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Hongrie

25 juin 2017 22 h 05 min
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Objet de l’exil en héritage : une médaille de la Vierge

Mon grand-père avait neuf frères et soeurs qui à leur tour ont eu un, deux ou pas d’enfants du tout. Parmi ces enfants, il y avait Livia, dite Lili et Paola, filles d’Arthur et donc cousines de Maman du côté paternel. Leur mère est morte de tuberculose et leur père, qui avait repris l’entreprise familiale de tapisserie, a épousé Róza en secondes noces, dont il a eu deux enfants. Mais lorsqu’il est mort en 1922, de tuberculose également, sa seconde épouse n’a pas voulu prendre avec elle les enfants du premier mariage de son mari. Suite à l’effondrement de l’empire austro-hongrois après le traité du 4 juin 1920 à Trianon qui a diminué la Hongrie des deux tiers, la situation était telle qu’aucun des neuf frères et soeurs n’a pu recueillir les deux petites filles. Un organisme chrétien de charité les a prises en charge et elles se sont retrouvées hébergées par deux familles hollandaises à Amsterdam. Lorsque Lili est partie, ma grand-mère, qui était sa tante par alliance, lui a dit : « Lili, si tu m’écris, je te répondrai toujours ! » Cette correspondance a duré jusqu’à la mort de ma grand-mère, en 1981. Lili a épousé un Hollandais et a fait sa vie à Amsterdam.

Quoi de plus naturel pour Maman, nommée à Paris à la légation de Hongrie, que d’aller passer quelques jours à Amsterdam chez sa cousine ? Puis, après l’émigration de mes grands-parents, Lili a accueilli ma grand-mère très régulièrement, puis nous aussi. A ma naissance, elle est devenue ma marraine, et ainsi un lien spirituel nous a unies jusqu’à sa mort. J’adorais l’écouter parler de la famille, au sein de laquelle nous nous étions retrouvées dans les années soixante-dix à Budapest, entre cousins de différentes générations !

Lili m’a beaucoup gâtée, car le destin a voulu qu’elle n’ait pas d’enfants. L’un de ses cadeaux les plus précieux est une médaille de la Vierge en émail qu’elle avait eue de sa grand-mère paternelle, mon arrière-grand-mère donc. Une médaille qui a traversé la première guerre mondiale, l’exil, la deuxième guerre mondiale (Lili et son mari avaient un grand magasin à Batavia, aux Indes néerlandaises, l’actuelle Jakarta) et le retour au pays d’adoption. Au verso de cette médaille figure une prière à la Vierge, mère de Dieu,  pour nous. Elle a sûrement protégé Lili :

Médaille de la Vierge rectomédaille de la Vierge verso

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon arrière-grand-mère, Waller Karolina, est née le 13 juillet 1866. Elle a été baptisée le 15 (à l’époque, on baptisait vite après la naissance, des fois que l’enfant ne survive pas). Etait-ce là sa médaille de baptême ou l’a-t-elle eue plus tard ? L’histoire ne le dit pas mais moi qui la porte plus de 150 ans après sa naissance, j’ai envie de croire que Karolina me protège à travers elle…

Category: Hongrie
Tags: Amsterdam, cousine, exil, marraine, médaille, Vierge
27 mars 2017 23 h 16 min
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Et me voici réunie ! Oui j’ai enfin osé !

Mais quoi donc ? Une opération chirurgicale ? Un saut à l’élastique ? Rien de tout cela, et mieux : ça y est, j’ai la double nationalité !

Quelle histoire à suspense ! Mais un bref récapitulatif d’abord : mes parents démissionnent du Consulat et restent à Paris quand le Ministère des affaires étrangères les rappelle en Hongrie en 1949. Ils sont déchus de leur nationalité hongroise… selon un journal de la dissidence. En effet, nous qui avons des documents sur tout, nous n’avons pas celui-là… Bizarre… Bref, nous devenons français en 1961, avec carte d’identité, passeport, plus d’accent sur le 2ème a de notre nom, mais bon, voilà…

