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#roman

6 novembre 2018 23 h 46 min
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La Disparition de Jim Sullivan – Tanguy Viel

Je n’avais rien lu de cet auteur, et celui-ci m’a été suggéré par un blogueur dont les goûts sont proches des miens, dans une chronique publiée dans une communauté Google+, bienvenue au XXIème siècle !

Quoi de plus délicieux, que de découvrir un auteur, quand on aime lire ?

Tanguy Viel nous prévient tout de suite : lui, l’écrivain français, a eu envie d’écrire un roman américain avec des personnages américains vivant dans un lieu américain, ressentant des émotions américaines. Cliché ? Imitation ? Loin de là ! Ce roman postmoderne construit en abyme raconte une histoire en train de s’imaginer dans l’esprit de l’écrivain qui s’inspire de ce qu’il connaît de la littérature et de la culture américaines. Alors, non seulement le lecteur est embarqué dans une histoire de divorce, d’alcoolisme, de délinquance et de déchéance, comme les écrivains américains savent les écrire, mais Tanguy Viel nous dévoile les ficelles de cette narration, de la construction de cette fiction. Il nous explique ce qu’un écrivain américain aurait développé à partir de telle ou telle scène, ce qu’il aurait révélé des personnages et donc que lui, écrivain français voulant écrire un roman américain, se doit d’écrire aussi.

Et la conclusion de tout cela nous entraîne dans la réalité imaginaire d’un roman américain pur jus. Et Tanguy Viel piège ainsi son lecteur avec un final grandiose et inattendu, magistral. C’est court, ça se déguste comme un whisky soda juste avant le barbecue, c’est délectable !

Extrait :

Pour tout dire, j’ai pensé longtemps que mon livre commencerait là-dessus, sur ce grand dîner qui poserait tous les personnages ensemble et donnerait une vraie idée de l’Amérique, à cause de plusieurs romans que j’avais lus qui commençaient  comme ça, sur une grande scène où il ne se passe rien mais qui permet de présenter tout le monde.
J’ai longtemps réfléchi à ce qu’un romancier américain aurait fait avec ça, un dîner dans l’Amérique blanche du Michigan, avec Dwayne qui ferait griller deux kilos de boeuf sur sa terrasse, avec l’odeur des pins et les conversations autour du base ball, avec Ralph et Becky qui se joindraient à eux pour que Dwayne soit moins seul.

Category: Littérature
Tags: américain, Jim Sullivan, roman, Tanguy Viel
1 juillet 2018 20 h 32 min
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Lectures dans le métro

Des lectures clin d’oeil dans le métro

Il y a en gros trois personnes sur quatre (oui on est assis deux face à deux dans le métro parisien) qui consultent leur smartphone – jouent à un jeu débile, regardent une série ou discutent avec trois personnes à la fois sur trois réseaux sociaux différents et publient sur un quatrième.

Et puis il y a ceux qui lisent. Des livres. En format papier. Wao !

Debout aux heures de pointe :

 

Ou bien confortablement installé.e.s malgré le sac et les voisins à l’étroit :

 

 

 

Alors c’est quoi ? Moi ça me passionne ! Le dernier polar islandais, le dernier Musso, Bussi, Gavalda… et parfois des auteurs qui sortent de nulle part dont les titres sont totalement inconnus ! Moi qui fréquente assidûment les librairies et lit des journaux littéraires, je me demande parfois comment telle personne a pu acheter ce livre, où elle en a entendu parler, est-ce son libraire qui le lui a conseillé car oui, il existe encore des libraires passionnés qui conseillent leurs fidèles clients avec coeur ? Je suis presque vexée de ne pas connaître ce roman, j’ai presqu’envie de demander à son lecteur, sa lectrice, de qui, de quoi il s’agit. J’essaie de retenir le nom de l’auteur ou le titre mais je n’y parviens pas.

Il y a les gens qui lisent en anglais, en italien, en espagnol, en polonais, en japonais (je reconnais grâce aux kana), en arabe ou dans des langues plus rares, c’est intriguant.

Mais parfois…

Des livres nous font des clins d’oeil de connivence, des petits signes d’amitié, des « Tu te rappelles ? Tu m’as aimé autrefois ? » Et ouiiii ! Souvenir ému ! On a envie de serrer leur lecteur dans nos bras, de s’extasier avec lui ou elle : Oh quelle chance tu as de découvrir Robin Hobb ! J’ai lu ses trois trilogies en anglais, c’est époustouflant ! Oh, tu lis Cent ans de Solitude de Gabriel Garcia Marquez, quel bonheur, je l’ai lu il y a tellement longtemps !

