HOMMAGE

Un très grand Monsieur vient de nous quitter : Pete Seeger (1919 – 2014). Oui, vous avez bien lu : il allait sur ses 94 ans ! L’un des derniers grands chanteurs et compositeurs de « protest songs ». Avec Woody Guthrie, il a tout vécu : la guerre, la Dépression – pas nerveuse, mais la crise de 1929 et ses conséquences dramatiques pour la classe ouvrière et paysanne américaine. De nos jours on pense beaucoup à l’Amérique triomphante des années d’après-guerre qui a imposé le dollar au monde entier, les impérialistes capitalistes qui ont une planche à billets à la place du coeur, ceux à l’idéologie de droite moralisatrice, raciste, ségrégationniste, conservatrice, bourgeoise… Je suis sûre que beaucoup de jeunes seraient étonnés de savoir que dans les années 30 les syndicats étaient puissants et les ouvriers regroupés pour défendre leurs droits, les paysans pour se battre contre les grands trusts agricoles. Et bien ces gens parfois sans voix étaient soutenus par des chanteurs eux-mêmes fils d’ouvriers ou d’agriculteurs, compositeurs qui écrivaient des chansons pour la lutte sociale. Pete Seeger était de ceux-là, avec Woody Guthrie dont il nous reste ce slogan inscrit sur sa guitare : « Cette machine tue les fascistes ». Ces chanteurs populaires – le terme à leur époque était noble, car il voulait dire qu’ils étaient issus du peuple et le soutenaient – venaient d’une longue tradition de conteurs qui animaient les veillées dans les petits villages de l’Amérique. Syndicalistes, ils ont aussi défendu les Républicains espagnols, et l’une des chansons les plus célèbres de Pete Seeger est Viva la quince brigada  :

Il a retrouvé son pote Woody là-haut et tous les autres c’est sûr ! Il a emporté son banjo avec lui c’est sûr aussi ! Rest in Peace Pete, you deserve it…