Un nouvel amant ? Mais non, une nouvelle langue !

En deux ans et demi, j’ai acquis les bases grammaticales et syntaxiques de l’arabe classique, reste le vocabulaire, ça, ça vient petit à petit. Il était temps d’élargir mon domaine d’action linguistique, et j’ai choisi le dialecte égyptien. Le fait que Tarek, mon professeur, soit égyptien a aidé à la décision, bien sûr, et aussi le fait que pour son mémoire de thèse il analyse les manuels d’enseignement de l’égyptien en France. Je savais que je serai bien conseillée, et d’ailleurs, voici le livre en question :

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Oui, cette fois, nous travaillons avec un manuel. Chaque leçon est composée d’un dialogue, avec une situation de communication très quotidienne qui colle à des réalités égyptiennes. Puis il y a le vocabulaire et les exercices. Première surprise : nous faisons beaucoup d’oral ! En effet, autant l’arabe classique, que l’on dit aussi littéraire, sert à la littérature, à la presse écrite et audiovisuelle, autant le dialecte se parle avant tout. Deuxième surprise : même s’il y a des mots en commun, beaucoup n’ont rien à voir, je dois réapprendre à dire plein de choses, comme si j’apprenais une autre langue, et n’en est-ce pas une ?! Et, jamais deux sans trois : la prononciation diffère ! On ne prononce pas le « k » glottal du tout, ce qui nous fait dire ahwa au lieu de qahwa pour le café par exemple, mais il s’écrit quand même, alors il faut sans cesse penser à ne pas le lire. La lettre j se prononce g, donc au lieu de dire jamil on dit gamil pour beau, mais la lettre s’écrit de la même façon, cette fourbe ! Et alors, me direz-vous, comment fait-on pour retranscrire les noms étrangers qui comportent le son je ? Et bien on le fait avec la lettre sous laquelle on met trois points au lieu d’un !

Pourquoi ai-je voulu me compliquer la vie ? Pour être sûre de pouvoir communiquer avec les autochtones de certains pays. Je sais que dans tout le Maghreb, on peut parler français si on ne se comprend pas en arabe classique. Mais dans le Machrek, tout le monde n’est pas anglophone comme en Egypte ou en Palestine. Et l’égyptien se comprend partout, en Irak, au Koweit, en Jordanie, en Syrie, en Libye… Vous allez me dire que ce n’est pas le moment d’aller faire un petit séjour linguistique dans l’un de ces pays. En effet, mais ce qui s’y passe n’est pas une raison pour cesser tout contact avec nos partenaires des radios publiques et, dire au moins quelques mots que même le standardiste que j’appelle peut comprendre est une belle preuve que de notre côté, nous ne cessons pas les échanges avec nos collègues des pays arabes.

Et puis je vais pouvoir regarder tous les films égyptiens en VO ! Omar Sharif – paix à son âme – et toutes les comédies avec des chansons ! Aussi chouette que Bollywood !