Et plus fort : Je lis par-dessus l’épaule de mes voisins car tout signe imprimé attire immédiatement mon regard. Et parfois, je reconnais un style, un environnement, une imagination particulière et… j’attends l’indice révélateur ! Je me souviens d’une fois, en particulier, où j’étais persuadée que ma voisine lisait l’un des tomes de Dune, sans doute l’un des prequels du fils de Frank Herbert et tout à coup, paf ! Le personnage qui parle s’appelle Harkonnen ! Banco ! J’avais gagné ! Ce sont des petites complicités joyeuses qui font plaisir dans l’univers pressé et agressif des usagers du métro. Et cela me réjouit toujours de voir qu’un inconnu apprécie un univers imaginaire où j’ai eu grande satisfaction à me promener.

Le livre me fait un petit signe d’amitié, mais son lecteur, sans le savoir, se connecte à mes rêves le temps d’un trajet en commun.

Category: Littérature
Tags: lecture, livre, métro, roman
5 mars 2017 22 h 31 min
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A lire absolument ! Un roman étonnant !

Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants de Nadia Hathroubi-Safsaf

Livre Nadia Hathroubi-Safsaf

 

J’aime les romans historiques, les romans qui parlent d’un sujet méconnu dans une période de l’Histoire très connue. J’aime quand des personnages très réels m’expliquent, avec leur vécu, ce qui se passe ou s’est passé à grande échelle. Ici, en l’occurrence, il s’agit du conflit israélo-palestinien de nos jours, de la situation des Algériens en France avant et pendant la guerre, et aussi d’un épisode de l’Occupation dont on a peu parlé.

 

 

 

Leïla, jeune journaliste d’origine algérienne et Anne, jeune fille d’origine juive algérienne, sont amies d’enfance. Une partie de leurs familles se connaît aussi depuis l’enfance. Anne est tombée amoureuse de Younès, musulman, mais ne le présente pas à ses parents et cette relation difficile la rend agressive. Leïla rencontre les femmes en noir qui manifestent chaque semaine aux Halles contre l’occupation des territoires en Palestine et réalise un petit reportage. Parmi elles, il y a Ruth, rescapée des camps de la mort nazis qui dit à Leïla : « Ce n’est pas pour faire ça à un autre peuple que nous sommes revenus des camps. » Ce point de vue féminin sur le conflit pousse Leïla à partir réaliser un documentaire en rencontrant des femmes sur place. Victime d’un bombardement israélien, elle est rapatriée à Paris et subit la colère d’Anne qui défend Israël avec véhémence. Leurs parents leur disent de se calmer car elles parlent de choses qu’elles ne comprennent pas. Journaliste dans l’âme, Leïla pose des questions. Salah, son grand-père et Charles, le grand-père d’Anne, ont un passé commun dont personne ne veut parler. Charles vit encore mais n’a plus toute sa tête, on ne peut lui parler du passé. La grand-mère de Leïla a connu Salah après la guerre, au moment de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Or, le 17 octobre 1961, Salah est parti à la manifestation pacifiste des Algériens et n’est jamais revenu, alors on ne parle pas de lui car c’est trop douloureux. Mais cette fois, Leïla veut des réponses à ses questions. Sa grand-mère lui parle des carnets qu’écrivait Salah pendant la guerre et finit par les lui confier.

Arrivé en France en 1939, Salah a écrit un journal pour le lire plus tard à Khadija, sa soeur préférée restée au pays. Leïla découvre soudain que son grand-père a fait partie d’un réseau de résistants kabyles à l’occupation allemande, que des musulmans ont caché et sauvé des juifs et que Salah a aidé Charles et sa famille à sortir de Paris ! Dès lors, elle n’aura de cesse de le faire reconnaître comme Juste parmi les Nations.

Je ne vous en raconte pas plus, Nadia a fort habilement intercalé le récit de ce que vivent les deux amies avec des passages du journal de Salah qui décrit le quotidien des Parisiens pendant la guerre. Elle cite en entier le tract rédigé en kabyle et en français au lendemain de la rafle du Vél’ d’Hiv’ :

Tract Vél' d'Hiv' amazighTract Vél' d'Hiv' français

Pourquoi un tel livre est utile, en plus d’être émouvant et bien construit ? Parce que nous avons pris la mauvaise habitude de lire et écouter les infos en direct, sans recul, sans analyse, sans chercher à les comprendre, ni à les décrypter par notre connaissance de l’Histoire, de la géopolitique et surtout, sans essayer d’aller vers les autres, autres cultures, autres histoires… Et nous souffrons tous de cette incompréhension mutuelle, de cette méconnaissance des événements qui nous ont amenés là où nous sommes aujourd’hui. Alors un roman dont les personnages sont attachants et qui dévoile un épisode de la guerre où des hommes ont été solidaires indépendamment de leurs origines et de leur religion, par les temps qui courent, ça fait du bien ! Et c’est inspirant : je réfléchis sérieusement à écrire l’histoire de ma famille sous forme de roman car oui, j’en ai assez qu’on me dise que la Hongrie est un pays fasciste !

