Bessa Myftiu, la fille de l’écrivain Mehmet Myftiu, est née à Tirana en 1961, au pire moment du communisme albanais, lorsque le pays était totalement fermé à l’extérieur. Elle a quitté l’Albanie à 29 ans, après avoir rencontré un artiste suisse francophone, et s’est installée à Genève.

Le recueil de poèmes dont j’ai envie de parler parce qu’il m’a touchée a été écrit en deux langues, français et albanais, en 1994, puis réédité à Tirana en 2009 en édition bilingue. Bessa Myftiu se traduit elle-même, passe d’un territoire linguistique lourd, empreint de réalisme socialiste, à un territoire linguistique français plus léger, plus libre. Après tout, elle n’écrit pas pour ceux qui savent, mais pour raconter aux citoyens du pays où elle habite.

Son premier roman Ma légende est un hommage à son père, le tout dernier Amours au temps du communisme, date de 2011. Bessa Myftiu a aussi écrit des contes, le scénario d’un film qu’elle a interprété, des essais, des articles pour la presse. Elle est traductrice albanais-français pour la Radio Suisse Romande.

Elle écrit l’exil, la solitude, l’éloignement des siens, de ses amis… Son recueil s’intitule Des amis perdus. En voici un poème, que tous ceux qui ont quitté leur patrie comprendront et qui touchera ceux qui sont à l’écoute des exilés :

Où sont mes amis ?

Je n’ai plus d’amis,
mais seulement des numéros de
téléphone,
qui commencent tous
par zéro-zéro…

Je n’ai plus d’amis,
mais seulement un bloc-notes,
où restent en ligne
des adresses et des noms,

Je n’ai plus d’amis,
J’ai seulement des morceaux de souvenirs…

Mes amis sont tous partis
vers le monde,
la patrie était petite,
mais le monde aussi,

le monde est trop petit
pour les rêves que nous avons.

photo (29)

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