Changement de régime en 1989, les soldats soviétiques quittent la Hongrie l’année suivante (je rappelle qu’ils sont arrivés en 1944) et petit à petit, on s’intéresse à tous ces émigrés, exilés à l’Ouest que le gouvernement appelle à investir dans le pays natal pour faire redémarrer l’économie sinistrée suite à l’effondrement du système dirigé depuis Moscou. Et si vous commenciez par nous rendre notre maison ? demande Maman. Euh… ben non, les locataires la rachètent à l’Etat sans prévenir. Mais moi, j’aurais bien aimé acquérir la nationalité hongroise vers cette époque. Ne mélangeons pas tout ! dit Maman. Ah bon ? Alors je vais attendre… En 1993, réhabilitation des personnels des ambassades ayant travaillé « à cette période difficile » et re-naturalisation de mes parents. Mais la maison de mes grands-parents n’est toujours pas redevenue à nous, alors maintenant, ça va bien, j’ai attendu donc… je me lance ! Et au culot !

Décembre 2015 : appel au Consulat, je demande un passeport hongrois. Les documents à remplir me sont envoyés par mail. Nom de jeune fille de la mère, nom du père, des grands-parents, leurs dates et lieux de naissance, extrait d’acte de naissance (c’est numérisé, tu demandes en ligne, trop bien !)… Un rendez-vous est fixé au 15 janvier 2016 au Consulat. J’ai la trouille, ma cousine me rassure en me disant que dans les administrations hongroises, c’est la règle d’être désagréable, je ne dois pas me laisser impressionner ! J’y vais avec tous les papiers, la lettre officielle de re-naturalisation de Papa et Maman et tout le toutim. Empreintes digitales, photo spéciale passeport, tout y passe… jusqu’à ce que l’employée consulaire appelle à Budapest et s’avise qu’il n’est pas sûr du tout que je sois de nationalité hongroise ! Mais mes parents le sont ?! (je fais un peu l’innocente). Nouveau tas de papiers à remplir, je demande donc officiellement la nationalité hongroise avec la justification suivante : mes parents ont été hongrois. Mais, me dit cette dame très professionnelle et pas très aimable, si ma naissance n’a pas été enregistrée à l’état civil hongrois, je n’existe pas ! Il faudra alors que je fasse une demande de naturalisation comme n’importe qui d’autre. Au passage, je raconte un peu l’histoire familiale, ce qui n’est pas très courant, je le vois bien : mon cas surprend. Ah et puis, je n’aurai pas une réponse rapide ! Bon, il ne me reste plus qu’à espérer…

Juin 2016 : Appel de la dame qui s’occupe du dossier : ma demande a été rejetée, nouveau rendez-vous est pris pour remplir d’autres documents et écrire au Président de la République pour demander ma naturalisation comme n’importe qui n’ayant pas de liens avec la Hongrie. Je me sens humiliée, rejetée par le pays de mes origines qui n’en a rien à faire de mon désir de concrétiser mon ressenti patriotique !

Juillet 2016 : Acte de mariage plurilingue de mes parents, les mêmes documents une nouvelle fois, et une page à remplir avec une biographie où je dois expliquer mes liens avec la Hongrie et donner les noms et adresses des personnes que j’y connais. Je parle de ma famille, de mes amis, des auteurs que j’ai traduits, de ceux dont j’ai été l’interprète… Les visites, les fêtes de famille, les mails quotidiens à ma cousine… Tout cela en hongrois bien sûr et j’ai envie de te jeter tout ça à la figure, mon deuxième pays qui me rejette ! Ah et puis, ça prend entre 9 mois et un an, je ne dois pas m’attendre à une réponse cette année. Ben alors merci ???!!!

27 décembre 2016 : Mail de la Consule elle-même : le Président de la République donne une réponse positive à ma demande ! Je suis invitée à prêter serment à la Hongrie (oui, à la nation, pas à son gouvernement) le 31 janvier 2017 à 11h30 à l’Ambassade et ma nationalité deviendra effective ! Je transfère ce mail à ma cousine qui m’a encouragée tout du long, les larmes aux yeux.

31 janvier 2017 : Nous sommes une dizaine, Maman m’accompagne et se remémore plein de souvenirs. Il se trouve que l’ambassadeur actuel est le petit-neveu de celui pour qui elle a travaillé en 1948-49 ! Dans son discours, il dit fort joliment que les pays ont des frontières, mais pas les peuples, aussi il nous accueille solennellement parmi le peuple hongrois. Après l’hymne national, prière à Dieu de protéger les Hongrois, nous jurons que nous reconnaissons la Hongrie comme notre patrie et que nous allons la servir au mieux de nos capacités. On boit un verre et l’employée consulaire qui a suivi mon dossier me dit que j’aurai bientôt mon passeport, qui sera ma pièce d’identité officielle et sur laquelle figure mon nom avec son accent á sur la 2ème syllabe. J’ai gardé Dominique car en hongrois Dominik est uniquement un prénom masculin, mais mon 2ème prénom s’écrira Viktória et non pas Victoria comme sur mon passeport français. Waouh !