Alors je dis merci à Nadia Hathroubi-Safsaf et je vous encourage vivement à lire son roman !!!

Category: Littérature
Tags: Algérie, conflit israélo-palestinien, histoire, juifs, Occupation, roman
6 mars 2016 23 h 05 min
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Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie

Delphine de Vigan, d'après une histoire vraie

Le roman récent d’un auteur français mondialement connu… qui me tombe des mains !

 

 

 

 

 

Pourquoi ne devrait-il être question ici que de mes auteurs cultes ou des ouvrages que j’ai adorés ? Suis-je hypocrite ou lèche-bottes ? Non ! Alors mon blog devrait-il l’être ? Non plus !

C’est mon premier Delphine de Vigan, dont les romans figurent toujours en bonne place dans les librairies. Même celui-ci, je suis sûre que vous l’avez vu partout, ou abondamment lu dans les transports depuis sa parution. Je profite de ce que Maman, qui connaît déjà l’auteur, inscrive ce roman sur sa liste de Noël, pour y jeter un oeil.

D’abord le titre : il y a une histoire vraie, ce serait donc autobiographique… Mais attention, ça commence par d’après ! Ce serait donc plutôt de l’autofiction, ce genre mis à la mode par Christine Angot (que je n’ai pas lue) ou Catherine Millet (pareil). En somme, il s’agirait de raconter une histoire vraie en brodant dessus, privilège de l’écrivain. Mouais, admettons…

Dès le début, nous savons que Delphine a failli ne plus jamais écrire et qu’après coup, elle s’est rendu compte que c’était à cause de l’influence d’une femme, L. Voici le pitch, comme on dit maintenant : Delphine, donc, a écrit un roman qui a fait des remous dans la « vraie » vie autour d’elle, dans sa famille notamment. Il a aussi eu un écho très fort chez ses lecteurs qui se confient à elle. C’est incroyable, émouvant, mais aussi épuisant au fil des dédicaces. C’est alors que Delphine rencontre L. à qui elle va petit à petit se confier comme à une interlocutrice très compréhensive et exclusive aussi. L. ? Mais oui, comme l’histoire se fonde sur des faits réels (c’est moi qui souligne), on ne peut citer le prénom de cette femme sans risquer de lui nuire ! Elle sera donc désignée par son initiale – la vraie ou une inventée ? On ne sait pas et, j’allais dire, on s’en fout. Car à ce stade de l’histoire, on a compris que cette fameuse L. a pourri la vie de cette pauvre Delphine en l’empêchant d’écrire son roman suivant, par une sorte de castration de la création. Or, ce choix d’initiale crée un ridicule, sans doute involontaire, dans des passages tel que celui-ci : L. s’est arrêtée en bas de chez moi. Elle m’a souri et remerciée. Sans doute simplement par cette phrase « merci d’être venue avec moi », mais prononcée comme si je venais de l’accompagner pour un examen douloureux à l’hôpital ou l’annonce d’une grave maladie.
J’ai ressenti une sorte d’élan vers elle, l’envie de la prendre dans mes bras.
En vertu d’une intuition étrange, je me rappelle m’être dit que L. n’avait pas toujours été la femme ravissante et sophistiquée que j’avais devant moi. Quelque chose en elle, quelque chose d’enfoui, à peine perceptible, indiquait que L. revenait de loin, d’un territoire obscur et fangeux, et qu’elle avait fait l’objet d’une phénoménale métamorphose. 

Vous voyez ce que je veux dire ? L. et elle… elle et L. c’est un peu too much dans le style, pour moi en tout cas. Et, le roman étant centré sur cette pauvre Delphine qui perd ses moyens d’écrivain, L. reste une énigme. Donc on se moque éperdument de l’ascendant qu’elle prend sur la narratrice, puisqu’on ne la connaît pas mieux à la moitié du roman qu’au début. Parti pris de l’auteur : « Je raconte l’histoire à la première personne, donc ce que je ne sais pas ou ne comprends pas, mon lecteur ne doit ni le savoir, ni le comprendre avant moi. » Oui mais du coup, ce récit plat et factuel, où les sentiments, les impressions et les faits sont décrits de la même façon, ne parvient pas à retenir notre attention. En tout cas la mienne. Il ne s’agit pas non plus d’un processus de narration où, pour maintenir le suspense, on nous révèle le caractère d’un personnage petit à petit. Il n’y a aucun suspense ici. Et même les discussions entre Delphine et L. sur l’utilité du roman à notre époque, avec forces citations de Barthes, ne parviennent pas à éveiller notre intérêt. Tout cela, on l’a lu ailleurs, merci beaucoup.

