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#hongrois

29 juillet 2016 22 h 58 min
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Mais où va s’épanouir le rap à l’international ?!

Rap français contre ou inspiré du rap américain, une polémique dépassée !

En France, les spécialistes du genre s’interrogent souvent sur les influences du rap américain sur le rap français, ou comment les uns se sont démarqués des autres. J’ai assisté d’ailleurs récemment à une émission publique qui traitait des mots du rap et qui en parlait, j’en ai rendu compte dans mon article sur Les mots du rap ensuite.

Bon, je n’ai pas encore dévoilé qui était mon rappeur américain préféré, alors voici l’un d’eux, dans sa nouvelle création : il s’agit de Nas, dont le film The Land va bientôt sortir. L’extrait de la bande originale, This Bitter Land avec Erykah Badu, est déjà accessible, et sublime. Ce type a un talent fou et je suis sûre que son film va faire un carton :

J’ai aussi parlé ici de la très belle expo sur le rap dans les pays arabes Hip Hop : du Bronx aux rues arabes où l’Institut du Monde Arabe nous dévoilait des groupes pour qui ce genre de musique constituait l’expression d’une révolte ou la rage de se faire entendre. Je ferai plus tard un article entier sur mes chouchous, DAM (Dem Arab Mcs) rappeurs palestiniens. L’un des membres, Tamer Nafar a écrit le scénario d’un film, Junction 48 réalisé par Udi Aloni et dans lequel il joue le rôle d’un musicien de Hip Hop amoureux d’une musicienne. On commence à en parler dans les festivals, alors forcément j’en parlerai aussi…

Mais on rappe aussi en Iran ! Ecoutez Yas, de son vrai nom Yaser Bakhtiari, qui rappe en persan, influencé étant môme par Tupac Shakur ! Allez dire après ça que le pays est totalement fermé… Moi ça m’a fait chaud au coeur de le découvrir sur Deezer. Il a aussi lu la poésie persane, ce qui nous fait vraiment regretter de ne pas comprendre ce qu’il chante…

Et puis bien sûr, on rappe en Hongrie. J’ai découvert ce groupe il y a quelques mois grâce à une collègue et amie de la Radio jeune hongroise et j’adore, je vous en fais profiter. Le titre est un jeu de mot sur Zen – Bouddhisme Zen, Bouddhisme zene (prononcer zènè) qui veut dire musique. Refrain : ton âme est la mélodie, ton corps le rythme, l’esprit est la rime, c’est le Bouddhisme musique. Cela parle d’être en harmonie avec soi-même. Le groupe s’appelle Akkezdet Phiai, ce qui sonne un peu grec (on pense à la lettre Phi de philosophie) et n’est pas écrit comme cela devrait mais cela veut dire Les Fils du Commencement. Quel commencement les a engendrés, on ne sait pas, mais je trouve qu’ils ont du talent, voici la chanson :

Je vais m’arrêter là pour ne pas vous fatiguer, je voulais juste montrer que le Hip Hop se répand partout et s’adapte à toutes les langues, la musique demeure universelle et c’est encourageant, par les temps qui courent !

Category: My Playlist
Tags: américain, français, hip hop, hongrois, musique, persan, Rap
21 janvier 2015 22 h 44 min
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Dezsö Kosztolanyi – écrivain hongrois

L’un des écrivains majeurs du siècle dernier

La vie littéraire à Budapest dans l’entre-deux-guerres était extrêmement riche. Comme à Vienne, les écrivains se retrouvaient dans des cafés où ils lisaient les journaux de tous les pays d’Europe et discutaient des heures entières. Kosztolányi écrit des romans, observations détaillées et attendries de ses contemporains, mais aussi des nouvelles à foison. Son style percutant, où des phrases simples décrivent des situations complexes, convient à ce genre littéraire. Il décrit minutieusement la société hongroise de l’époque et ses travers.

Je recommande particulièrement le roman Alouette qui raconte l’histoire de parents dont la fille unique, d’une laideur extrême, bouleverse le destin, ou Anna la Douce, où une domestique assassine ses maîtres. Les deux sont publiés chez Viviane Hamy qui défend la littérature hongroise avec constance depuis plusieurs années. Avec une fausse candeur émue, Kosztolányi nous fait pénétrer au plus profond de la noirceur de l’âme humaine comme de la chose la plus évidente et quotidienne possible.