Honositasi okirat

 

 

 

 

 

 

 

 

28 février 2017 : Mon passeport est arrivé ! Je peux venir le chercher quand je veux ! J’y vais dès le lendemain et, quand la dame au guichet me demande mon nom, je peux enfin fièrement le prononcer à la hongroise ! Je vais l’emporter à Budapest et fêter cela en famille une semaine plus tard. Enfin, moi aussi je peux dire : « Je rentre chez moi à telle date » et cela ne sonnera plus bizarre comme quand j’imitais ma famille ou mes amis nés en Hongrie. Moi aussi maintenant je peux dire « Chez nous en Hongrie… » ou « Nous les Hongrois… » et ça ne sonne pas faux !

Utlevelem

Voilà pourquoi je me sens réunie, non pas que j’étais coupée en deux parties égales, mais comme dans le symbole du Tao, où il y a du Yin dans le Yang et inversement, il y a de la Hongrie dans mon moi pas entièrement français et de la France dans mon moi pas entièrement hongrois. Aucun des deux ne prend l’ascendant sur l’autre et ensemble, ils composent mon moi, ma personnalité intègre. Et dans ce monde que l’on juge de plus en plus clivé et replié sur des communautarismes, quel témoignage de multiculturalisme plus juste pouvons-nous apporter ? Chacune de nos traditions et de nos cultures enrichit l’autre et nous ouvre forcément à l’autre, d’où qu’il vienne. Allant et venant entre deux pays, nous les binationaux, nous pouvons tendre la main à ceux qui arrivent, à ceux nés ici mais dont les racines sont ailleurs. Nous ne pouvons croire qu’en la tolérance et au métissage sans pour cela céder à une mondialisation commerciale absurde qui cherche à uniformiser les modes de vie de tous les peuples. Nous incarnons une diversité dynamique dans le respect. Et comme le disait si bien Otto de Habsbourg : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. »

Category: Hongrie
Tags: ambassade, consulat, Hongrie, naturalisation, serment
27 avril 2016 21 h 56 min
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Trésor national hongrois : alcools blancs de fruits

Pálinka depuis le XVIIème siècle

A cette époque, on distillait des céréales, des pommes de terre, des pommes… Au fil des siècles, les paysans ont découvert les fermentations de fruits, avec une double distillation. Fruits cultivés, comme la pomme, la poire, la prune, l’abricot, la cerise ; puis fruits sauvages, pommes et poires sauvages, sureau, églantier, coings. Le marc de raisin a fini par s’appeler pálinka aussi et, avec l’Union européenne, l’appellation est désormais contrôlée : eau-de-vie entre 40 et 70°, uniquement avec des fruits ou des végétaux locaux et contenant plus de 37% d’alcool. Ce qui contient du miel ? Párlat (produit distillé), et c’est délicieux aussi.

En Hongrie, ça se boit à l’apéritif, un peu comme le whisky. Les paysans en buvaient un petit verre le matin, avant les durs travaux de la ferme, c’était censé leur donner de l’appétit pour un petit-déjeuner roboratif ultérieurement, composé de charcuteries.

De nos jours, on le trouve en petites bouteilles, comme ce large échantillon en bouteilles de 4cl, à 50°, proposé par ma cousine :

9 Bolyhos

J’ai goûté en trois jours : abricot, pomme, griotte, sureau et poire, mais aussi un mélange appelé « fruits variés ». Comme m’a dit l’un de mes amis : »Tu prends tout ce qui te reste comme fruits et tu mélanges. » Réaction de ma cousine : »C’est exactement ça ! »

J’aime particulièrement le sureau, avec les petites baies séchées dedans :

 

sureau

 

 

 

Dans la famille, à la campagne, on connaît un artisan qui fait ça sans étiquette commerciale, mais qu’est-ce que c’est bon ! Voici l’abricot :

 

 

 

barack

 