On a envie de dire : « Alors Delphine, tu as rencontré quelqu’un de toxique qui t’a coupée de ta créativité d’écrivain, tu t’en es sortie et tu en as fait un roman, ben alors bravo, c’est cool ! Il te fallait 479 pages pour nous raconter ça ? Moi j’en suis à 193, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de continuer à m’ennuyer… » C’est dur ? Pas sympa ? Peut-être… Disons que c’est mon opinion et que je l’exprime en toute liberté. Cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de cet auteur, juste pour voir, je ne suis pas bornée non plus…

Category: Littérature
Tags: autofiction, Delphine de Vigan, histoire vraie, roman
3 février 2016 22 h 13 min
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Laurent Binet : La septième fonction du langage

Laurent Binet La septième fonction du langage

Un thriller sémiologique et linguistique !

Ce roman sera cryptique, voire un peu difficile, pour tous ceux qui n’ont pas fréquenté les milieux universitaires au début des années 80. Je leur conseillerais de se laisser porter par l’histoire, de faire éventuellement quelques recherches sur les principaux protagonistes, qui ont tous existé et dont certains sont encore en vie. L’auteur rend très vivante l’ambiance de ces années-là et c’est à la fois drôle et instructif.

L’histoire débute avec l’accident de Roland Barthes, renversé par une camionnette à l’issue d’un déjeuner avec Mitterrand en 1980 et qui décède à l’hôpital Cochin quelques temps après. Son portefeuille a disparu, cet accident est suspect, on dépêche donc à son chevet un inspecteur de police, le commissaire Jacques Bayard, qui va très vite s’adjoindre un jeune professeur de Vincennes, Simon Herzog, pour l’enquête. Bayard ne connaît rien à la sémiologie dont Barthes est le grand ponte, ce qui donne lieu à des scènes très cocasses.

Laurent Binet construit alors une histoire rocambolesque centrée sur les six fonctions du langage, convoquant sans vergogne tout le gratin psychanalytico-linguistico-philosophique de l’époque : Foucault, Lacan, Derrida, Althusser et sa femme, Bernard-Henri Lévy (ridiculisé à souhait : incognito, il porte à une soirée une chemise noire !), Todorov, Kristeva (de mèche avec les agents bulgares aux parapluies assassins) et bien sûr Sollers puis, dans un épisode américain saisissant, Jakobson en personne… A Bologne, qui d’autre rencontrent nos enquêteurs si ce n’est Umberto Eco ?

Car il existerait une septième fonction du langage, performative, qui ferait exister une chose nommée, comme par exemple le chevalier adoubé par le Roi le devient sur-le-champ et le « Je te fais chevalier » du Roi crée de fait un chevalier.
Comme l’explique Eco : « Imaginons que la fonction performative ne se limite pas aux quelques cas évoqués. Imaginons une fonction du langage qui permette, de façon beaucoup plus extensive, de convaincre n’importe qui de faire n’importe quoi dans n’importe quelle situation. » « Celui qui aurait la connaissance et la maîtrise d’une telle fonction serait virtuellement le maître du monde. Sa puissance n’aurait aucune limite. Il pourrait se faire élire à toutes les élections, soulever les foules, provoquer des révolutions, séduire toutes les femmes, vendre toutes les sortes de produits imaginables, bâtir des empires, escroquer la terre entière, obtenir tout ce qu’il veut en n’importe quelle circonstance. »
Il faut donc que les deux enquêteurs mettent la main sur toutes les copies qui la décrivent avant que quelqu’un ne s’en empare pour son bénéfice personnel ! En attendant, des hommes meurent, des doigts sont coupés, la gare de Bologne explose, le jeune Simon risque sa vie en quittant l’amphithéâtre où il enseigne dans une sécurité relative, et nous, nous suivons Laurent Binet dans ce suspense haletant et parsemé d’humour, comme nous l’avons suivi à Prague dans son précédent roman, HHhH, paru en 2010 et qui relate l’attentat contre Heydrich en 1942.