Ses nouvelles sont un véritable délice, et si vous ne devez lire qu’un seul recueil, alors choisissez Le traducteur cleptomane et autres nouvelles, également chez Viviane Hamy. C’est plein d’esprit, inventif, original et très distrayant !

Kornél Esti

Kosztolányi a créé un personnage extravagant, tellement irréel qu’il en devient tangible, attendrissant, agaçant, drôle, émouvant, parfois exaspérant, parfois pathétique, mais jamais inintéressant, son alter ego dévergondé qui ose tout, et à qui les aventures les plus invraisemblables arrivent. Esti Kornél en hongrois, où l’on se présente en disant son nom de famille avant son prénom, apparaît dans d’innombrables nouvelles, mais aussi dans le roman éponyme que l’auteur a écrit en 1933 et qu’il a publié par épisodes. Pourquoi en parler maintenant ? Pour saluer une nouvelle édition aux éditions Cambourakis de la superbe traduction de Sophie Képès.

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Précipitez-vous ! Lisez-le, vous m’en direz des nouvelles (sans jeu de mots).

 

 

 

 

C’est un personnage tellement mythique des lettres hongroises que Péter Esterházy n’a pas hésité à le « post-moderniser » dans son recueil brillant : Esti, en toute simplicité, un brillant hommage à l’original.

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Il faudra patienter un peu pour le lire en français en revanche, mais en attendant, on peut se délecter de l’oeuvre de Kosztolányi.

Category: Littérature
Tags: écrivain, Esti, hongrois, traduction
5 novembre 2014 22 h 30 min
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Ton nom de famille…

… est ton identité. Quand tu portes un nom étranger, tu as une identité étrangère. Tu es née en France, tu y vis, mais les Français n’arrivent pas à prononcer ton nom, butent dessus ou l’écorchent. Tu dois les aider, leur expliquer, les corriger à chaque fois. Ecole, collège, lycée, recrutement au travail, administrations diverses… D’accord, les deux premières syllabes, ça va. Et encore, en devenant français, ton nom a perdu un signe diacritique, l’accent qui indique un a ouvert : á que tous rétablissent en Hongrie, dans leurs courriers ou tout document qui te concerne. Mais ensuite ! La panique ! « nyi » oh la la ça se prononce comment ?! La solution la plus sécurisée consiste à s’arrêter. J’ai l’habitude au bout d’un moment et je me tiens prête à prononcer à la place de la maîtresse, le/la prof, mon interlocuteur.

Mais il y a ceux qui refusent de voir cette combinaison étrange/étrangère et la transforment : le y devient g, le i devient l… Cela ne correspond plus à aucun nom dans aucune langue ! Et c’est MON nom qu’on transforme, MON identité qu’on rabote, déforme ou refuse de reconnaître. Pour les plus curieux, on peut rajouter que c’est hongrois, les autres s’en fichent et nient une origine dont on est fier. Dommage. Mon nom est mon histoire, ne refusez pas de l’entendre, vous qui en avez une autre !

Category: Hongrie
Tags: hongrois, nom, origine
17 mars 2014 22 h 48 min
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Koncz Zsuzsa – LE concert

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Paris-Bercy ? Noooon !! Budapest Sport Aréna !!!

 

 

 

 

Koncz Zsuzsa (en français on dirait son prénom d’abord : Zsuzsa Koncz) a commencé à chanter en 1964. Ce 14 mars est son 10ème Sport Aréna à Budapest et elle vient de sortir son 38ème album Tündérország  disque de platine alors qu’il n’a eu aucune pub dans les médias ! Chanteuse culte du rock hongrois, elle rassemble désormais plusieurs générations à chacun de ses concerts. Tout le monde connaît ses chansons par coeur, même moi qui ne vis pas en Hongrie ! Elle a chanté la liberté, la tolérance et l’humanisme bien avant que ce ne soit permis, l’un de ses albums a été censuré d’ailleurs. Le concert a duré 3 heures et nous nous sommes régalés. Nous avons chanté, tapé des mains, pleuré et ri…

Elle chante les traumatismes de la Hongrie au vingtième siècle, Trianon, la Révolution de 56 écrasée par les chars soviétiques, la corruption actuelle des hommes politiques, mais aussi l’amour, l’amitié…

