Jusqu’au 26 octobre 2014 – courez-y !

Malevich

D’ores et déjà une des plus belles expos de l’année, très bien mise en scène : Au début de sa carrière, le peintre russe Malevich peint des toiles figuratives, comme tout le monde au tournant du XXème siècle, j’allais dire. Puis en 1909, le poète italien Marinetti publie son fameux « Manifeste futuriste » : il s’agit d’adapter l’art aux nouvelles technologies, à la vitesse et à la vie moderne. On se déplace plus vite en train, l’industrialisation a conquis toutes les grandes villes, c’est l’énergie du XXème siècle. Malevich y croit et adhère au cubo-futurisme, sa première étape vers l’abstraction. C’est déjà magnifique, ces formes cubistes avec la dynamique du futurisme. Il travaille sur la forme et la couleur qui vont supplanter le sujet. Ces recherches se retrouvent dans les costumes de scène d’un opéra et il les adapte à sa peinture :

Et vlan le suprématisme !

Malevich en vient à peindre un carré noir. Un monochrome de 1913 qui va révolutionner la peinture à jamais. Avant Klein et ses bleus, avant Rothko et son abstraction en carrés de couleur. Il en fait toute une théorie : la figuration n’est plus possible dans le monde moderne !

La Guerre mondiale le persuadera qu’il a raison et il continue à développer ses idées pendant le conflit puis la Révolution russe. Il écrit un livret sur cette recherche où l’on peut lire : « L’artiste ne peut être un créateur qu’au moment où les formes dans son tableau n’ont plus rien à voir avec la nature. » La couleur liée à des formes géométriques représente la dynamique du tableau, l’agitation dans laquelle l’homme moderne se trouve, loin de tout objet.

Voici ce que ça donne :

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Il part enseigner son art à Vitebsk, la ville de Chagall et développe ses idées sur l’évolution de l’art pictural. Puis il revient dans les années 30 à la figuration, dans un style tout de même imprégné de ses recherches. Celles-ci déplaisent au régime stalinien qui préfère le « réalisme socialiste » et Malevich ne pourra plus exposer, de nombreuses toiles seront cachées. Il est même arrêté et soupçonné d’espionnage durant son séjour en Allemagne… Mais son Carré noir continue à faire parler de lui, et le suprématisme entre dans la grande Histoire de l’Art. La toile ne sera exposée à nouveau que dans les années 80. A son enterrement dans les années 30 cependant, de nombreuses personnes sont venues avec un drapeau figurant ce carré noir.

Une salle de l’exposition montre ses oeuvres au crayon depuis le tout début de son travail. C’est fascinant ! On peut y voir comment il a retravaillé certaines toiles vers la fin de sa vie.

C’est une rétrospective de l’oeuvre et un hommage au peintre qui nous manquaient. Ces derniers temps, nous voyions plutôt des toiles dans des expositions collectives car thématiques, comme la superbe exposition du Musée d’Art Moderne de Paris sur l’art des années 30 il y a plus de dix ans.

Avec ce lien vers la page de l’exposition sur le site de la Tate Modern vous saurez tout pour vous organiser. Et vous m’en direz des nouvelles !