Lors d’une fête de famille chez nous, chacun apporte une bouteille de champagne ou de vin. En Hongrie, c’est pálinka ! Tout le monde connaît un collègue, un ami, un beau-frère, un cousin qui connaît un producteur artisanal. Pendant le régime communiste, boire ces alcools forts était considéré comme indigne, aussi on en fabriquait plutôt avec des fruits pourris, et la pálinka commerciale était de très mauvaise qualité (sans compter les bouchons mal vissés, ce qui m’a valu un parfum extra sur mes vêtements dans mon sac de voyage, de retour de Budapest dans les années 70). On se méfie donc encore de ce qui est vendu dans le commerce, pourtant de bien meilleure qualité qu’autrefois. Notamment la marque Bolyhos, que je recommande vivement (les fameuses à 50°). A l’aéroport, on trouve par exemple ce genre d’assortiment, idéal pour un cadeau vraiment typique :

 

Bolyhos

 

 

Et comme c’est dessiné dessus, on ne risque pas de ne pas savoir quel fruit on choisit !

 

 

 

 

Il ne me reste plus qu’à vous dire : santé !

Category: Hongrie
Tags: alcool, distillation, eau-de-vie, fruits, Hongrie
9 avril 2016 14 h 19 min
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Objet de l’exil : le violon de Papa

Le violon voyageur d’un musicien amateur

Dans les années 30, la musique faisait partie de l’éducation bourgeoise. Ainsi, à l’internat de Csongrád, dans le sud de la Hongrie, Papa jouait du violon. Il participait aux spectacles de fin d’année avec ses camarades et, m’a-t-il raconté, il allait en ville avec eux jouer la sérénade à chacune de leurs petites copines.

Papa a tout naturellement emporté son violon à Munich, lorsqu’il y a été nommé au Consulat de Hongrie en 1942. La caisse étant d’origine, je peux vous la montrer :

la caisse du violonla caisse du violon ouverte

 

 

 

 

Les archets aussi sont d’époque…
Après les bombardements qui ont détruit le Consulat, le personnel s’est replié dans une petite ville bavaroise, en chômage technique. Papa a ainsi pu passer des après-midis entières à jouer du violon dans sa chambre, la fenêtre grande ouverte sur un beau paysage alpestre.

Puis, après la guerre, c’est la nomination à la Légation de Hongrie, en 1947. Papa arrive à Paris, son violon dans ses bagages. Il ne se doute pas alors que son instrument ne reverra jamais la Hongrie et partagera son exil… Mais le plus curieux, c’est que pour le violon, il s’agit d’un :

Retour au bercail !

En effet, ce violon a été fabriqué par un luthier français, Pierre Hel, à Lille en 1926. Donc pour l’instrument, retour sur le territoire français qui l’a vu naître !

Certains dimanches après-midis, Papa le sortait et nous en jouait. Il suffisait de lui fredonner un air, même inconnu de lui, et il pouvait le jouer. J’étais très admirative car je n’ai pas du tout l’oreille musicale, à mon grand regret.

A la mort de Papa, j’ai voulu garder son violon et je l’ai apporté chez moi. Où il s’abîmait, faute d’être joué. Cela me faisait de la peine, mais que faire ? Je ne connaissais personne dans le milieu des luthiers.

Jusqu’au jour où j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai discuté musique classique. Et j’ai mentionné mon éducation musicale, mon amour de la musique transmis par mes parents et « d’ailleurs à ce propos, Papa jouait du violon et je l’ai gardé, mais il est très abîmé ». Réponse de mon interlocuteur : « Formidable ! Apporte-le moi, je suis aussi apprenti chez un luthier. » Quelle émotion ! Je l’ai carrément apporté chez son maître et à présent, il est restauré, tout beau :

le violon de Papale violon de Papa de dos

 

 

 

 

 

 

Il me reste à lui offrir un bel étui pour le protéger, à l’assurer et je pourrai le louer à un violoniste pour qu’il soit régulièrement joué. Les archets, quant à eux, sont chez un archetier, en restauration eux aussi. En attendant, j’ai découvert un bel atelier dont je parlerai dans un prochain article et, grâce à mon ami Rezart, nous allons organiser un concert. Je suis très heureuse et je suis sûre que quelque part, là-haut, Papa l’est aussi.