Elle invite ses amis qui, comme elle, sont des pointures de la scène rock. On n’en a jamais entendu parler ailleurs ? L’obstacle de la langue sans doute. Tolcsvay László nous a chanté l’un de ses tubes, une chanson qui raconte le petit jour à Budapest au terminus d’un tramway : les lumières de la station s’allument, une fille fatiguée repense à son rêve, un manteau est battu par le vent… « Le premier tramway part vers toi, il tintinnabule par où il passe… » :

C’est nostalgique et émouvant, alors chanté par 10 000 personnes, ça donne juste la chair de poule…

Koncz Zsuzsa invite aussi son ami de toujours, Bródy János, un très grand musicien de sa génération. Nous chantons avec eux l’un de leurs duos les plus célèbres, qui plaide pour la tolérance et la paix. Tour à tour, elle dit « Si j’étais une rose je m’ouvrirais plusieurs fois par an, pour le garçon, pour la fille, pour l’amour vrai / si j’étais un portail, je laisserais entrer tout le monde sans te demander qui t’amène / si j’étais une rue, je serais baignée de lumière tous les soirs et si des roues à chenilles m’écrasaient, même la terre m’accueillerait en pleurant » et elle se termine par : « Si j’étais un drapeau, je ne flotterais pas au vent, je voudrais être tendu pour n’être le jouet d’aucun vent. » Koncz chante ce dernier couplet a capella avec nous. Nous sommes à la veille de la fête nationale qui commémore la lutte pour la liberté en 1848, ces paroles ont une résonance particulière  :

D’ailleurs Bródy nous chante une chanson politique et parvient à faire se lever la foule en faveur de la République, la vraie, celle qui n’existe pas pour le moment – les élections sont dans quelques semaines pour élire la nouvelle majorité qui désignera un premier ministre. C’est impensable en France où ça passerait pour de la démagogie ! Mais vu l’histoire de la Hongrie, où le régime a changé en 1989 après 45 ans de communisme, plaider pour la démocratie, la liberté d’expression et la justice est juste légitime. Et cette génération de musiciens dont les activités étaient suspectes pour la dictature a eu le courage de ses opinions et, tout en composant aussi des chansons d’amour et des morceaux de rock plus « divertissants », a su imposer ses idées de liberté et d’ouverture. Voilà ce qui rend un tel concert aussi impressionnant pour l’Européenne de l’Ouest que je suis…

Category: My Playlist
Tags: Budapest, concert, hongrois, Koncz Zsuzsa, rock
7 mars 2014 22 h 39 min
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A la recherche de mes ascendants

Ma famille vient d’ailleurs

Chez moi, tout le monde est hongrois. Comme mes grands-parents sont arrivés en France deux ans avant ma naissance, ce sont eux qui m’ont gardée pendant que mes parents travaillaient. J’ai donc parlé hongrois d’abord. On raconte que j’ai voulu échanger avec un petit garçon dans la rue (déjà, la coquine !) et que, forcément, nous ne nous sommes pas compris, alors j’ai fondu en larmes. Une voisine a décidé de m’apprendre le français, et un beau jour : « Ça y est ! Domi parle français ! »

Dès lors, deux mondes se côtoient : à la maison, hongrois. A l’extérieur de la maison : français.

Chez nous tout est différent

A commencer par la nourriture. Ma grand-mère essaie de faire la cuisine « comme là-bas ». Il y a un épicier hongrois dans le Marais à Paris qui vend des saucisses au paprika, du salami, du boudin hongrois, etc. Quand nous allons chez lui, je dis bonjour en hongrois avec ma voix chantante de petite fille, il craque et me donne du salami avec un morceau de cornichon à la hongroise, trop bien ! Quand mes amies me demandent à l’école ce que j’ai dîné la veille, je dois me lancer dans des grandes explications, les noms des plats ne leur disent rien…

Et aujourd’hui encore, si tu veux me faire plaisir, fais-moi un pavé béarnaise bien saignant avec des frites maison, du camembert avec de la baguette craquante et du beurre, une mousse au chocolat, la quintessence du « repas français » inconnu à la maison et tellement bon ! Et maintenant tu peux rajouter un petit Côtes du Rhône sympa…

Nous sommes catholiques, mais chez nous le Père Noël correspond à St Nicolas qui vient le 6 décembre, et c’est le Petit Jésus – Jézuska – qui apporte les cadeaux le 24 décembre en fin d’après-midi. Nous décorons le sapin ce jour-là, avec des bonbons aussi, et chantons des cantiques traditionnels. Le lendemain, nous allons assister à la messe à l’église de la Mission catholique hongroise à République. A Pâques aussi, nous mangeons d’une certaine façon à partir du Jeudi Saint, nous nous abstenons de viande le Vendredi Saint et mangeons le « jambon de Pâques », jambon fumé cuit avec des oeufs durs le Samedi Saint.

