Le Petit Trianon

Nous voici dans le domaine de Marie-Antoinette ! Récemment restauré, c’est un petit bijou intime. Louis XVI l’a offert à sa Reine en 1774 et elle n’autorise personne à s’y rendre sans son invitation. Dans cette Cour qui la surveille et intrigue en permanence, elle s’y sent à l’aise avec ses amis, loin du château de Versailles. Alors bien sûr on a dit qu’elle y recevait aussi ses amants et notamment le séduisant Suédois Axel Fersen, si romantiquement interprété par Tyrone Power dans le film hollywoodien…

L’intimité d’une Reine

Mais imaginez un instant : vous avez été élevée dans une famille nombreuse avec des frères et soeurs pour jouer dans les élégants jardins de Schönbrunn, à Vienne ; vous avez été éduquée, on vous a choyée… et maintenant il faut quitter tout ça et partir loin (oui, Paris n’est pas à 1h30 d’avion au XVIIIème siècle…). Vous êtes une jeune adolescente qui n’a qu’une vague idée de ce que l’on attend d’elle en tant que Reine de France, mais bon, si la paix en Europe est à ce prix, d’accord, pas le choix… Sortie d’Allemagne, on vous fait passer une nuit sur une île : de l’autre côté du fleuve, c’est la France. Alors, plus question de porter autre chose que des vêtements et des bijoux français ! On vous enlève tout et on l’emporte : tous vos souvenirs de l’Autriche, bagues, pendentif, rubans offerts par une soeur ou une amie proche qui sait ? Plus rien ne subsiste de votre ancienne vie, même pas la langue dans laquelle vous vous exprimez ! Et vous accueille un jeune mari maladroit plus intéressé par les serrures et les horloges du château que par vos charmes… Vous n’auriez pas envie, vous, de vous recroqueviller dans une petite chambre à décor de roses et de poser votre tête sur l’épaule d’un(e) ami(e) ???

Les collections

Marie-Antoinette aimait les belles choses et elle a commandé des services à la Manufacture Royale de Sèvres. Celui « aux perles » à décor de myosotis est charmant. Limoges a eu la bonne idée de le rééditer. Sous vitrine au Petit Trianon, on peut en admirer quelques pièces superbes, ainsi que d’autres tout aussi élégantes. Il n’était pas rare à l’époque de s’offrir des services entre frères et soeurs ou cousins, et les manufactures européennes s’échangeaient leur savoir-faire. La chambre à coucher est ravissante, très féminine avec ses petites roses restaurées selon les techniques anciennes. Nous voici loin du grand lit à baldaquin si impressionnant, où toute la Cour de Versailles assistait au lever de la Reine. On ne regrette pas d’avoir été privé de la visite de ce petit bâtiment si longtemps quand on voit le résultat des travaux de restauration !