Category: Hongrie
Tags: concert, exil, musique classique, Papa, violon
10 mars 2016 23 h 21 min
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Préparatifs de départ… encore ?!

Mais pour où ? Budapest bien sûr !

La dernière fois, c’était Noël en famille. Alors cette fois, c’est quoi le prétexte ? Un concert de ouf ! Voilà longtemps qu’on en parle et cette fois, ça y est, c’est LA tournée des 40 ans de scène d’un groupe mythique : EDDA ! A mon retour, vous aurez tout le reportage bien sûr, avec un de leurs titres les plus connus (en Hongrie) dans My Playlist. C’est triste qu’un groupe de rock aussi bon ne soit pas davantage connu en Europe, voire dans le monde, et ne parlez pas de la barrière de la langue, les gens qui comprennent l’anglais chanté se comptent sur les doigts d’une main…

Voici ce que j’ai reçu il y a trois mois :

Edda billet du concertEdda concert des 40 ans

 

 

 

 

Après avoir sauté en l’air, je suis allée sur le site d’Air France et j’ai envoyé les possibilités de vols à ma petite cousine. Dès son accord, j’ai pris mes billets pour Budapest. Je vais arriver pile pour sa fête d’anniversaire ! Et celle de son fils et de son neveu ! Alors, je prépare ce départ comme d’habitude : parfums et crèmes de beauté pour les femmes, jouets pour les enfants, fromages français pour tout le monde, Maman m’aide et nous faisons nos emplettes en sachant que nous allons faire des heureux.

Ce n’est pas vraiment un voyage touristique, même si je prévois de visiter des lieux Art Nouveau où je ne suis pas encore allée et la ville de province où le concert a lieu ; ce n’est pas un retour au pays, puisque je n’y ai jamais vécu ; c’est une visite à la famille, une famille qui habite loin mais dans laquelle je suis de plus en plus intégrée car de plus en plus présente aux grandes fêtes : on va picoler, faire du karaoké en étant morts de rire, et se faire des gros câlins. Bien sûr, j’ai toujours un petit sentiment d’envie en pensant à mes collègues et à mes amis qui prennent un train ou leur voiture pour retrouver des cousins… Moi je dois me taper le taxi, les contrôles à l’aéroport, l’attente de l’embarquement… Mais au fond, en deux heures je suis là-bas, et pour l’instant, je suis tout à ma joie d’oublier le français sur mon territoire linguistique d’origine…

Je sais qu’une semaine c’est très court, je n’aurai pas le temps de voir mes amis, mais… j’y retournerai ! Encore et encore !

Category: Hongrie
Tags: Budapest, concert, famille, Hongrie
11 mai 2015 21 h 06 min
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Dis-moi ce que tu manges…

… Je te dirai d’où tu viens !

Les goûts de l’enfance ne sont-ils pas ceux qui nous restent toute notre vie ? hé oui, nos origines se nichent aussi dans notre estomac : « Les bons plats de Maman »… Pour moi, ce sont ceux de ma grand-mère avant tout : saucisse et boudins grillés que nous achetions crus chez M. Suba, le traiteur hongrois de la rue de Sévigné, dans le Marais, j’entrais et je disais bonjour en hongrois à 10 ans, ça le faisait craquer et j’avais droit à une tranche de salami hongrois (rien à voir avec l’italien) sur un morceau de pain, avec un morceau de cornichon aigre-doux… saucisson sec au paprika, légumes braisés avec un roût (farine roussie dans l’huile, nous ne faisions déjà plus la cuisine traditionnelle au saindoux) et de la crème, sauté de porc ou de veau au paprika à la crème…

Et les soupes ! En Hongrie, l’entrée du déjeuner est toujours une soupe, en hiver, goulasch (gulyásleves ou bableves), en été des soupes de fruits froides, pomme ou griottes à la crème fouettée… Illustration : goulasch à droite, soupe de haricots à gauche :

bablevesgulyasleves

 

 

 

 

 

Je ne voudrais pas me vanter, mais je cuisine une goulasch à tomber par terre…

En plat donc, un bon sauté de veau au paprika et à la crème ou ce que nous avons mangé hier avec Maman, une escalope viennoise qui, à la différence de l’escalope milanaise, se pane avec farine ET oeuf ET chapelure. On mange ça avec des pommes de terre aux oignons et une salade de concombre à la hongroise, c’est-à-dire baignant dans de l’eau vinaigrée sucrée avec des rondelles de poivron, assaisonnée au paprika. Délicieux ! A gauche, mon repas de dimanche, à droite le sauté de veau aux pâtes fraîches (c’est comme les spätzle alsaciens) :

bécsi szeletborjupörkölt

 

