Delphine de Vigan, d'après une histoire vraie

Le roman récent d’un auteur français mondialement connu… qui me tombe des mains !

 

 

 

 

 

Pourquoi ne devrait-il être question ici que de mes auteurs cultes ou des ouvrages que j’ai adorés ? Suis-je hypocrite ou lèche-bottes ? Non ! Alors mon blog devrait-il l’être ? Non plus !

C’est mon premier Delphine de Vigan, dont les romans figurent toujours en bonne place dans les librairies. Même celui-ci, je suis sûre que vous l’avez vu partout, ou abondamment lu dans les transports depuis sa parution. Je profite de ce que Maman, qui connaît déjà l’auteur, inscrive ce roman sur sa liste de Noël, pour y jeter un oeil.

D’abord le titre : il y a une histoire vraie, ce serait donc autobiographique… Mais attention, ça commence par d’après ! Ce serait donc plutôt de l’autofiction, ce genre mis à la mode par Christine Angot (que je n’ai pas lue) ou Catherine Millet (pareil). En somme, il s’agirait de raconter une histoire vraie en brodant dessus, privilège de l’écrivain. Mouais, admettons…

Dès le début, nous savons que Delphine a failli ne plus jamais écrire et qu’après coup, elle s’est rendu compte que c’était à cause de l’influence d’une femme, L. Voici le pitch, comme on dit maintenant : Delphine, donc, a écrit un roman qui a fait des remous dans la « vraie » vie autour d’elle, dans sa famille notamment. Il a aussi eu un écho très fort chez ses lecteurs qui se confient à elle. C’est incroyable, émouvant, mais aussi épuisant au fil des dédicaces. C’est alors que Delphine rencontre L. à qui elle va petit à petit se confier comme à une interlocutrice très compréhensive et exclusive aussi. L. ? Mais oui, comme l’histoire se fonde sur des faits réels (c’est moi qui souligne), on ne peut citer le prénom de cette femme sans risquer de lui nuire ! Elle sera donc désignée par son initiale – la vraie ou une inventée ? On ne sait pas et, j’allais dire, on s’en fout. Car à ce stade de l’histoire, on a compris que cette fameuse L. a pourri la vie de cette pauvre Delphine en l’empêchant d’écrire son roman suivant, par une sorte de castration de la création. Or, ce choix d’initiale crée un ridicule, sans doute involontaire, dans des passages tel que celui-ci : L. s’est arrêtée en bas de chez moi. Elle m’a souri et remerciée. Sans doute simplement par cette phrase « merci d’être venue avec moi », mais prononcée comme si je venais de l’accompagner pour un examen douloureux à l’hôpital ou l’annonce d’une grave maladie.
J’ai ressenti une sorte d’élan vers elle, l’envie de la prendre dans mes bras.
En vertu d’une intuition étrange, je me rappelle m’être dit que L. n’avait pas toujours été la femme ravissante et sophistiquée que j’avais devant moi. Quelque chose en elle, quelque chose d’enfoui, à peine perceptible, indiquait que L. revenait de loin, d’un territoire obscur et fangeux, et qu’elle avait fait l’objet d’une phénoménale métamorphose. 

Vous voyez ce que je veux dire ? L. et elle… elle et L. c’est un peu too much dans le style, pour moi en tout cas. Et, le roman étant centré sur cette pauvre Delphine qui perd ses moyens d’écrivain, L. reste une énigme. Donc on se moque éperdument de l’ascendant qu’elle prend sur la narratrice, puisqu’on ne la connaît pas mieux à la moitié du roman qu’au début. Parti pris de l’auteur : « Je raconte l’histoire à la première personne, donc ce que je ne sais pas ou ne comprends pas, mon lecteur ne doit ni le savoir, ni le comprendre avant moi. » Oui mais du coup, ce récit plat et factuel, où les sentiments, les impressions et les faits sont décrits de la même façon, ne parvient pas à retenir notre attention. En tout cas la mienne. Il ne s’agit pas non plus d’un processus de narration où, pour maintenir le suspense, on nous révèle le caractère d’un personnage petit à petit. Il n’y a aucun suspense ici. Et même les discussions entre Delphine et L. sur l’utilité du roman à notre époque, avec forces citations de Barthes, ne parviennent pas à éveiller notre intérêt. Tout cela, on l’a lu ailleurs, merci beaucoup.

On a envie de dire : « Alors Delphine, tu as rencontré quelqu’un de toxique qui t’a coupée de ta créativité d’écrivain, tu t’en es sortie et tu en as fait un roman, ben alors bravo, c’est cool ! Il te fallait 479 pages pour nous raconter ça ? Moi j’en suis à 193, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de continuer à m’ennuyer… » C’est dur ? Pas sympa ? Peut-être… Disons que c’est mon opinion et que je l’exprime en toute liberté. Cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de cet auteur, juste pour voir, je ne suis pas bornée non plus…