• Accueil
  • Actualité culturelle
  • Voyages
  • Hongrie
Domi-leblog
  • Littérature
  • Mes sorties
  • My Playlist
  • Mes cours d’arabe
  • Articles récents

    • Expo Le studio africain à Paris
    • 50 nuances de Pink
    • Le must-have piégeux de la panoplie bobo
    • Wao ! Ton soin du visage personnalisé ! Fait par toi !
    • La Disparition de Jim Sullivan – Tanguy Viel
  • Commentaires récents

    • domi dans Le must-have piégeux de la panoplie bobo
    • So' dans Le must-have piégeux de la panoplie bobo
    • lorentus dans Saint Valentin – le piège
    • Lorentus HOUEDOTE dans Essaouira : festival gnaoua et musiques du monde, waouh !
    • domi dans Expo Le studio africain à Paris
  • Archives

    • janvier 2019
    • décembre 2018
    • novembre 2018
    • octobre 2018
    • septembre 2018
    • août 2018
    • juillet 2018
    • avril 2018
    • février 2018
    • janvier 2018
    • décembre 2017
    • novembre 2017
    • octobre 2017
    • septembre 2017
    • août 2017
    • juillet 2017
    • juin 2017
    • mai 2017
    • avril 2017
    • mars 2017
    • février 2017
    • janvier 2017
    • décembre 2016
    • novembre 2016
    • octobre 2016
    • septembre 2016
    • août 2016
    • juillet 2016
    • juin 2016
    • mai 2016
    • avril 2016
    • mars 2016
    • février 2016
    • janvier 2016
    • décembre 2015
    • novembre 2015
    • octobre 2015
    • septembre 2015
    • août 2015
    • juillet 2015
    • juin 2015
    • mai 2015
    • avril 2015
    • mars 2015
    • février 2015
    • janvier 2015
    • décembre 2014
    • novembre 2014
    • octobre 2014
    • septembre 2014
    • août 2014
    • juillet 2014
    • juin 2014
    • mai 2014
    • avril 2014
    • mars 2014
    • février 2014
    • janvier 2014
    • décembre 2013
  • facebook google twitter

#déportation

6 août 2017 20 h 45 min
2 Comments

Charlotte Delbo : Aucun de nous ne reviendra

On connaît tous le nom de Charlotte Delbo, mais qui l’a lue ?

Et bien, je viens de lire le premier de ses trois ouvrages réunis sous le titre Auschwitz et après et je dois dire que je ne m’attendais pas à ce style concis et précis où alternent poésie, descriptions neutres, chapitres très courts et chapitres plus longs, très construits sans en donner l’air, très maîtrisés. Car en effet, comment décrire l’indescriptible, narrer l’inénarrable, dire l’indicible ? Charlotte Delbo ne cherche nullement à analyser ou commenter la réalité irréelle qu’elle a vécue à Auschwitz, mais nous la fait comprendre, au sens propre du terme, c’est-à-dire com-prendre, prendre avec nous, fait intégrer en nous ce que nous n’avons pas connu : la barbarie, la cruauté humaine poussée à son comble, le désespoir total mais aussi la camaraderie, l’entraide, la solidarité, extrêmes dans ce lieu de mort.

Charlotte Delbo : aucun de nous ne reviendra

Bref rappel biographique

Née en 1913, Charlotte Delbo s’engage dans la résistance intérieure en tant que militante communiste, avec son mari. Arrêtés tous les deux, ils ne vivront pas le même destin : son mari est fusillé, elle est déportée à Auschwitz en 1943 puis à Ravensbrück.

Aucun de nous ne reviendra paraît en 1965 et sera le premier d’une série d’ouvrages que Charlotte Delbo consacre à la déportation, à l’instar de Primo Levi et de Robert Antelme. Il s’agit de témoigner, non pas au nom de celles qui ne sont pas revenues et qui mouraient, muettes, disant juste : »Je vais claboter », mais parce qu’elle a survécu, l’une des 49 du convoi de 230 femmes, déportées politiques.

Alors elle décrit ce qu’elle a vu, ce qu’elle a vécu, sans jamais juger ses bourreaux. Et nous voyons ce qu’elle désigne : la kapo qui met dehors l’agonisante qui râle en pleine nuit ; le SS qui, voyant qu’en traversant le ruisseau pour aller travailler le matin, Charlotte en a profité pour puiser de l’eau avec sa gamelle tellement elle a soif, envoie son chien patauger pour faire remonter la vase et qu’elle ne puisse pas boire de cette eau souillée le soir ; les camarades qui donnent du courage quand on n’en peut plus : »Mets-toi derrière moi, qu’on ne te voie pas. Tu pourras pleurer. » ; en hiver, les 1500 femmes en rang par 5 pendant l’appel qui dure des heures, placent leurs mains sous les aisselles de celle qui est devant elles pour essayer de se réchauffer.

