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Hongrie

1 août 2014 21 h 53 min
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Les photos de famille

Toutes les familles ont des photos classées dans des boîtes à chaussures, ou en métal, ou dans des cartons d’archives, des albums… Parfois rangées par thèmes, parfois par années ou décennies, par enfants, en noir et blanc voire sépia puis en couleurs, toutes ces images racontent de belles histoires et rappellent le souvenir des ancêtres que l’on a connu ou dont on nous a parlé. Il y a les grandes fêtes de famille, les anniversaires, les vacances, le feuilleton des enfants qui grandissent (première dent, premier noël, premier vélo, etc.).

Oui bien sûr, c’est très émouvant. Il y a ceux qu’on a tellement aimés, qui ne sont plus là, avec leur sourire familier ou dans une pose favorite… Il y a les coupes de cheveu, les vêtements d’un autre âge, les décors surannés… C’est rigolo aussi.

Des exemples ? Volontiers !

Notre plus ancienne photo, l’arrière-grand-père tapissier et sa femme lors de leur mariage à Budapest en 1883 :

WallerNeumann001

 

 

 

 

 

 

Et avec ses amis en 1899 :

Neumann Mór és társai031

C’est un monde ancien perdu à jamais, comme celui des grands-parents et de mes parents enfants, Papa à Buda et Maman à Pest… Un monde que mes grands-parents ont emporté avec eux lors de leur déportation et ont apporté à Paris dans l’exil, ce que moi je trouve très émouvant.

Et puis il y a des photos surprenantes, un gâteau d’anniversaire, des enterrements et des gens tristes devant des tombes fleuries, voire les tombes toutes seules, les grands-parents qui posent devant la maison de Maman, sur leur lieu de déportation…

C’est simple : côté hongrois c’était impossible de venir en France très souvent, on donnait un visa tous les trois ans et il fallait le demander longtemps à l’avance, et de notre côté, mes parents ne sont devenus français qu’en 1961 et même alors, nous ne pouvions aller en Hongrie que de temps en temps car cela revenait cher pour toute la famille. Alors pour son premier anniversaire loin d’eux, à Paris, mes grands-parents ont fait un gâteau et ont envoyé la photo à ma mère, en juin 1948. Belle attention ! (et sans smartphone). Les cousins prenaient en photo l’enterrement de l’oncle, le mariage de l’un des leurs, un baptême, une communion, et nous y participions après coup de cette façon. Et nous avons fait de même, gardant à chaque fois un exemplaire pour nous.

Nous avons tout vécu ensemble de cette façon virtuelle, les joies et les peines, les naissances et les deuils. Tout ce que nous partageons désormais sur les réseaux sociaux, je l’ai entre 1884 et 1987 environ en photo argentique, voire parfois sur des drôles de cartons épais avec calligraphiée l’adresse du photographe.

Mais pour terminer sur une note rigolote, me voici toute fière avec ma grande soeur dans les années 60 :

KikiDomi2012

On est trop chou, c’est mon absolue préférée !

Category: Hongrie
Tags: famille, photo
20 mai 2014 22 h 26 min
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Etre bilingue

Juste parler deux langues ?

A la naissance, un bébé est capable de distinguer et répéter tous les sons qui existent dans toutes les langues humaines. Puis, à force de n’en entendre que certains, il va sélectionner sa phonétique et apprendre la langue parlée autour de lui.

Autour de moi on parlait hongrois. Mes grands-parents sont arrivés en France à 67 et 64 ans, ils ont juste appris des phrases simples, des mots pour la vie quotidienne. Ce sont eux qui me gardaient pendant que mes parents travaillaient. Mes parents quant à eux étaient en France depuis 10 ans quand je suis née, ils parlaient bien le français mais avec des fautes. Il était évident pour eux de s’adresser à ma soeur et à moi en hongrois pour éviter de nous apprendre leurs erreurs.

Un beau jour, paraît-il, lors d’une promenade avec ma grand-mère, j’ai voulu communiquer avec un enfant de mon âge. On ne s’est pas compris, j’ai fondu en larmes. Une voisine a dit à mes parents qu’elle allait m’apprendre le français. C’était avant l’entrée en maternelle. Un beau jour, voilà : »Domi parle français ! », a dit la voisine.

