Naaaaan, j’ai pas dit « Littérature et gastronomie », j’ai dit « Les bouquins et la bouffe » ! Pas la Madeleine de Proust… J’explique !

Lire est une façon de voyager sans bouger de son canapé, on est d’accord. Mais quand lire te donne des envies de bouffe, là ça devient marrant :

L’Illiade et la Grèce

Homère, Troie, les batailles, les héros, les Dieux qui s’engueulent à travers les hommes… Une histoire de beauté et de déesses jalouses… Ben moi ça me donne envie de bouffer des raisins secs ! Je lis tout le bouquin avec les raisins de Smyrne de la famille, je suis sûre que ma grand-mère a dû se demander où ils étaient passés quand elle en a eu besoin dans sa pâtisserie… Et moi je voguais sur la Mer Egée…

Le Marin de Gibraltar de Marguerite Duras

Ils sont sur un bateau, il fait chaud, c’est la Méditerranée. Il ne se passe pas grand chose, comme souvent chez Duras, et c’est ça qui est sublime… Ils mangent du melon – jambon de Parme – rosé et c’est super bon ! Alors moi aussi cet été-là ! Et je me régale aussi ! Sublime, forcément sublime…

Les Vagabonds célestes de Jack Kerouac

Première incursion en anglais dans la Beat Generation. La fameuse lecture de 1956 à la 6th Gallery de San Francisco, première lecture publique de Howl d’Allen Ginsberg, poèmes lus par Gary Snyder et les autres, ambiance de folie, Kerouac y participe avec le quart de gallon de porto… Moi aussi ! Je n’en bois pas des litres, mais juste de quoi être « dans l’ambiance » ! Quel ambianceur, ce Jack !

Par la suite, vers l’heure du goûter, les jours où je bosse jusqu’à 21h, je me fais un « plan Kerouac » : tarte aux pommes et café comme Sur la route ! Mon premier Hot Fudge Sundae est un événement littéraire, pas gastronomique ! Ah, si je pouvais aussi écrire en prose spontanée sur un rouleau d’imprimerie !…

Les écrivains anglais et le thé

Virginia Woolf, Rosamond Lehman et le thé de cinq heures… Scones, jam, clotted cream : un émerveillement chez Fortnum & Mason’s à Londres ! Comme si j’entrais de plain pied dans l’un de leurs roman ou nouvelle : porcelaine fine – bone china – cake et thé au lait. Etes-vous MIF ? Milk in First ou mettez-vous le lait après ? Tout un art de vivre reflété dans la littérature… Nerveuse, Katharine émiette son cake dans son assiette au lieu de le manger et, lorsqu’elle boit une gorgée de thé, repose trop brutalement sa tasse qui heurte la soucoupe avec bruit… ou comment Virginia Woolf décrit le désarroi de son héroïne dans Nuit et Jour.

Wolf Solent de John Cowper Powys

Un personnage survolté qui réprime ses pulsions dans une nature galloise sauvage… Un souffle poétique immense de cet auteur anglais qui s’est installé là, au milieu de nulle part, et y a puisé son inspiration… Des êtres tourmentés, révoltés, rêveurs… Que mange son héros ? Un dîner de fromages arrosé de bière brune. Sympa ? Exotique ? Tentant ? Je l’imite un soir et achète des fromages anglais : Cheddar, Stilton, Leicester avec bien sûr des cheese crackers et une bonne bière brune, et me voici au milieu des landes venteuses de la côte galloise ! Dépaysement garanti !

Et le meilleur pour la fin : Glamorama et le Snapple !

Qui n’a pas lu Brett Easton Ellis dans les années 90 a raté sa vie de lecteur :-). Avant American Psycho et l’horreur absolue, après Moins que Zéro et Les Lois de l’attraction, vraiment excitant comme nouveau style,  Glamorama dérape déjà dans le surnaturel. Son héros est un personnage new-yorkais très tendance qui fréquente les stars. Entre deux Xanax, qu’exige-t-il de ses assistantes ? Du Snapple ! Mais c’est quoi ? Des jus de fruits hyper mode, un must-have même à Paris ! Et on en trouve où ? A La Grande Epicerie ! J’y vais ! je les goûte ! Fashionista ou Fashion Victim ? Non ! Literature victim ! C’est dans des petites bouteilles super sympa, c’est bon, et c’est furieusement tendance (comme on disait à l’époque). Une collègue lectrice me dit : « Tu bois du Snapple ? T’as lu Glamorama ! » Ouiiiii ! C’est un signe de ralliement littéro-gastronomique, plaisir gustatif de lecture !

Il y a le livre de Dinah Fried qui parle des plats décrits dans les livres et qu’elle a reproduits, Fictitious Dishes, dont je parle dans mon article eh bien moi je vous parle non pas de préparer des recettes décrites dans les romans, mais de ce que m’inspirent les ambiances ou les cultures gastronomiques des livres que je lis. Et vous, ça vous est déjà arrivé ?