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Né en Voïvodine dans une famille hongroise, donc yougoslave mais français à présent, Josef Nadj s’attache à décrire notre monde de la façon la plus réaliste possible. C’est pourquoi ces spectacles sont anxiogènes mais brillants. Le dernier en date, Paysage inconnu, commence par une grosse boule de neige projetée sur un écran, trouée à plusieurs reprises de deux yeux, un nez et une bouche de formes différentes.

Puis deux hommes entrent en scène, vêtus d’un costume sombre et la tête enfermée dans un bas. Ils vont tour à tour se donner une accolade, s’engueuler, s’apostropher, s’éviter et se rejoindre, dans un spectacle qui tient à la fois du mime et de la danse. Nadj a en effet étudié chez Marcel Marceau et Etienne Ducroux, deux maîtres incontestés du geste dans toutes ses expressions. On pense à Beckett et ses personnages perdus au fin fond de nulle part, on pense aux corps tordus du peintre Otto Dix et à tout ce que l’expressionnisme allemand a pu exprimer d’angoisse et de désespoir, et puis soudain, un brusque sourire illumine le visage de ces êtres désespérés et une touche d’humour vient nous dire que tout n’est pas perdu. Le calme revient, les gestes se font plus lents, les corps se frôlent, se tâtent, un front s’appuie sur l’autre…

Mais cela ne dure pas et tout reprend dans une lutte sans raison. La violence est là, l’absurde de nos vies quotidiennes où nous ne pouvons plus communiquer… Colère, douleur, peine, amitié, entraide, soutien, rire, cri, frénésie, la chorégraphie reflète une folie maîtrisé dans ce paysage qui est nulle part et partout à la fois.

Performance technique de Josef Nadj, 57 ans, et d’Ivan Fatjo, un danseur plus jeune qui donne tout ce qu’il a. Ils sont accompagnés par deux musiciens, Akosh Szelevényi le Hongrois et Gildas Etevenard qui, eux, jouent sur les instruments les plus improbables : violoncelle posé à l’horizontale, archet le long d’un tube en métal, cloches et percussions en tout genre.

Présenté au 104 à Paris, dans le cadre du Festival Temps d’Image, le spectacle va tourner dans toute la France. On peut se renseigner sur le site de Josef Nadj qui est également directeur du Centre Chorégraphique d’Orléans.

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