J’entre à l’école française, je suis bilingue.

Pas si simple !

A la maison, je parle hongrois. A l’extérieur, je parle français. Je crois que j’imite spontanément mon interlocuteur et fais ainsi la différence, mais au fond, je ne sais pas du tout par quel mécanisme je réalise ce tour…

Une division s’opère vite en moi : les mots qui recouvrent une réalité quotidienne familiale ne me viennent qu’en hongrois, les mots de l’école, de plus en plus nombreux, en français.

Alors, peut-on encore dire que le hongrois est ma langue maternelle, avec son pauvre vocabulaire qui s’enrichit au ralenti ? Le véritable apprentissage excitant se produit à l’école, avec tous ces mots et expressions dans les poèmes et les extraits de roman. J’adore lire et Maman m’y encourage car elle aussi, elle a la littérature pour passion. A l’âge où mes cousins commencent à lire et à écrire en hongrois, moi je ne fais que parler. Pour dire quoi ? Ce que j’ai envie de manger, comment je me sens, des choses basiques. Heureusement, je vais apprendre à lire et à écrire avec ma grand-mère et un ouvrage édité par l’Association Mondiale des Hongrois et qui nous est destiné, à nous les enfants de l’émigration.

A 10 ans, je fais un séjour dans un camp d’été pour les enfants au bord du lac Balaton. Je reviens en ayant appris quelques gros mots, des chansons communistes et des jeux hongrois. Mon vocabulaire stagne en réalité, alors qu’en français je le développe avec délectation. En plus, le « r » français prédomine, je ne roule plus les « r » en hongrois, quel vilain accent ! J’emploie les déclinaisons comme je peux, ne les ayant jamais apprises. Timide, je parle peu en compagnie, même en français, là du coup ça m’arrange bien.

Je me sens maladroite, étrangère partout : en France, j’ai une famille qui vient d’ailleurs et n’a pas les mêmes habitudes ; en Hongrie, je parle avec des fautes et un accent, je n’ai pas tout à fait la même culture car je vis en Europe de l’Ouest. Où me situer ?

A l’entrée au collège, je choisis l’anglais, toute la famille étant germanophone. Ce sera mon territoire linguistique à moi. Le passage d’une langue à l’autre m’étant aisé, je progresse vite et je deviens carrément anglophile.

Mais cela ne résout pas le problème. Suis-je « moitié hongroise », « moitié française » ? Coupée en deux ?

Vers une cohabitation harmonieuse

Mes origines m’ont façonnée. Elles n’appartiennent qu’à moi. Mon apprentissage, mes lectures, mes passions, ont fait que je suis devenue ce que je suis maintenant. Pourquoi alors ne pourrais-je pas dire que j’ai deux langues maternelles ? Je passe de l’une à l’autre comme je veux et puis tiens, si j’en faisais mon métier ?

Devenir traductrice littéraire de hongrois, faire découvrir la culture du pays de mes parents au pays qui les a accueillis. Partager des textes qui m’ont fait vibrer mais qui sont indéchiffrables à mes amis et plus largement, au public français. Montrer que ce petit pays donne naissance à de grands écrivains, les faire aimer en France dont la littérature est mondialement connue. Puis me faire l’interprète de ces écrivains qui viennent en France parler de leurs oeuvres traduites. N’est-ce pas là une belle idée ?

Je ne cherche plus à me fixer d’un côté ou de l’autre mais, habitant sur chaque rive du fleuve, je prends souvent le bac pour le traverser et profiter des rencontres qui m’y attendent.

Category: Hongrie
Tags: bilingue, langue, parler, vocabulaire
7 mai 2014 21 h 47 min
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La boîte à documents

Dans toutes les familles, il y a des documents et des photos transmis de générations en générations. Lettres, certificats de baptêmes et de mariage, contrats, actes notariés, etc. Chez nous, il y en a de deux sortes : les sympas et les douloureux. Tous ont désormais valeur historique, établis entre 1919 et 1956.