Aux vacances scolaires, nous partons juste entre nous, contrairement à mes petits camarades qui retrouvent leurs cousins… Moi je ferai leur connaissance seulement à l’âge de 7 ans, et ne les verrai pas souvent, cela me rend triste et envieuse…

Du coup, j’ai envie d’en savoir plus sur le pays d’origine de mes parents et de mes grands-parents, je pose des questions, on me raconte…

Les documents

Il se trouve qu’en Hongrie, comme dans différents pays où les fascistes ont pris le pouvoir pendant la guerre, il a fallu prouver jusqu’à 5 générations qu’il n’y avait pas de juifs dans la famille. Oui c’est horrible, mais ces documents ont été conservés et ils servent aujourd’hui pour des recherches généalogiques : certificats de mariage et de baptême de l’église catholique, ils portent les noms des parents des mariés ou de l’enfant baptisé, leur adresse, le lieu et l’année de naissance de l’enfant, l’adresse des fiancés et le lieu de leur mariage.

Ma grand-mère avait des documents étonnants réunis dans une boîte dont je parlerai une autre fois. C’est ma mère qui les conserve, mais je les ai scannés et examinés en détails. J’ai commencé très jeune à m’intéresser aux histoires qu’ils racontent. Alors, l’une des fois où j’étais chez mon oncle, le frère de mon père, je lui ai demandé s’il avait l’équivalent. Il m’a tout sorti et j’ai pris des notes. A l’époque, il n’y avait que moi qui m’y intéressais. Mais cela a changé. J’ai désormais une aide précieuse.

Un projet de recherche

Ma cousine – nos pères étaient frères – a un an de plus que moi, quatre enfants et cinq petits-enfants. Elle a commencé il y a peu à réfléchir à l’histoire familiale. Il faut dire que de ce côté de la famille, nous avons une mémoire phénoménale. Son père et le mien aimaient raconter des anecdotes sur leur enfance et leur jeunesse, dont nous nous souvenons, et nous avons nos propres souvenirs. Elle a commencé à les rédiger pour les transmettre à ses descendants et s’intéresse du coup à notre généalogie. Nous avions déjà confronté nos connaissances au moment où son père lui a confié une caisse de photos et de documents. Je lui ai interdit d’y toucher avant que je ne sois là avec elle. Et nous avons passé une après-midi à tout éplucher. Fous rires et émotions ! Nous avons tout noté, tout scanné, et les plus jeunes peuvent nous demander ce qu’elles veulent, nous avons les réponses. Jusqu’à quatre générations et la ville de Mohács, dans le sud de la Hongrie. Pourquoi ne pas remonter plus loin ? Allez, c’est dit, nous allons descendre dans le sud et consulter ensemble les archives à Pécs, la capitale régionale. Tout est sur microfilm, nous avons pris rendez-vous, nous sommes lancées !

On en reparle à mon retour !

Category: Hongrie
Tags: famille, généalogie, histoire, hongrois, souvenirs
18 février 2014 22 h 51 min
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Les origines

Nous aimerions tous rester dans notre pays natal au milieu des nôtres, dans notre langue maternelle et notre culture d’origine, celles avec lesquelles nous avons grandi, celles qui nous ont donné nos repères. Mais parfois ce n’est pas possible. Nos conditions de vie ne sont plus acceptables. Chômage, pauvreté, conflits… L’émigration apparaît comme une solution, une réponse aux problèmes que nous affrontons. Il faut tenter sa chance ailleurs. L’émigré prépare son départ, a le temps d’échafauder un plan, plus ou moins solide certes, mais il sait en gros où il va et pourquoi. Il part avec l’espoir de pouvoir aider les siens, de leur rendre visite et de leur présenter la famille qu’il aura construite à l’étranger.