Chaque matin, Charlotte voudrait se laisser glisser dans la mort : »La mort me rassure : je ne la sentirais pas. « Tu n’as pas peur du crématoire, alors pourquoi ? » Qu’elle est fraternelle, la mort. Ceux qui l’ont peinte avec une face hideuse ne l’avaient jamais vue. » Mais chaque matin, elle voit passer sur une petite civière les mortes du block 25, celui des malades et des femmes devenues folles dans cet univers où règnent l’arbitraire et le désespoir. Elles sont nues car leur vêtement peut servir à une autre, dans une mince couverture d’où dépassent leurs jambes et leurs bras décharnés, leur petite tête rasée. Et chaque matin, « la répugnance l’emporte. », Charlotte ne veut pas finir sur cette petite civière, alors les autres sont mortes aussi pour elle. Et quand elle est emportée malgré tout, il y a Viva qui la ramène vers la vie : tomber pendant l’appel, c’est ne pas se relever. Elles forment un petit groupe solidaire où chacune veille sur l’autre et devine, à des signes à peine perceptibles, que l’autre se laisse emporter du mauvais côté. Elles se pincent les joues pour avoir l’air en pleine forme quand le médecin vient faire son inspection, s’encouragent à courir quand les SS le demandent, s’entraînent dans la marche à la sortie et la rentrée au camp pour ne pas tomber en route non plus…

Plus qu’un poème, il s’agit d’une élégie, ode à celles qui ne sont pas revenues, mémoire rapportée de l’enfer en dépit de tout pour le décrire car, conclut Charlotte Delbo : « Aucun de nous n’aurait dû revenir. »

 

Category: Littérature
Tags: Auschwitz, Charlotte Delbo, déportation, témoignage
29 août 2014 21 h 36 min
Leave a Comment

Les déportations de Budapestois – Un devoir de mémoire

Rappel historique

L’Armée rouge entre à Budapest en décembre 1944. Les Allemands et leurs alliés fascistes sont vaincus au bout de 100 jours de combats acharnés dans la capitale hongroise. C’est le chaos. Il faut reconstruire, relever le pays, repartir de zéro. Les communistes sont très présents et finissent par prendre le pouvoir, avec l’aide des Soviétiques qui ne repartent pas en 1947, contrairement à ce qu’ils avaient promis. Ils ne repartiront définitivement qu’en 1991 du territoire hongrois qu’ils occupent militairement …

Le gouvernement communiste déporte à la campagne les aristocrates, directeurs d’usines, de banques, et la classe moyenne. La petite maison de mes grands parents est réquisitionnée et ils sont déportés à l’Est du pays en juin 1951. Ils ne récupèreront jamais cette maison, nous non plus.

2011, un triste anniversaire

Pour le soixantième anniversaire de ces événements, l’association de prisonniers de guerre et une sociologue spécialiste de cette question, Zsuzsa Hantó, organisent une conférence d’une journée avec des témoignages d’anciens déportés. Nous sommes en contact depuis trois ans, aussi elle me demande de venir apporter mon point de vue étranger sur la question. La conférence a lieu le 21 septembre 2011 à Budapest, je suis très émue, c’est la première fois que je m’exprime en hongrois devant un public. J’ai rédigé mon intervention avec l’aide de ma cousine, Maman est dans la salle, c’est très impressionnant. Nous sommes accueillis avec chaleur par tous ces gens qui ont vécu la même chose que mes grands-parents, nous nous sentons entourées et comprises, nous passons une journée vraiment spéciale.

Zsuzsa demande ensuite à chacun de nous d’écrire un texte un peu plus long pour éditer nos interventions sous forme de livre. Ce sera « Des bandits et des hommes » qui sort début 2012. C’est la première fois que je publie un texte hongrois, mon nom figurant dans des traductions individuelles ou collectives publiées en France.

photo 1 (5)

Zsuzsa m’a aussi demandé des photos, je les lui fournis volontiers. Mon but secret est que des membres de la famille perdus de vue tombent dessus et cherchent à me contacter. Il y a mes parents à Paris à l’époque des événements et une photo envoyée par mes grands-parents à la famille en 54. Sur la page suivante, une photo de la maison telle qu’elle est aujourd’hui et encore une photo de mes grands-parents, entourés de leurs compagnons d’infortune.

photo 2 (5)
Oui, il y a un accent en hongrois sur le deuxième « a » de mon nom, les Hongrois le rétablissent spontanément alors que l’état civil français nous l’a retiré quand mes parents sont devenus français en 1961. Et en hongrois on dit toujours le nom de famille d’abord et le prénom ensuite.
En tout cas, je suis fière d’avoir contribué à ce devoir de mémoire. S’intéresser à cette période difficile et à ses victimes est tout récent là-bas. Le monument en hommage aux déportés à Budapest a moins de 10 ans.
P1000401

 

 

 

 

 

 

 
Avec l’éclairage de nuit, les figures en relief deviennent des ombres, ce qu’étaient vraiment ces proscrits dans les années cinquante…

Category: Hongrie
Tags: Budapest, déportation, mémoire
18 février 2014 22 h 51 min
Leave a Comment

Les origines

Nous aimerions tous rester dans notre pays natal au milieu des nôtres, dans notre langue maternelle et notre culture d’origine, celles avec lesquelles nous avons grandi, celles qui nous ont donné nos repères. Mais parfois ce n’est pas possible. Nos conditions de vie ne sont plus acceptables. Chômage, pauvreté, conflits… L’émigration apparaît comme une solution, une réponse aux problèmes que nous affrontons. Il faut tenter sa chance ailleurs. L’émigré prépare son départ, a le temps d’échafauder un plan, plus ou moins solide certes, mais il sait en gros où il va et pourquoi. Il part avec l’espoir de pouvoir aider les siens, de leur rendre visite et de leur présenter la famille qu’il aura construite à l’étranger.