La boîte de Nagymama

Ma grand-mère, Nagymama en hongrois, tenait dans un tiroir de son armoire une jolie boîte en bois peinte de motifs hongrois traditionnels, des tulipes stylisées. Dedans, de vieux papiers jaunis, rafistolés avec du scotch pour certains, pliés en deux ou en quatre, de format A4 ou A5, voire des très grands encore plus vieux et mal en point. Les sympas concernent la généalogie, les douloureux l’expropriation et la déportation de mes grands-parents maternels. Mais même les sympas ne le sont qu’à première vue : établis par les paroisses entre 42 et 44, portant la mention « RK » qui signifie catholique romain, ils sont pour certains barrés d’un sinistre tampon violet : »Csak zsidó törvénnyel kapcsolatban érvényes! » uniquement valable en rapport avec la loi juive ! et on comprend qu’ils ont été fournis à la demande des autorités fascistes pour prouver que nous étions aryens jusqu’à 5 générations. Une partie de la famille vient de Moravie, les certificats de mariage et de baptême sont en allemand et émanent du Protectorat de Bohême-Moravie, ainsi nommé après que les Allemands ont envahi la Tchécoslovaquie ; d’autres sont rédigés en serbe car suite au Traité de Trianon en 1920, la Voïvodine a été rattachée à la Yougoslavie et Szabadka s’appelle Subotica.

Ainsi, ces documents familiaux retracent notre histoire, et aussi l’Histoire.

Il faut juste savoir les faire parler.

La généalogie

Les noms des baptisés, leur lieu et date de naissance et de baptême ainsi que les noms et adresses de leurs parents sautent aux yeux, de même les noms des époux, la date et le lieu de leur mariage et aussi les noms de leurs parents et des témoins. Après je me suis amusée à faire des calculs. Les parents de ma grand-mère maternelle avaient plus de trente ans lors de leur mariage et étaient veufs tous les deux. Ma grand-mère est née 3 mois après, en 1894, surprenant, non ? Un ancêtre a épousé à 23 ans une gamine de 17 ans, sur sa photo de mariage en 1883, elle a un corset et une taille de guêpe. Elle a eu 15 enfants dont 10 sont arrivés à l’âge adulte, dont mon grand-père, et elle a l’air épuisé sur ses dernières photos…

J’ai ainsi remonté cinq générations du côté maternel et quatre du côté paternel.

Le métier des parents et des témoins figure aussi sur les certificats de mariage. J’ai donc vu que côté maternel Karl le sellier en Moravie a eu un fils, Johann, boulanger, dont le fils Móricz est devenu tapissier à Budapest. Le témoin du mariage de Johann était Móricz le boucher, également le parrain du petit garçon à qui Johann a donné son prénom. Le boulanger et le boucher du petit village de Radostin Nad Oslavu en Moravie devaient être de sacrés bons copains !

Côté paternel, on est fabricant de coffres en bois, puis aubergiste dans le sud, à Mohács, puis le fils « monte » à la capitale et devient vitrier et son fils, mon grand-père, expert-comptable. Il naît 5 ans avant le mariage de ses parents, en 1880, et épouse une jeune femme qui est la fille illégitime d’un artiste de cirque et d’une jeune fille de 18 ans qui lui donne son nom de famille à elle. Sans franchement avouer qu’elle est sa tante, la soeur de ce goujat prendra soin d’elle avec son mari, achetant un terrain à Buda et y faisant construire une maison que la famille a conservée jusqu’au début des années 90. Tout cela, les documents l’indiquent. Le père de ma grand-mère a fini par épouser une autre femme qui porte le même prénom et qui est originaire du même village slovaque que la mère de sa fille illégitime. L’a-t-il connue ? ça… les documents ne peuvent pas le raconter… Il est mort jeune.