Voici donc un deuxième roman tout aussi passionnant, drôle et culotté, paru en 2015. Peut-être devrons-nous attendre un peu avant le troisième, mais qu’à cela ne tienne, nous serons au rendez-vous, M. Binet !

Category: Littérature
Tags: linguistique, roman, sémiologie, thriller
5 octobre 2015 20 h 50 min
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Anna Rozen, J’ai eu des nuits ridicules

Qui n’en a pas eu ?

Un amant maladroit ou qui nous laisse en plan, une soirée qui ne se termine pas comme on l’avait prévu, un partenaire que l’on n’aurait jamais imaginé avoir nu dans son lit… les causes de ridicule sont nombreuses ! Dans son dernier roman, Anna Rozen décrit avec beaucoup de dérision des amis bobos et assène au passage des vérités l’air de rien. Car, contrairement à l’autre Anna (Gavalda), Anna Rozen aime bien que ses personnages pratiquent l’auto-dérision, conscients que leur vie, bien que très privilégiée, pourrait être meilleure.

Anna Rozen : J'ai eu des nuits ridicules

Son héroïne, Valérie, travaille chez elle pour une « boîte de prod télé » en réécrivant des scénarios de téléfilms mal fichus. Ses amis proches sont un journaliste bourru, une productrice de « talk-show » télévisuel très glamour, un artiste homosexuel très cash qui l’emmène dans des vernissages mondains. Sa vie pourrait être très sympa, elle approche la quarantaine en vivant dans un quartier réhabilité, boulevard Richard-Lenoir,  où s’installent des cafés à la mode, elle plaît aux hommes, tout va bien semble-t-il. Mais voilà, Thaddée, son amant préféré, est parti en Italie avec « sa régulière » et elle s’aperçoit que leurs 5 à 7 lui manquent terriblement. Elle en veut donc à la terre entière de ce sentiment de frustration. C’est alors qu’en rentrant à pied chez elle après un vernissage où elle a un peu bu, elle rencontre le jeune Etienne qui la supplie de l’héberger. Bien sûr elle refuse, mais il la suit jusque devant sa porte, alors elle le laisse monter. Il a « quatorze ans bientôt quinze » et ne veut rien dire. Valérie est tour à tour attendrie et exaspérée par son jeune hôte, sous les sarcasmes de ses amis qui la traitent de cougar. C’est par hasard qu’elle découvre l’identité de ce jeune fugueur qui lui a juste révélé son prénom et c’est en insistant sur son histoire, puisqu’en l’hébergeant elle est complice de sa fugue, qu’elle comprend ce qu’il fuit chez lui. Anna Rozen nous montre la frontière entre attachement affectueux et sexualité débridée, entre une vie bien réglée avec des frustrations somme toutes anecdotiques et de réelles détresses. Cela, avec beaucoup d’humour. Un extrait ? Avec plaisir :

    A une époque où on reste actif jusqu’à la mort (sexuellement s’entend, parce que côté boulot, le système en vigueur aurait plutôt tendance à vous éjecter dès la cinquantaine), une trentaine bien tassée n’a rien d’inquiétant, on peut encore se considérer comme jeune, surtout si on vit entre trentenaires.
Quant à la crise de la quarantaine, qui la guette n’en doutons pas, elle l’envisage avec humour, pour l’instant… Je crois que c’est tout.

Ce « Je crois que c’est tout » conclut des descriptions de fins de chapitre dans une forme de spontanéité très immédiate, très parlée, très post-moderne. Mais Anna Rozen n’en abuse pas et son récit n’est pas du tout déconstruit. Entre deux ironies, elle montre aussi le côté réellement grave de la situation :

    Le visage égaré d’Etienne disait assez quel genre de sale genre de brutalité il avait dû subir. Tellement, que Valérie se sentait perdue. Le prendre dans ses bras lui paraissait déplacé, autant que de le laisser tout seul sur le canapé, se débattre avec de douloureuses réminiscences.

Je ne raconte pas la suite car je vous laisse la découvrir si vous avez envie de lire ce roman très contemporain, très agréable. C’est un peu comme manger des sushis ou un repas chinois : sur le moment, on se sent rassasié, mais une heure après on a faim. En même temps, a-t-on toujours envie d’un cassoulet qu’on met des heures à digérer ?