 

 

 

 

 

Et maintenant, un dessert ? Le millefeuille façon hongroise, à la crème avec de la crème, ou le strudel autrichien qui chez nous s’appelle « rétes » (prononcer rétèche) et se farcit aux pommes, aux griottes, au fromage blanc et raisins, fine pâte feuilletée aérienne et croquante… Hmmmm :

réteskrémes1-296x300

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut arroser tout cela de délicieux vins hongrois, rouges de Szekszárd, Merlot ou Pinot noir, blancs de la région de Tokay ou Badacsony près du lac Balaton, après avoir dégusté une eau-de-vie blanche en apéritif (prune, poire, abricot).

Non, ce n’est pas très diététique, mais un morceau de lard gras fumé ou un gâteau à la crème, c’est tellement bon ! Et ça me rappelle le bonheur de mon enfance, alors soyez indulgents face à ma gourmandise pour ces produits :-), même si j’adore la gastronomie française, classée au Patrimoine immatériel de l’UNESCO…

Category: Hongrie
Tags: crème, gâteaux, paprika, plats
30 avril 2015 21 h 50 min
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Eux et nous, nous et eux : la France et la Hongrie

Identité ou territoire ?

Née en France, française, j’ai toujours revendiqué mes origines hongroises, parfois comme une fierté, parfois pour me faire remarquer en paraissant originale. S’il y a beaucoup d’immigrés en France en effet, la communauté hongroise n’y est pas très visible ni connue et le pays, bien qu’entré dans l’Union Européenne le 1er mai 2004, est inconnu des Français. Il a donc toujours paru exotique de s’avouer des origines d’Europe de l’Est. Dans les années soixante, c’était même pire : on ne savait rien de ce qui se passait derrière le Rideau de Fer. Je nous faisais donc volontiers passer pour des martyrs pour me rendre intéressante à l’école en début d’année auprès des enseignants et de mes nouveaux camarades de classe, en majorité français. Mais alors venaient les questions : Pourquoi on est ici ? Ah bon, on ne peut pas retourner, pourquoi ? Que se passe-t-il actuellement là-bas ? Tu penses bien qu’à 10 ans, je n’avais pas les réponses à ces questions, alors j’improvisais à partir des bribes que j’avais entendues ou comprises et j’étais mal à l’aise de répondre un peu n’importe quoi… La Hongrie devenait un pays fantastique mais interdit et la France, un pays étranger !

Encore aujourd’hui, quand je parle un peu longtemps de la Hongrie avec des Français, je me surprends à employer le pronom « nous » et à parler comme si je menais une vie totalement différente de celle d' »eux », les Français, mes compatriotes tout de même. Et cela ne choque pas du tout mes interlocuteurs qui me considèrent comme une sorte de témoin privilégié originaire d’un univers étranger et lointain, voire mystérieux et fascinant. Il m’arrive même de critiquer un trait de caractère français comme si je ne parlais pas de gens que je côtoie au quotidien et à la société desquels j’appartiens aussi.

Le plus drôle, c’est que je fais exactement la même chose en Hongrie, quand on me demande comment « nous » vivons en France ! Et cette fois, ce sont les Hongrois les « eux » différents et étrangers. Depuis toute petite en Hongrie, j’ai fait l’intéressante de la même façon en montrant bien que je venais d’un ailleurs lointain, exotique, voire fascinant.

Alors, qui est ce « nous » tantôt français, tantôt hongrois ? C’est moi, bien sûr, intégrée aux deux sociétés et du coup, ayant la possibilité d’en parler en détails, avec leurs défauts et leurs qualités respectives, mais toujours avec de l’affection, consciente de la richesse qu’elles m’apportent. Eux et nous constituent ma personnalité dans un va et vient perpétuel dont je m’amuse aujourd’hui, mais voilà aussi pourquoi je me sens très européenne.