Voici un exemple de ces documents, je sais que j’ai aiguisé votre curiosité. A gauche, baptême, à droite, mariage :

docs famille004docs famille003

Les documents politiques

Il y a tout d’abord ce petit feuillet, la décision administrative qui décrète que mon grand-père et ma grand-mère n’ont plus le droit d’habiter leur petite maison. Au verso figure leur nouvelle adresse, à l’est du pays, non loin de la frontière ukrainienne. Nous sommes le 21 juin 1951, ils ont 48h pour rassembler quelques affaires, ce lieu constituera une assignation à résidence « kényszerlakhely ». Du coup, il faut demander l’autorisation à la police de se déplacer hors du village pour une visite chez le médecin ou le dentiste. La réponse est parfois positive, parfois négative, au gré de l’humeur de l’officier de garde. Nagymama a conservé tous ces documents, du coup, j’en ai davantage que les archives de la police politique à Budapest qui m’a fourni une liste de déportés sur laquelle figuraient les noms de mes grands-parents et c’est tout ! J’en suis restée ébahie.

Voici donc l’arrêté d’expropriation, je vous fais grâce du reste :

docs famille001docs famille002

La boîte est chez Maman, j’ai désormais scanné tous les documents qui continuent à m’apprendre des choses. C’est passionnant !

Category: Hongrie
Tags: baptême, document, généalogie, mariage, politique
30 mars 2014 23 h 32 min
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Pécs – Les archives régionales

Notre arrivée

Le temps de descendre du train, d’aller à l’hôtel, de nous rafraîchir et de partir en ville, il est 11h30. Les archives ferment de 12h à 12h30 pour la pause déjeuner (oui, vous avez bien lu, une demi-heure pour des fonctionnaires, pas croyable, hein ?) donc nous nous dépêchons, Csilla et moi. Nous passons sous le porche, sonnons à l’interphone, la porte s’ouvre et dévoile un escalier. Je suis émue, il y a l’odeur des escaliers dans les vieilles maisons de Budapest où j’allais dans mon enfance…

Le bâtiment est typique des constructions de l’Empire au XIXème siècle : très haut de plafond, avec de grandes portes en bois et des parquets cirés. Interdiction de prendre des photos, quel dommage ! Nous frappons à l’accueil et entrons dans un vaste bureau où une jeune femme charmante nous invite à nous asseoir dans le coin salon. Ma cousine s’installe sur le canapé, moi dans un fauteuil en face. Entre nous, une table basse, sur laquelle on nous dépose des formulaires à remplir. Au mur, une énorme carte de la Hongrie de 1914 avec les régions perdues après la Première Guerre mondiale. La jeune femme nous explique comment remplir les papiers. Je crois qu’elle est impressionnée que je vienne d’aussi loin pour ces recherches généalogiques (et peut-être aussi, que je parle aussi couramment le hongrois). A force d’y habiter, je ne m’en rends pas compte, mais Paris est une ville mythique pour ces gens qui n’ont pas pu voyager « à l’Ouest » pendant tant d’années…

Les microfilms

L’archiviste a vu large : nous allons essayer de retrouver la trace de notre arrière-grand-père, né à Mohács, région de Baranya, en 1850 et de ses parents, mariés disons entre vingt et trente ans plus tôt dans la même ville. On nous a sortis les registres de naissance et de mariage de 1785 à 1900. Waouh ! On aura juste de 12h30 à 16h pour parcourir tout ça ! Un sentiment d’urgence nous habite, Csilla et moi, mais pour éviter les désillusions, nous nous mettons d’accord pour reconnaître que l’aventure est déjà extraordinaire en soi, si en plus elle aboutit à des résultats concrets, ce sera la cerise sur le gâteau.

La dame de permanence dans la salle de recherches nous montrera le vestiaire et nos casiers pour déposer toutes nos affaires et nous apprendra à manipuler les rouleaux. Pour l’heure, c’est le déjeuner.

