Joséphine

Une femme méconnue

En effet, que sait-on d’elle ? Qu’elle est née en Martinique et qu’elle s’appelait Joséphine de Beauharnais, du nom de son premier époux. Elle a été couronnée impératrice par son deuxième mari, Napoléon, en 1804, et David en a fait un tableau immense mondialement connu (le préféré de ma grand-mère au Louvre, on s’asseyait devant et je pouvais manger mes BN à la vanille…). A part ça ? Ben…

Une splendide exposition au Musée du Luxembourg à Paris nous la présente jusqu’au 29 juin : sa vie, ses meubles, ses bijoux, ses collections d’objets d’art, quelques robes somptueuses et de la porcelaine de Sèvres, ce qui m’a valu une visite privée commentée par la conservatrice du Musée de La Malmaison (où Joséphine a vécu). J’ai donc des anecdotes rien que pour vous !

Petite biographie

Marie Joseph Rose de Tascher de La Pagerie est donc née à La Martinique, dans une riche famille de planteurs. A seize ans, elle est envoyée à Paris pour épouser le vicomte Alexandre de Beauharnais. Ils auront deux enfants, Hortense et Eugène. Mais son mariage n’est pas heureux, elle se sépare d’Alexandre et retourne en Martinique, pour ne revenir à Paris qu’en 1790, en pleine Révolution. Elle est arrêtée avec son mari pendant la Terreur. Lui est guillotiné, pas elle, par chance. Veuve, elle rencontre un jeune général à un dîner et l’épouse en 1796. Elle va désormais se trouver au centre du pouvoir et sera donc couronnée impératrice. Mais un empereur se doit d’avoir un héritier, et c’est impossible avec Joséphine. Elle consent au divorce et Napoléon épouse Marie-Louise d’Autriche. Joséphine se retire à La Malmaison, où elle meurt le 29 mai 1814. Tiens ? 1814 – 2014 ?! Mais oui ! Nous fêtons le bicentenaire de sa mort cette année.

Fashionista, collectionneuse, bref, raffinée

Elle suit la mode, ce qui fait la promotion des soieries lyonnaises, elle adore les châles en cachemire qui coûtent une fortune, et en tapisse d’ailleurs sa chambre. Lorsque Marie-Louise lui succède, elle se débrouille pour faire comprendre que ce sont ses châles personnels qui ornent la chambre et la pauvre impératrice n°2 les verra disparaître du jour au lendemain. Sur ses portraits, on la représente entourée d’un châle rouge, couleur de majesté et celui du portrait ci-dessus est même réversible avec un motif cachemire bien reconnaissable.

Elle adore les bijoux, profite de ceux du Trésor royal mais en commande d’autres qu’elle donnera à sa fille et dont hériteront ses descendantes, leurs portraits en sont autant de preuves. Elle a une prédilection pour les perles et portera longtemps le collier avec de grosses perles en forme de gouttes que l’on voit sur des portraits d’elle. Diadèmes et bagues sont montrés dans l’exposition, on les emporterait volontiers ! Son serre-bijou, également exposé, occupe la hauteur d’un mur, en bois précieux décoré de bronzes dorés, mais elle n’avait pas la place de tout y mettre !

Quelques meubles très originaux et à la mode de l’époque – style Empire forcément – nous montrent aussi que Joséphine savait faire appel aux meilleurs décorateurs, Percier et Fontaine pour ne pas les nommer. Je ne vous montre pas de photos pour vous donner envie d’aller les voir « en vrai » !

Et je garde le meilleur pour la fin, forcément : les porcelaines de Sèvres. Elle fait faire un service à thé avec sur les tasses des décors inspirés des aquarelles de Vivant-Denon en Egypte, avec des hiéroglyphes dorés sur le bord des soucoupes et des portraits égyptiens sur la théière et le sucrier. Avec le bleu typique de Sèvres, c’est somptueux ! Passionnée de botanique, s’occupant beaucoup des jardins de La Malmaison, elle s’inspire des planches de Redouté pour un service de table qui représente toutes sortes de fleurs, donnant ainsi à ses invités des leçons de botanique à table ! Je vous propose la paire de glacières :

service cabaret égyptienglacières Sèvres

 

 

 

 

 

L’anecdote très émouvante

Le petit-fils de Joséphine, fils d’Eugène de Beauharnais et de la Duchesse de Leuchtenberg, a épousé l’une des filles du tsar Nicolas 1er. Ce dernier exige que le couple s’installe à Saint-Pétersbourg. Des meubles, des objets d’art et des bijoux ayant appartenu à Joséphine partent ainsi en Russie, notamment des pièces d’un service de table. Au moment de la Révolution de 1917, les Bolcheviques demandent à la descendante de la Grande Duchesse un inventaire de ses biens. Elle s’exécute scrupuleusement, pensant ainsi les sauver. Ils seront confisqués et présentés au Musée de l’Ermitage. Les Russes ne rendront jamais à l’Etat français ce qui a appartenu à Joséphine, mais pour la première fois depuis plus de 150 ans, une pièce du service de Sèvres a été prêtée pour l’exposition et revient en France. La paire de vases se trouve ainsi exceptionnellement réunie, dans une vitrine de part et d’autre d’une pièce également remarquable de la même époque. La Russe est à droite, la Française à gauche. Je l’ai photographiée pour vous, j’espère que vous êtes aussi émus que moi :

vases Sèvres