Category: Hongrie
Tags: étranger, eux, France, Hongrie, nous
28 février 2015 21 h 35 min
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Premier voyage « au pays »

1965, Simca 1000 blanche avec galerie sur le toit

C’est la grande aventure : 1500 kilomètres à parcourir, les marks et les schillings à prévoir, Papa calcule le kilométrage entre les différentes étapes, les pleins d’essence, la nuit à l’hôtel quelque part près de Munich en Allemagne, environ à mi-chemin, et les forints pour le séjour.

photo 1 (10)

 

Pas de carte bleue Visa à l’époque, chaque devise est mise dans une enveloppe séparée. Pour le trajet, oeufs durs, tomates, fruits et bouteilles d’eau. Arrêts fréquents obligatoires pour laisser le radiateur refroidir !

 

 

photo 2 (11)

 

 

 

 

 

 

Arrivée à la frontière hongroise, à Hegyeshalom

Des files de voitures dans la chaleur étouffante. Les jeunes officiers des douanes ne plaisantent pas, nos passeports (français) sont longuement contrôlés, le coffre de la voiture ouvert et les questions fusent. L’ambiance ici n’est pas chaleureuse. La barrière s’ouvre au compte-goutte, même dans ce sens. Pour l’instant j’ai chaud, je somnole, je comprendrai plus tard que nous passons de l’autre côté du rideau de fer et le sens de la guerre froide m’apparaîtra en plein quand je serai plus âgée.

Au bout de deux ou trois heures d’attente, enfin nous voici en Hongrie. Je ne suis pas du tout attentive à ce que ressentent mes parents et ma grand-mère et je regarde sans intérêt ce paysage tout plat et sec, presqu’à l’abandon après les champs bien entretenus de l’Autriche. Plus d’autoroute non plus, mais d’étroites routes de campagne poussiéreuses  où nous sommes souvent ralentis par des charrettes tirées par un cheval, conduites par de vieux paysans à moitié édentés au visage tanné par le soleil. Nous mettons presqu’autant de temps à parcourir ces deux cents derniers kilomètres que les mille et quelques qui les ont précédés.

Budapest

Nous entrons à Budapest côté Pest où Papa, natif de Buda de l’autre côté du Danube, n’a jamais été en terrain très connu et nous voyons des barres d’immeubles comme chez nous, en banlieue parisienne. Première confusion pour mes aînés : c’est une ville moderne avec des bâtiments neufs après les bombardements de 1944 et 45, et des rues qui ont changé de nom. Il y a l’Avenue de la République Populaire qui croise le Boulevard Lénine juste après la place du 7 novembre (la révolution russe de 1917), là où autrefois c’était l’Avenue Andrássy qui croisait le Boulevard Teréz (hommage à Marie-Thérèse d’Autriche) après la place de l’Oktogon ainsi nommée car octogonale. Comment s’y retrouver ? Il faut désormais consulter un plan pour se déplacer dans une ville que l’on a quittée à 20 ans passés !

Mais moi, à sept ans, je m’en fiche. Tout le monde parle la langue que l’on ne parle qu’à la maison, alors c’est chez moi ici ! J’ouvre grand les oreilles pour écouter toutes les conversations à la fois… et je m’empiffre ! On m’offre tous les plats que je mange à la maison, mais en meilleur : vrai paprika, crème fraîche onctueuse, saucisse fumée inconnue chez nous, pâtisseries en tout genre, glaces délicieuses, abricots énormes dégoulinant de jus sucré et pastèques si rafraîchissantes…

Maman retrouve ses amies d’enfance qui ne savent pas quoi inventer pour nous gâter, nous passons des heures dans les grandes piscines de Budapest la ville thermale et de ses environs, nous allons au bord du lac Balaton aux eaux chaudes tellement agréables, bref, ce premier séjour est un enchantement.

je ne sais pas encore ce que le mot « racines » veut dire, je sais juste que ce pays ne sera jamais étranger pour moi.

Category: Hongrie
Tags: Hongrie, pays, racine, séjour, voyage
5 novembre 2014 22 h 30 min
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Ton nom de famille…

… est ton identité. Quand tu portes un nom étranger, tu as une identité étrangère. Tu es née en France, tu y vis, mais les Français n’arrivent pas à prononcer ton nom, butent dessus ou l’écorchent. Tu dois les aider, leur expliquer, les corriger à chaque fois. Ecole, collège, lycée, recrutement au travail, administrations diverses… D’accord, les deux premières syllabes, ça va. Et encore, en devenant français, ton nom a perdu un signe diacritique, l’accent qui indique un a ouvert : á que tous rétablissent en Hongrie, dans leurs courriers ou tout document qui te concerne. Mais ensuite ! La panique ! « nyi » oh la la ça se prononce comment ?! La solution la plus sécurisée consiste à s’arrêter. J’ai l’habitude au bout d’un moment et je me tiens prête à prononcer à la place de la maîtresse, le/la prof, mon interlocuteur.

