Rappel historique

L’Armée rouge entre à Budapest en décembre 1944. Les Allemands et leurs alliés fascistes sont vaincus au bout de 100 jours de combats acharnés dans la capitale hongroise. C’est le chaos. Il faut reconstruire, relever le pays, repartir de zéro. Les communistes sont très présents et finissent par prendre le pouvoir, avec l’aide des Soviétiques qui ne repartent pas en 1947, contrairement à ce qu’ils avaient promis. Ils ne repartiront définitivement qu’en 1991 du territoire hongrois qu’ils occupent militairement …

Le gouvernement communiste déporte à la campagne les aristocrates, directeurs d’usines, de banques, et la classe moyenne. La petite maison de mes grands parents est réquisitionnée et ils sont déportés à l’Est du pays en juin 1951. Ils ne récupèreront jamais cette maison, nous non plus.

2011, un triste anniversaire

Pour le soixantième anniversaire de ces événements, l’association de prisonniers de guerre et une sociologue spécialiste de cette question, Zsuzsa Hantó, organisent une conférence d’une journée avec des témoignages d’anciens déportés. Nous sommes en contact depuis trois ans, aussi elle me demande de venir apporter mon point de vue étranger sur la question. La conférence a lieu le 21 septembre 2011 à Budapest, je suis très émue, c’est la première fois que je m’exprime en hongrois devant un public. J’ai rédigé mon intervention avec l’aide de ma cousine, Maman est dans la salle, c’est très impressionnant. Nous sommes accueillis avec chaleur par tous ces gens qui ont vécu la même chose que mes grands-parents, nous nous sentons entourées et comprises, nous passons une journée vraiment spéciale.

Zsuzsa demande ensuite à chacun de nous d’écrire un texte un peu plus long pour éditer nos interventions sous forme de livre. Ce sera « Des bandits et des hommes » qui sort début 2012. C’est la première fois que je publie un texte hongrois, mon nom figurant dans des traductions individuelles ou collectives publiées en France.

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Zsuzsa m’a aussi demandé des photos, je les lui fournis volontiers. Mon but secret est que des membres de la famille perdus de vue tombent dessus et cherchent à me contacter. Il y a mes parents à Paris à l’époque des événements et une photo envoyée par mes grands-parents à la famille en 54. Sur la page suivante, une photo de la maison telle qu’elle est aujourd’hui et encore une photo de mes grands-parents, entourés de leurs compagnons d’infortune.

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Oui, il y a un accent en hongrois sur le deuxième « a » de mon nom, les Hongrois le rétablissent spontanément alors que l’état civil français nous l’a retiré quand mes parents sont devenus français en 1961. Et en hongrois on dit toujours le nom de famille d’abord et le prénom ensuite.
En tout cas, je suis fière d’avoir contribué à ce devoir de mémoire. S’intéresser à cette période difficile et à ses victimes est tout récent là-bas. Le monument en hommage aux déportés à Budapest a moins de 10 ans.
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Avec l’éclairage de nuit, les figures en relief deviennent des ombres, ce qu’étaient vraiment ces proscrits dans les années cinquante…

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