L’Exil

L’exil en revanche est soudain par nature. Bannissement ou question de vie ou de mort. Celui que l’on chasse a quelques heures pour faire ses bagages et partir sans se retourner, il ne sait pas s’il pourra revenir un jour. Celui qui fuit une situation intenable, dans la douleur et les larmes, laisse tout derrière lui. On lui a peut-être pris leur terre, on a détruit sa maison, sa vie est en danger s’il reste, la communauté le rejette. L’exilé va où on veut bien l’accueillir : c’est un réfugié, il a besoin d’un abri pour se protéger. Son départ est furtif, secret, angoissé.

Mes parents n’ont pas fui la Hongrie de cette façon mais se sont trouvés « coincés » en France. Diplomates en poste à Paris après la guerre, ils n’ont pas voulu rentrer lorsqu’ils ont été rappelés. On les aurait soupçonnés d’espionnage, emprisonnés, torturés. « La question ne s’est même pas posée », dit Maman, soixante ans plus tard. Ta propre vie n’est-elle pas plus précieuse que tes biens, tes souvenirs d’enfance, ta famille et tes amis ? La réponse du gouvernement communiste ne s’est pas fait attendre : vous démissionnez ? Alors vous n’êtes plus hongrois !

Ma soeur et moi sommes nées apatrides quelques années après, mes parents sont devenus français plus tard et n’ont pu retourner dans leur pays que dix-sept ans après l’avoir quitté. Bien sûr ils ont obtenu tout de suite le statut de réfugié politique, mais savait-on alors en France ce qui se passait derrière le Rideau de Fer ? Pas vraiment. La France aussi se remettait de la guerre, il y avait encore des tickets de rationnement en cette fin des années quarante. Chacun essayait de s’en sortir au mieux, l’Europe de l’Est c’était loin, il fallait avant tout panser les plaies de l’occupation allemande.

L’Exil intérieur

Mais plus difficile encore est la déportation à l’intérieur des frontières. Toujours dans le même pays, entouré de ses compatriotes qui parlent sa langue, l’exilé devient un paria. Il est banni au milieu des siens, dans un camp entouré de barbelés où il est forcé de travailler jusqu’à l’épuisement, ou dans un village où il est assigné à résidence.

Issus de la classe moyenne, mes grands-parents possédaient une petite maison avec un jardin dans un quartier résidentiel de Pest. On y a logé deux familles d’ouvriers après leur expulsion. Mes grands-parents ont été prévenus 48h à l’avance que leur maison était réquisitionnée et qu’ils allaient désormais vivre à Hajdúhadház, à l’Est du pays, près de la frontière ukrainienne. 48h pour dire au-revoir à la famille, aux amis ; donner ici une armoire, là une table, le service en porcelaine à la belle-soeur… Ramasser une vie en deux valises : photos, documents importants, souvenirs de leur fille unique qui ne peut pas rentrer les aider car elle est déjà réfugiée politique à Paris… Qui sait ce que chacun de nous emporterait en pareil cas ?

On est venu les chercher à l’aube dans un camion bâché, puis un train aux vitres opacifiées les a conduits vers l’Est. Mon grand-père allait avoir soixante ans… On les a logés dans le poulailler tout juste nettoyé et repeint d’une grande ferme dont les propriétaires ont été tenus par décret d’accueillir des familles entières dans le cadre de la « dékoulakisation ». Et oui : double punition ! On condamne les aristocrates, bourgeois, intellectuels, au travail manuel et on appauvrit les trop riches propriétaires terriens – koulaks en russe – en leur donnant des bouches supplémentaires à nourrir. Plus tard, la réforme agraire a contraint les paysans à entrer dans les coopératives sous les menaces et le chantage des commissaires politiques.

Après la mort de Staline en 53, ces assignations à résidence cessent, mais les Budapestois n’ont pas le droit de rentrer dans la capitale, à cause de la crise du logement. Mes grands-parents vivent avec le frère de ma grand-mère et sa famille, alors, lorsque les frontières s’ouvrent brièvement en 1956, ils demandent et obtiennent un passeport d’émigration pour s’en aller. Ce document est valable pour tous les pays sauf la Hongrie : tu pars, mais tu ne reviens pas. C’est un deuxième exil, cette fois dans un pays et une langue inconnus. Que leur restait-il ? Leur langue, leur culture, leurs valeurs. C’est ce qu’ils nous ont transmis, avec beaucoup, beaucoup, d’amour. Qu’ils en soient remerciés ici une fois encore.

Category: Hongrie
Tags: déportation, exil, grands-parents, hongrois, parents
Réalisé par Stéphane Roche • http://www.stephane-roche.fr