Ma cousine Csilla devant les Archives

Ma cousine Csilla devant les Archives

Les registres de naissance

Sont photographiés les gros registres de la commune remplis par les prêtres qui enregistraient les naissances à l’époque. Y figurent les années mois par mois, les jours, lieux (en l’occurrence, Mohács), les noms des parents avec la profession du père, les noms des témoins et celui du curé. Nous décidons d’un commun accord que notre arrière-grand-père, Gyula Ignác, n’est peut-être pas l’aîné et nous remontons jusqu’à 1840. Nous nous focalisons sur la colonne des parents, je tourne la molette et déplace le film sur la loupe de haut en bas, suspense… Et bingo ! en 1842 apparaissent les noms des arrières-grands-parents ! Nous n’arrivons à déchiffrer ni le prénom calligraphié de l’enfant, ni la profession du père, sans doute en latin. La dame vient à notre aide : c’est Carolina, une petite fille, et l’arrière-arrière-grand-père fabriquait des coffres. Ces coffres en bois peint dans lesquels les paysans rangeaient leur linge au XIXème siècle, sans doute.

Je tourne la molette, tourne, tourne… Notre arrière-arrière-grand-mère avait-elle un secret pour ne pas concevoir rapidement ? L’idée nous fait rire quand tout à coup : un 2ème enfant ! Antal Venczell est né en 1845 et, selon la bonne vieille tradition, se prénomme Antal comme son père. Ce dernier tient désormais une taverne. En 1847 naîtra un 2ème garçon, István Gyula, et enfin notre ancêtre direct, Gyula Ignác, en 1850. Ce prénom, Gyula (Jules en français) va rester dans la famille, puisque ce sera celui de mon grand-père, dont on peut désormais supposer qu’il est le premier fils puisqu’il s’appelle comme son père. Ce sera aussi le 2ème prénom de mon père… J’aurais eu un fils, je l’aurais peut-être appelé Jules, qui sait ?

Les registres de mariage

Nous sommes ravies par nos découvertes, la dame archiviste se réjouit avec nous. Elle nous explique que les chercheurs ne repartent que très rarement plus en arrière que la personne recherchée et c’est dommage… Oui et un peu bête quand on a cette documentation impressionnante à disposition…

Nous voici dans les mariages, avec les années, les mois, les jours, les noms, âges et adresses des mariés, et les noms de leurs parents. Si nous trouvons là les parents de notre arrière-grand-père, nous remonterons une génération dans notre arbre !!! Imaginez notre excitation !!!

Nous faisons un rapide calcul : si Carolina est née en avril 1842, elle a été conçue vers juillet 1841. Nous décidons de commencer à 1835 pour être sûres. Les écritures sont calligraphiées en latin au début, parfois à moitié effacées, on va y laisser nos yeux ! Mais on s’accroche, ça vaut la peine !!! Il y en a eu, des mariages, dans la commune ! Mais pas nos arrières-arrières-grands-parents… On remonte lentement le temps, on dépasse même 1842, alors que Carolina est née légitime… Rien. Quelle déception ! Nous reepartons plus loin dans le temps, jusqu’à une date improbable, 1825, puisque cela aurait fait naître notre aïeul au bout de 25 ans de mariage de ses parents. Tant pis, nous ne sommes tout de même pas bredouilles…

Conclusion

Qu’avons-nous appris en une après-midi ? Notre aïeul avait une soeur et deux frères aînés, nos arrières-arrières-grands-parents étaient déjà mariés quand ils se sont installés à Mohács et notre arrière-arrière-grand-père a changé de métier et a eu une auberge pour finir. Nous projetons de chercher ses coordonnées dans un éventuel registre du commerce du milieu du XIXème siècle, si cela existe, et nous continuerons nos recherches sur les frères et la soeur de notre arrière-grand-père qui sont peut-être restés dans la région.

Et j’ai appris quelque chose d’extraordinaire de mon côté : les Hongrois avaient nommé les mois de l’année en fonction des fêtes religieuses. Cela nous donne, dans ma traduction :

Janvier : le mois de la Bienheureuse Vierge Marie ; Février : le mois du jeûne ; Mars : le mois d’après Carême ; Avril : le mois de St Georges ; Mai : le mois de la Pentecôte ; Juin : le mois de St Jean ; Juillet : le mois de St Jacques ; Août : le mois de la Nativité de la Ste Vierge ; Septembre : le mois de St Michel ; Octobre : le mois de Toussaint ; Novembre : le mois de St André ; Décembre : le mois de Noël.

