1977 – 2017 : ah ouais, 40 ans de punk ?!

Mais c’est arrivé comment ? Pour comprendre, il faut repartir en arrière et, du coup, JE vais repartir en arrière avec VOUS. Car je vais vous parler de ce que j’ai vécu à l’époque (en mode vas-y Mamie Domi, raconte-nous les temps fougueux de ta jeunesse !) :

Ma génération avait 10 ans en 68, on n’a pas tout compris, mais on a vu. On a vu aussi les images de la guerre du Vietnam tous les soirs à la télé, les sit-in des étudiants américains pacifistes qui se terminaient parfois très mal (4 morts sur le campus dans l’Ohio). Et puis on a vu Woodstock, trois jours de musique, de paix et d’amour. Et on y a cru. Un autre monde devenait possible, bien avant celui des altermondialistes d’aujourd’hui. Et il nous appartenait à nous de le construire, nous étions suffisamment nombreux pour croire y arriver, du haut de nos 16-17 ans. Nous écoutions Janis Joplin, Jimi Hendrix, Yes, Crosby Stills, Nash and Young, nous étions influencés par la non-violence de Gandhi au son du sitar de Ravi Shankar. Nous avions vu les barricades de 68, la fumée des lacrymogènes, cela n’était pas pour nous. Si nous nous donnions tous la main, si nous prônions des valeurs d’entraide et d’amour et non de profit et d’intérêt, l’humanité tout entière pourrait vivre dans le bonheur et la paix, le partage et l’amour. Il ne s’agissait pas de communisme, la solution politique nous déplaisait aussi. Après les 30 glorieuses, le choc pétrolier était passé par là et on voyait bien qu’aucune solution politique ne pouvait convenir. On a passé notre bac en voulant faire des études pour contribuer à construire un monde meilleur en arrivant sur le marché du travail.

On a quitté le cocon douillet du lycée, les potes avec qui on refaisait le monde. On a retrouvé d’autres potes avec qui le refaire à la fac.

Alors, où ça a merdé ?

Je ne peux pas dire que j’ai été frappée d’un coup par la désillusion. Avec le recul, je pense que cela a été moins violent que cela, je ne l’ai juste pas vu venir. C’est arrivé petit à petit : je fais des études de langues étrangères pour devenir ethnologue, ça ne me mènera à rien… A la fac, on nous prépare à être de futurs cols blancs, pas à s’épanouir dans un job qui nous plaît : filières bouchées, avenir ou pas d’avenir. Tout dépend soudain de l’argent : celui qu’ont tes parents, celui que tu as en poche chaque mois, celui que tu vas devoir gagner pour vivre. Non, ce monde ne veut pas être changé, il appartiendra toujours aux profiteurs sans état d’âme. Arrête de planer à 15 000, le chômage est là, la crise de l’énergie, la débandade des Américains au Vietnam, la Guerre Froide qui continue ad nauseam

T’as envie de participer à ça ? Non ! Alors démarque-toi et fonce dans le tas. Il ne s’agit plus de prendre des gants, de faire des sourires et d’espérer changer le monde dans la douceur.

Et PUNK dans ta gueule !

Je me suis fait couper les cheveux à 2mm du crâne, j’ai raccourci et rétréci mes pantalons, porté des bretelles et des badges provocateurs. Mon signe distinctif ? Une pince à linge en métal autour du cou. Il s’agissait tout à coup de prendre son destin en main en rejetant en bloc la société de consommation qui nous poussait à la passivité. Je suis passée des accords planants de Pink Floyd à The Stooges sans transition, puis The Clash. Voici la chanson qu’ils ont écrite après les émeutes raciales de Brixton :

Les mots d’ordre étaient : »Destroy » et « No future… for you ! » qui est devenu « No future ! » tout court. Cet avenir, on n’en voulait pas et on le clamait haut et fort. Les Sex Pistols chantaient que la monarchie britannique était un régime fasciste et nous, les petits blancs un peu mous, il fallait nous secouer et hurler.

C’était une musique, c’était une mode – Doc Martens, jeans courts, bretelles, tartan -, c’est devenu une attitude.

Domi punkDomi punk 2

 

 

 

 

 

 

 

 

Punk’s not dead !