Mais il y a ceux qui refusent de voir cette combinaison étrange/étrangère et la transforment : le y devient g, le i devient l… Cela ne correspond plus à aucun nom dans aucune langue ! Et c’est MON nom qu’on transforme, MON identité qu’on rabote, déforme ou refuse de reconnaître. Pour les plus curieux, on peut rajouter que c’est hongrois, les autres s’en fichent et nient une origine dont on est fier. Dommage. Mon nom est mon histoire, ne refusez pas de l’entendre, vous qui en avez une autre !

Category: Hongrie
Tags: hongrois, nom, origine
29 août 2014 21 h 36 min
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Les déportations de Budapestois – Un devoir de mémoire

Rappel historique

L’Armée rouge entre à Budapest en décembre 1944. Les Allemands et leurs alliés fascistes sont vaincus au bout de 100 jours de combats acharnés dans la capitale hongroise. C’est le chaos. Il faut reconstruire, relever le pays, repartir de zéro. Les communistes sont très présents et finissent par prendre le pouvoir, avec l’aide des Soviétiques qui ne repartent pas en 1947, contrairement à ce qu’ils avaient promis. Ils ne repartiront définitivement qu’en 1991 du territoire hongrois qu’ils occupent militairement …

Le gouvernement communiste déporte à la campagne les aristocrates, directeurs d’usines, de banques, et la classe moyenne. La petite maison de mes grands parents est réquisitionnée et ils sont déportés à l’Est du pays en juin 1951. Ils ne récupèreront jamais cette maison, nous non plus.

2011, un triste anniversaire

Pour le soixantième anniversaire de ces événements, l’association de prisonniers de guerre et une sociologue spécialiste de cette question, Zsuzsa Hantó, organisent une conférence d’une journée avec des témoignages d’anciens déportés. Nous sommes en contact depuis trois ans, aussi elle me demande de venir apporter mon point de vue étranger sur la question. La conférence a lieu le 21 septembre 2011 à Budapest, je suis très émue, c’est la première fois que je m’exprime en hongrois devant un public. J’ai rédigé mon intervention avec l’aide de ma cousine, Maman est dans la salle, c’est très impressionnant. Nous sommes accueillis avec chaleur par tous ces gens qui ont vécu la même chose que mes grands-parents, nous nous sentons entourées et comprises, nous passons une journée vraiment spéciale.

Zsuzsa demande ensuite à chacun de nous d’écrire un texte un peu plus long pour éditer nos interventions sous forme de livre. Ce sera « Des bandits et des hommes » qui sort début 2012. C’est la première fois que je publie un texte hongrois, mon nom figurant dans des traductions individuelles ou collectives publiées en France.

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Zsuzsa m’a aussi demandé des photos, je les lui fournis volontiers. Mon but secret est que des membres de la famille perdus de vue tombent dessus et cherchent à me contacter. Il y a mes parents à Paris à l’époque des événements et une photo envoyée par mes grands-parents à la famille en 54. Sur la page suivante, une photo de la maison telle qu’elle est aujourd’hui et encore une photo de mes grands-parents, entourés de leurs compagnons d’infortune.

photo 2 (5)
Oui, il y a un accent en hongrois sur le deuxième « a » de mon nom, les Hongrois le rétablissent spontanément alors que l’état civil français nous l’a retiré quand mes parents sont devenus français en 1961. Et en hongrois on dit toujours le nom de famille d’abord et le prénom ensuite.
En tout cas, je suis fière d’avoir contribué à ce devoir de mémoire. S’intéresser à cette période difficile et à ses victimes est tout récent là-bas. Le monument en hommage aux déportés à Budapest a moins de 10 ans.
P1000401

 

 

 

 

 

 

 
Avec l’éclairage de nuit, les figures en relief deviennent des ombres, ce qu’étaient vraiment ces proscrits dans les années cinquante…

Category: Hongrie
Tags: Budapest, déportation, mémoire
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