Anna Rozen a aussi un blog, qui lui ressemble forcément donc il est rigolo, attendrissant et drôlement sympa. Si ça vous intéresse, cliquez ici

Category: Littérature
Tags: Anna Rozen, bobos, fugue, roman, trentenaires
29 mars 2015 22 h 12 min
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Dérives sur le Nil – Naguib Mahfouz

photo 2 (15)

Un dépaysement géographique et psychologique

« L’Egypte est un don du Nil », a écrit Hérodote. Cairote, l’écrivain Naguib Mahfouz en a fait un lieu central de ses romans. Premier et unique écrivain de langue arabe à avoir reçu un Prix Nobel de littérature, Mahfouz est surtout connu pour ses premiers romans historiques ou pour sa trilogie du Caire où il célèbre le quartier qu’il habitait.

 

Ce court roman, paru en 1966, raconte l’histoire d’Anis, un fonctionnaire quadragénaire distrait qui se moque sans cesse de lui-même et trouve la vie absurde. Chaque soir, il rêve en contemplant le coucher du soleil, une baleine sort parfois la tête de l’eau à sa hauteur, il a des visions et pense à l’aube de l’humanité, à la grandeur de l’Egypte, à la reine Cléopâtre et les multiples étoiles dans l’infini de l’univers le consolent de ses avanies présentes. Ses amis qui pensent comme lui le rejoignent pour fumer le narguilé sur sa péniche amarrée au bord du Nil. Leurs dialogues alternent entre des potins commentés de façon ironique et inconséquente et des déclarations intempestives motivées par l’ivresse provoquée par le haschich. Tout se termine toujours par d’immenses éclats de rire. Ragab, le bel acteur aux multiples conquêtes, amène d’abord une jeune étudiante qui sera acceptée dans le groupe, puis une célèbre journaliste qui se dit sérieuse. C’est comme une provocation pour les amis. Suit un débat philosophique entre le sérieux, l’humour, l’absurde, l’amour, le sérieux de l’amour, l’absurdité de la vie, jusqu’au retour brutal à la réalité, alors que justement le haschich vient à manquer…

Le burlesque des dialogues laisse soudain place à des réflexions philosophiques, le tout entrecoupé de passages d’une poésie fulgurante. Cela crée un effet déroutant pour l’occidental cartésien que nous sommes : nous nous laissons bercer sur la péniche qui tangue dès que quelqu’un y monte ; le rituel du narguilé dont Anis ranime les braises et dont le vieil homme qui l’assiste, serviteur un brin factotum âgé et pieux à la fois désabusé et sage, vient régulièrement changer l’eau, nous est étranger et tout aussi exotique que les parfums lourds des fleurs et les ombres des palmiers sur la route.

Petit extrait :

  Le narguilé circulait et les yeux se voilaient de sommeil. On porta le foyer sur le pont pour vider les cendres. La braise rougit, puis crépita, couronnée d’étincelles.Anis s’approcha du pont, pour humer l’air humide de la nuit. Il s’absorba dans la contemplation du feu, offert à son étrange magie. Il se dit que personne ne connaissait mieux le secret de la force que le delta du Nil.

 

Doit-on en conclure que les Egyptiens sont enclins à se moquer de tout, et avant tout d’eux-mêmes, face à l’absurdité de leur vie dans les années soixante ? C’est en tout cas ce que semble nous dire Naguib Mahfouz dans cette fable à l’humour grinçant.

 

 

Category: Littérature
Tags: écrivain, Egypte, Naguib Mahfouz, Nil, roman
16 mars 2015 22 h 58 min
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Shantaram, un roman de Gregory David Roberts

Autobiographique… Picaresque… Philosophique !

L’auteur, Gregory David Roberts, est né à Melbourne en 1952. Etudiant prometteur, écrivain talentueux, il bascule dans l’héroïne au moment où son mariage bat de l’aile et il perd la garde de sa fille. Pour alimenter son addiction, il commet des vols à main armée… avec un faux pistolet, ce qui lui vaut le surnom de « Gentleman Bandit ». Néanmoins arrêté, il est incarcéré pour 19 ans, torturé par les gardiens, menacé en permanence par les autres prisonniers. Il parvient à s’évader, part en Nouvelle-Zélande, puis en Inde, en Afrique et en Europe. Rattrapé en Allemagne, il purge sa peine en partie là et en partie en Australie, où il est extradé. Shantaram raconte son évasion et son séjour en Inde.

Il apprend le marathi à Bombay, au Maharashtra, puis le hindi, l’ourdou… Il vit dans un bidonville quand son visa expire et y fonde une clinique gratuite (son surnom australien est « Doc Smith » car il possède des rudiments de médecine), puis il est employé par un parrain de la mafia, afghan, qui l’entraîne dans la guerre contre les Russes fin 1985 dans la région de Kandahar. Commerce illégal de devises, fabrication de faux passeports et de fausses cartes de crédit, il touche un peu à tout et participe même au tournage de quelques films de Bollywood dont l’industrie explose ces années-là.