L’Exil

L’exil en revanche est soudain par nature. Bannissement ou question de vie ou de mort. Celui que l’on chasse a quelques heures pour faire ses bagages et partir sans se retourner, il ne sait pas s’il pourra revenir un jour. Celui qui fuit une situation intenable, dans la douleur et les larmes, laisse tout derrière lui. On lui a peut-être pris leur terre, on a détruit sa maison, sa vie est en danger s’il reste, la communauté le rejette. L’exilé va où on veut bien l’accueillir : c’est un réfugié, il a besoin d’un abri pour se protéger. Son départ est furtif, secret, angoissé.

Mes parents n’ont pas fui la Hongrie de cette façon mais se sont trouvés « coincés » en France. Diplomates en poste à Paris après la guerre, ils n’ont pas voulu rentrer lorsqu’ils ont été rappelés. On les aurait soupçonnés d’espionnage, emprisonnés, torturés. « La question ne s’est même pas posée », dit Maman, soixante ans plus tard. Ta propre vie n’est-elle pas plus précieuse que tes biens, tes souvenirs d’enfance, ta famille et tes amis ? La réponse du gouvernement communiste ne s’est pas fait attendre : vous démissionnez ? Alors vous n’êtes plus hongrois !

Ma soeur et moi sommes nées apatrides quelques années après, mes parents sont devenus français plus tard et n’ont pu retourner dans leur pays que dix-sept ans après l’avoir quitté. Bien sûr ils ont obtenu tout de suite le statut de réfugié politique, mais savait-on alors en France ce qui se passait derrière le Rideau de Fer ? Pas vraiment. La France aussi se remettait de la guerre, il y avait encore des tickets de rationnement en cette fin des années quarante. Chacun essayait de s’en sortir au mieux, l’Europe de l’Est c’était loin, il fallait avant tout panser les plaies de l’occupation allemande.

L’Exil intérieur

Mais plus difficile encore est la déportation à l’intérieur des frontières. Toujours dans le même pays, entouré de ses compatriotes qui parlent sa langue, l’exilé devient un paria. Il est banni au milieu des siens, dans un camp entouré de barbelés où il est forcé de travailler jusqu’à l’épuisement, ou dans un village où il est assigné à résidence.

Issus de la classe moyenne, mes grands-parents possédaient une petite maison avec un jardin dans un quartier résidentiel de Pest. On y a logé deux familles d’ouvriers après leur expulsion. Mes grands-parents ont été prévenus 48h à l’avance que leur maison était réquisitionnée et qu’ils allaient désormais vivre à Hajdúhadház, à l’Est du pays, près de la frontière ukrainienne. 48h pour dire au-revoir à la famille, aux amis ; donner ici une armoire, là une table, le service en porcelaine à la belle-soeur… Ramasser une vie en deux valises : photos, documents importants, souvenirs de leur fille unique qui ne peut pas rentrer les aider car elle est déjà réfugiée politique à Paris… Qui sait ce que chacun de nous emporterait en pareil cas ?

On est venu les chercher à l’aube dans un camion bâché, puis un train aux vitres opacifiées les a conduits vers l’Est. Mon grand-père allait avoir soixante ans… On les a logés dans le poulailler tout juste nettoyé et repeint d’une grande ferme dont les propriétaires ont été tenus par décret d’accueillir des familles entières dans le cadre de la « dékoulakisation ». Et oui : double punition ! On condamne les aristocrates, bourgeois, intellectuels, au travail manuel et on appauvrit les trop riches propriétaires terriens – koulaks en russe – en leur donnant des bouches supplémentaires à nourrir. Plus tard, la réforme agraire a contraint les paysans à entrer dans les coopératives sous les menaces et le chantage des commissaires politiques.

Après la mort de Staline en 53, ces assignations à résidence cessent, mais les Budapestois n’ont pas le droit de rentrer dans la capitale, à cause de la crise du logement. Mes grands-parents vivent avec le frère de ma grand-mère et sa famille, alors, lorsque les frontières s’ouvrent brièvement en 1956, ils demandent et obtiennent un passeport d’émigration pour s’en aller. Ce document est valable pour tous les pays sauf la Hongrie : tu pars, mais tu ne reviens pas. C’est un deuxième exil, cette fois dans un pays et une langue inconnus. Que leur restait-il ? Leur langue, leur culture, leurs valeurs. C’est ce qu’ils nous ont transmis, avec beaucoup, beaucoup, d’amour. Qu’ils en soient remerciés ici une fois encore.

Category: Hongrie
Tags: déportation, exil, grands-parents, hongrois, parents
Réalisé par Stéphane Roche • http://www.stephane-roche.fr