L’archiviste de permanence nous indique que tout ce qui relève du Livret de Famille existe en double aux Archives de Budapest. Et notre carte d’entrée aux Archives de Pécs nous donne le droit de consulter les archives de tout le pays pour 2014. Alors, d’ici la fin de l’année, peut-être irons-nous à Óbuda ensemble… Nous nous sommes prises au jeu de ces recherches.

Category: Hongrie
Tags: aïeul, archives, arrière-grand-père, Pécs
7 mars 2014 22 h 39 min
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A la recherche de mes ascendants

Ma famille vient d’ailleurs

Chez moi, tout le monde est hongrois. Comme mes grands-parents sont arrivés en France deux ans avant ma naissance, ce sont eux qui m’ont gardée pendant que mes parents travaillaient. J’ai donc parlé hongrois d’abord. On raconte que j’ai voulu échanger avec un petit garçon dans la rue (déjà, la coquine !) et que, forcément, nous ne nous sommes pas compris, alors j’ai fondu en larmes. Une voisine a décidé de m’apprendre le français, et un beau jour : « Ça y est ! Domi parle français ! »

Dès lors, deux mondes se côtoient : à la maison, hongrois. A l’extérieur de la maison : français.

Chez nous tout est différent

A commencer par la nourriture. Ma grand-mère essaie de faire la cuisine « comme là-bas ». Il y a un épicier hongrois dans le Marais à Paris qui vend des saucisses au paprika, du salami, du boudin hongrois, etc. Quand nous allons chez lui, je dis bonjour en hongrois avec ma voix chantante de petite fille, il craque et me donne du salami avec un morceau de cornichon à la hongroise, trop bien ! Quand mes amies me demandent à l’école ce que j’ai dîné la veille, je dois me lancer dans des grandes explications, les noms des plats ne leur disent rien…

Et aujourd’hui encore, si tu veux me faire plaisir, fais-moi un pavé béarnaise bien saignant avec des frites maison, du camembert avec de la baguette craquante et du beurre, une mousse au chocolat, la quintessence du « repas français » inconnu à la maison et tellement bon ! Et maintenant tu peux rajouter un petit Côtes du Rhône sympa…

Nous sommes catholiques, mais chez nous le Père Noël correspond à St Nicolas qui vient le 6 décembre, et c’est le Petit Jésus – Jézuska – qui apporte les cadeaux le 24 décembre en fin d’après-midi. Nous décorons le sapin ce jour-là, avec des bonbons aussi, et chantons des cantiques traditionnels. Le lendemain, nous allons assister à la messe à l’église de la Mission catholique hongroise à République. A Pâques aussi, nous mangeons d’une certaine façon à partir du Jeudi Saint, nous nous abstenons de viande le Vendredi Saint et mangeons le « jambon de Pâques », jambon fumé cuit avec des oeufs durs le Samedi Saint.

Aux vacances scolaires, nous partons juste entre nous, contrairement à mes petits camarades qui retrouvent leurs cousins… Moi je ferai leur connaissance seulement à l’âge de 7 ans, et ne les verrai pas souvent, cela me rend triste et envieuse…

Du coup, j’ai envie d’en savoir plus sur le pays d’origine de mes parents et de mes grands-parents, je pose des questions, on me raconte…

Les documents

Il se trouve qu’en Hongrie, comme dans différents pays où les fascistes ont pris le pouvoir pendant la guerre, il a fallu prouver jusqu’à 5 générations qu’il n’y avait pas de juifs dans la famille. Oui c’est horrible, mais ces documents ont été conservés et ils servent aujourd’hui pour des recherches généalogiques : certificats de mariage et de baptême de l’église catholique, ils portent les noms des parents des mariés ou de l’enfant baptisé, leur adresse, le lieu et l’année de naissance de l’enfant, l’adresse des fiancés et le lieu de leur mariage.

Ma grand-mère avait des documents étonnants réunis dans une boîte dont je parlerai une autre fois. C’est ma mère qui les conserve, mais je les ai scannés et examinés en détails. J’ai commencé très jeune à m’intéresser aux histoires qu’ils racontent. Alors, l’une des fois où j’étais chez mon oncle, le frère de mon père, je lui ai demandé s’il avait l’équivalent. Il m’a tout sorti et j’ai pris des notes. A l’époque, il n’y avait que moi qui m’y intéressais. Mais cela a changé. J’ai désormais une aide précieuse.

