours été la femme ravissante et sophistiquée que j’avais devant moi. Quelque chose en elle, quelque chose d’enfoui, à peine perceptible, indiquait que L. revenait de loin, d’un territoire obscur et fangeux, et qu’elle avait fait l’objet d’une phénoménale métamorphose. 

Vous voyez ce que je veux dire ? L. et elle… elle et L. c’est un peu too much dans le style, pour moi en tout cas. Et, le roman étant centré sur cette pauvre Delphine qui perd ses moyens d’écrivain, L. reste une énigme. Donc on se moque éperdument de l’ascendant qu’elle prend sur la narratrice, puisqu’on ne la connaît pas mieux à la moitié du roman qu’au début. Parti pris de l’auteur : « Je raconte l’histoire à la première personne, donc ce que je ne sais pas ou ne comprends pas, mon lecteur ne doit ni le savoir, ni le comprendre avant moi. » Oui mais du coup, ce récit plat et factuel, où les sentiments, les impressions et les faits sont décrits de la même façon, ne parvient pas à retenir notre attention. En tout cas la mienne. Il ne s’agit pas non plus d’un processus de narration où, pour maintenir le suspense, on nous révèle le caractère d’un personnage petit à petit. Il n’y a aucun suspense ici. Et même les discussions entre Delphine et L. sur l’utilité du roman à notre époque, avec forces citations de Barthes, ne parviennent pas à éveiller notre intérêt. Tout cela, on l’a lu ailleurs, merci beaucoup.

On a envie de dire : « Alors Delphine, tu as rencontré quelqu’un de toxique qui t’a coupée de ta créativité d’écrivain, tu t’en es sortie et tu en as fait un roman, ben alors bravo, c’est cool ! Il te fallait 479 pages pour nous raconter ça ? Moi j’en suis à 193, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de continuer à m’ennuyer… » C’est dur ? Pas sympa ? Peut-être… Disons que c’est mon opinion et que je l’exprime en toute liberté. Cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de cet auteur, juste pour voir, je ne suis pas bornée non plus…

Category: Littérature
Tags: autofiction, Delphine de Vigan, histoire vraie, roman
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