Tout cela est décrit avec forces détails dans Shantaram, qui est le nom qu’on lui donne dans le village indien de son ami Prabaker. Je vous laisse découvrir ce qu’il signifie.

Le narrateur nous décrit chaque événement tel que l’auteur l’a vécu : il y a les sons, les odeurs, les sensations physiques, les sentiments et l’action elle-même. Et puis il y a le recul avec les années qui ont passé, l’analyse en profondeur des motivations et des sentiments de chacun, y compris les siens.

Voilà ce qui fait de ce roman non seulement un récit d’aventures, mais une analyse très fine de l’amour, de l’amitié, de la trahison, de la confiance, du deuil, de la vengeance, de la souffrance – physique et morale -, de la loyauté… Bref, de tout ce qui construit une vie. Chaque chapitre commence par une réflexion sur l’un de ces thèmes, alors que le précédent s’est souvent terminé sur une action violente, un revers, un basculement du destin.

Et ce qui est formidable dans un roman de plus de 800 pages, c’est que le héros devient un ami que nous avons hâte de retrouver chaque jour.

A la fin du dernier chapitre, le narrateur est appelé à d’autres aventures, je me suis dit que les choses ne pouvaient en rester là… Et bien la suite est parue le 1er janvier ! en anglais cependant… Je me suis laissé dire que la traduction de Pierre Guglielmina était remarquable, le roman est paru en poche chez J’ai Lu, à vous de voir. Moi je vais lire la suite en anglais également, le style de l’auteur est fluide, simple mais très beau et agréable à lire, avec un sens du suspense très affiné. Je vous dirai ici ce qu’il en est, cela s’intitule The shadow of the Mountain, l’Ombre de la Montagne, tout un programme !

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Et voici l’auteur, sympa, non ?

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Que nous apprend-il, au fond ? Que le plus important dans la vie, c’est la liberté, et pour être libre soi-même, il faut laisser leur liberté aux autres, une autre façon de lâcher prise et de pardonner à ceux qui nous ont blessé.

Category: Littérature
Tags: Australie, Bombay, Inde, prison, roman
30 mai 2014 17 h 24 min
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Fictitious dishes ou « La littérature, on en fait tout un plat ! »

Une idée géniale, un beau livre

On se souvient tous d’un plat emblématique d’un roman qu’on a aimé n’est-ce pas ? Moi ce sont les sandwichs aux oeufs dur du Club des cinq, le melon – jambon de parme – rosé du Marin de Gibraltar ou encore le gâteau au chocolat dans une nouvelle de Rosamond Lehmann.

Designer et écrivain, Dinah Fried aime la littérature et se souvient des classiques qu’elle a lus, aussi bien pour l’histoire qu’ils racontent et leur style que pour un plat décrit par le narrateur. Pour elle, manger et lire sont deux activités également nourrissantes. Un bon plat et un gros roman se digèrent lentement, et qu’est-ce que c’est bon ! La couverture de ce livre au format à l’italienne résume déjà tout :

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Kerouac et la tarte aux pommes, Melville et une soupe de clams, la madeleine de Proust, le boeuf en daube de Virginia Woolf, le thé d’Alice au pays des merveilles, le gros gâteau de Madame Bovary, l’avocat au crabe de Sylvia Plath, des loukoums pour Narnia… Chaque page de gauche cite l’extrait du roman qui décrit la scène où le plat est mangé, la page de droite le met en scène de façon adaptée : sur du sable pour Robinson Crusoe, du bois brut pour Huckleberry Finn, du lino pour l’Attrape-coeur… Les notes nous indiquent les habitudes alimentaires de l’auteur, nous expliquent la particularité d’un ingrédient ou donnent un éclairage sur la scène où le plat est mangé (ce qui arrive après par exemple). Pour vous rendre compte :

photo 2 (11)photo (38) L’auteur a préparé elle-même les plats et les a mis en scène pour les photos, choisissant les nappes, les couverts, etc…

Dans une dernière partie, elle résume l’intrigue de chaque roman et donne une bibliographie, citant non seulement les romans figurant dans le livre, mais aussi les articles qui l’ont aidée à composer les plats. Et non, les recettes n’y ont pas été incluses, on n’a qu’à imaginer, comme l’auteur, comment chaque plat a été réalisé, ou chercher sa recette ailleurs. Ici, c’est le plaisir des yeux : description du plat, image…

Category: Littérature
Tags: plat, recette, roman
5 avril 2014 23 h 34 min
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Marguerite Duras