Un projet de recherche

Ma cousine – nos pères étaient frères – a un an de plus que moi, quatre enfants et cinq petits-enfants. Elle a commencé il y a peu à réfléchir à l’histoire familiale. Il faut dire que de ce côté de la famille, nous avons une mémoire phénoménale. Son père et le mien aimaient raconter des anecdotes sur leur enfance et leur jeunesse, dont nous nous souvenons, et nous avons nos propres souvenirs. Elle a commencé à les rédiger pour les transmettre à ses descendants et s’intéresse du coup à notre généalogie. Nous avions déjà confronté nos connaissances au moment où son père lui a confié une caisse de photos et de documents. Je lui ai interdit d’y toucher avant que je ne sois là avec elle. Et nous avons passé une après-midi à tout éplucher. Fous rires et émotions ! Nous avons tout noté, tout scanné, et les plus jeunes peuvent nous demander ce qu’elles veulent, nous avons les réponses. Jusqu’à quatre générations et la ville de Mohács, dans le sud de la Hongrie. Pourquoi ne pas remonter plus loin ? Allez, c’est dit, nous allons descendre dans le sud et consulter ensemble les archives à Pécs, la capitale régionale. Tout est sur microfilm, nous avons pris rendez-vous, nous sommes lancées !

On en reparle à mon retour !

Category: Hongrie
Tags: famille, généalogie, histoire, hongrois, souvenirs
18 février 2014 22 h 51 min
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Les origines

Nous aimerions tous rester dans notre pays natal au milieu des nôtres, dans notre langue maternelle et notre culture d’origine, celles avec lesquelles nous avons grandi, celles qui nous ont donné nos repères. Mais parfois ce n’est pas possible. Nos conditions de vie ne sont plus acceptables. Chômage, pauvreté, conflits… L’émigration apparaît comme une solution, une réponse aux problèmes que nous affrontons. Il faut tenter sa chance ailleurs. L’émigré prépare son départ, a le temps d’échafauder un plan, plus ou moins solide certes, mais il sait en gros où il va et pourquoi. Il part avec l’espoir de pouvoir aider les siens, de leur rendre visite et de leur présenter la famille qu’il aura construite à l’étranger.

L’Exil

L’exil en revanche est soudain par nature. Bannissement ou question de vie ou de mort. Celui que l’on chasse a quelques heures pour faire ses bagages et partir sans se retourner, il ne sait pas s’il pourra revenir un jour. Celui qui fuit une situation intenable, dans la douleur et les larmes, laisse tout derrière lui. On lui a peut-être pris leur terre, on a détruit sa maison, sa vie est en danger s’il reste, la communauté le rejette. L’exilé va où on veut bien l’accueillir : c’est un réfugié, il a besoin d’un abri pour se protéger. Son départ est furtif, secret, angoissé.

Mes parents n’ont pas fui la Hongrie de cette façon mais se sont trouvés « coincés » en France. Diplomates en poste à Paris après la guerre, ils n’ont pas voulu rentrer lorsqu’ils ont été rappelés. On les aurait soupçonnés d’espionnage, emprisonnés, torturés. « La question ne s’est même pas posée », dit Maman, soixante ans plus tard. Ta propre vie n’est-elle pas plus précieuse que tes biens, tes souvenirs d’enfance, ta famille et tes amis ? La réponse du gouvernement communiste ne s’est pas fait attendre : vous démissionnez ? Alors vous n’êtes plus hongrois !

Ma soeur et moi sommes nées apatrides quelques années après, mes parents sont devenus français plus tard et n’ont pu retourner dans leur pays que dix-sept ans après l’avoir quitté. Bien sûr ils ont obtenu tout de suite le statut de réfugié politique, mais savait-on alors en France ce qui se passait derrière le Rideau de Fer ? Pas vraiment. La France aussi se remettait de la guerre, il y avait encore des tickets de rationnement en cette fin des années quarante. Chacun essayait de s’en sortir au mieux, l’Europe de l’Est c’était loin, il fallait avant tout panser les plaies de l’occupation allemande.