Une centenaire et des hypocrites

Marguerite Duras aurait eu 100 ans hier. Les journaux en ont parlé, c’est un auteur reconnu, elle est dans la Pléiade, c’est dire ! Je ne peux pas m’empêcher de ressentir un vague dégoût en lisant ces hommages. De son vivant, elle n’était pas la favorite de ces messieurs critiques littéraires. Son style minimaliste, à la limite de la faute de français, ne leur plaisait pas vraiment. On s’est moqué d’elle, on l’a pastichée, peu d’intellectuels l’appréciaient… Et alors tout d’un coup, elle entre dans le patrimoine sacré des Lettres Françaises ? Elle dont on a raillé la vie tumultueuse, parlant de son alcoolisme, de sa liaison étrange avec un homme plus jeune (dans ce sens, c’est toujours inacceptable et choquant, le jeune homme passant pour un gigolo, un profiteur douteux, alors que les hommes se glorifient de leur liaison avec une femme de vingt ou trente ans leur cadette). Moi je n’ai pas attendu ce moment pour aimer ses livres et l’admirer.

Petite biographie

Elle est née en Indochine, ça tout le monde le sait. Elle y a passé une enfance et une adolescence tristes et misérables, avec son père professeur de mathématiques et sa mère institutrice dans une école d’une région éloignée de Saïgon. Un frère opiomane, une mère qui lui préférait le fils aîné et qui a acheté des terres inondables par la mer, incultivables, dont elle n’a jamais pu récupérer l’investissement. Marguerite arrive à Paris, se lie à la Résistance, son mari est déporté et sera rapatrié par des amis alors qu’on l’avait déjà mis avec les mourants irrécupérables du camp… Puis les films après l’écriture, une autre forme d’avant-gardisme pas toujours bien compris. Enfin, une grande solitude, l’alcool, et Yann Andréa, le compagnon des dernières années…

Un style bien à elle

Pastichée, imitée, mais jamais égalée dans ce style minimal qui décortique les sentiments au scalpel et montre en peu de mots la détresse d’une femme, elle a écrit au moment où Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet créaient le Nouveau Roman, mais on ne peut pas dire qu’elle s’est jointe au mouvement. Ses romans décalés parlent de solitude, d’incompréhension, d’une certaine forme de folie calmement assumée dans les lieux les plus improbables, réels ou fictifs. On se croise, on s’évite, on s’étreint pour mieux s’oublier ensuite, la vie passe, indifférente, cruelle, dans un immobilisme trompeur. Ses héroïnes attendent l’amour, le guettent, le reçoivent et le perdent. Il existe mais il est impossible. Du coup, ses personnages masculins sont à l’image de cet amour évanescent : fantomatiques, ils traversent l’histoire de loin, ne s’y engagent pas, ou en sont absents, remémorés. Cela confère à chaque récit un aspect onirique, flottant presque, où le souvenir tourne à l’obsession et les lieux se chargent d’un poids de nostalgie.

Mes préférés

Je conseillerais de commencer par les romans du début pour aborder l’oeuvre de Marguerite Duras dans sa chronologie : Le Ravissement de Lol V Stein ; Dix heures et demie du soir en été ; Un barrage contre le pacifique ; le Marin de Gibraltar ; Détruire, dit-elle ; L’amant ; L’homme atlantique ; les yeux bleus cheveux noirs ; La Maladie de la Mort ; La Douleur…

Extrait

    « La chaise longue était à sa place, la table aussi, les revues. Tatiana Karl était peut-être dans la maison. C’était un samedi vers quatre heures. Il faisait beau.

     Je crois ceci :

     Lol, une fois de plus, fait le tour de la villa, non plus dans l’espoir de tomber sur Tatiana mais pour essayer de calmer un peu cette impatience qui la soulève, la ferait courir : il ne faut rien en montrer à ces gens qui ne savent pas encore que leur tranquillité va être troublée à jamais. Tatiana Karl lui est devenue en peu de jours si chère que si sa tentative allait échouer, si elle allait ne pas la revoir, la ville deviendrait irrespirable, mortelle. Il fallait réussir. Ces jours-ci vont être pour ces gens, plus précisément qu’un avenir plus lointain, ceux qu’elle en fera, elle, Lol V. Stein. Elle fabriquera les circonstances nécessaires, puis elle ouvrira les portes qu’il faudra : ils passeront. »

Le Ravissement de Lol V. Stein, 1964

Category: Littérature
Tags: centenaire, Marguerite Duras, roman
Réalisé par Stéphane Roche • http://www.stephane-roche.fr