L’Exil intérieur

Mais plus difficile encore est la déportation à l’intérieur des frontières. Toujours dans le même pays, entouré de ses compatriotes qui parlent sa langue, l’exilé devient un paria. Il est banni au milieu des siens, dans un camp entouré de barbelés où il est forcé de travailler jusqu’à l’épuisement, ou dans un village où il est assigné à résidence.

Issus de la classe moyenne, mes grands-parents possédaient une petite maison avec un jardin dans un quartier résidentiel de Pest. On y a logé deux familles d’ouvriers après leur expulsion. Mes grands-parents ont été prévenus 48h à l’avance que leur maison était réquisitionnée et qu’ils allaient désormais vivre à Hajdúhadház, à l’Est du pays, près de la frontière ukrainienne. 48h pour dire au-revoir à la famille, aux amis ; donner ici une armoire, là une table, le service en porcelaine à la belle-soeur… Ramasser une vie en deux valises : photos, documents importants, souvenirs de leur fille unique qui ne peut pas rentrer les aider car elle est déjà réfugiée politique à Paris… Qui sait ce que chacun de nous emporterait en pareil cas ?

On est venu les chercher à l’aube dans un camion bâché, puis un train aux vitres opacifiées les a conduits vers l’Est. Mon grand-père allait avoir soixante ans… On les a logés dans le poulailler tout juste nettoyé et repeint d’une grande ferme dont les propriétaires ont été tenus par décret d’accueillir des familles entières dans le cadre de la « dékoulakisation ». Et oui : double punition ! On condamne les aristocrates, bourgeois, intellectuels, au travail manuel et on appauvrit les trop riches propriétaires terriens – koulaks en russe – en leur donnant des bouches supplémentaires à nourrir. Plus tard, la réforme agraire a contraint les paysans à entrer dans les coopératives sous les menaces et le chantage des commissaires politiques.

Après la mort de Staline en 53, ces assignations à résidence cessent, mais les Budapestois n’ont pas le droit de rentrer dans la capitale, à cause de la crise du logement. Mes grands-parents vivent avec le frère de ma grand-mère et sa famille, alors, lorsque les frontières s’ouvrent brièvement en 1956, ils demandent et obtiennent un passeport d’émigration pour s’en aller. Ce document est valable pour tous les pays sauf la Hongrie : tu pars, mais tu ne reviens pas. C’est un deuxième exil, cette fois dans un pays et une langue inconnus. Que leur restait-il ? Leur langue, leur culture, leurs valeurs. C’est ce qu’ils nous ont transmis, avec beaucoup, beaucoup, d’amour. Qu’ils en soient remerciés ici une fois encore.

Category: Hongrie
Tags: déportation, exil, grands-parents, hongrois, parents
29 décembre 2013 19 h 34 min
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Noël à Budapest

Aller à Budapest, ce n’est pas tout à fait partir en voyage. Mais contrairement à toute ma famille, je suis née à Paris, donc je ne peux pas dire non plus que je rentre « au pays ». Et en même temps, je n’arrive pas dans un pays étranger… Vous avez dit compliqué ? origine étrangère, double culture…

Noël est une fête très importante en Hongrie. Le 24 décembre, tous les commerces et les cafés ferment entre 14 et 15h, les gens rentrent chez eux et les enfants attendent la visite du Petit Jésus. Oui, c’est le petit Jésus qui apporte les cadeaux sous le sapin, que l’on décore dans la journée. Le 25 décembre, toute la famille se réunit : frères et soeurs, cousins, oncles, tantes, enfants et petits-enfants. On chante un cantique et les enfants ont des cadeaux, confiés pour eux aux adultes par le Petit Jésus. A Paris, nous sommes deux, Maman et moi. Là, nous étions 35 ! Beaucoup de joie, d’humour et d’amour !!!

Category: Hongrie
Tags: Budapest, famille, Maman, Noël
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