Sculpté, taillé, poli… Blanc, vert pâle, vert foncé, ocré… Du jade plein la vue !

Les Chinois ont su faire de cette pierre des merveilles dès le Néolithique et cette exposition, jusqu’au 16 janvier, montre toute la beauté de la pierre dans ses variétés et l’adresse des artisans qui l’ont travaillée. Dès l’entrée, on peut toucher deux morceaux de pierre brute :

jade brut

Le long d’un couloir qui mène à l’entrée de l’exposition proprement dite, des estampes anciennes montrent comment se travaille le jade, et en vitrine, les outils authentiques que l’on voit sur les tableaux. Impressionnant !

Ensuite, une carte nous montre les gisements encore exploités en Chine. Puis nous pénétrons dans l’exposition elle-même, c’est-à-dire dans un univers de beauté féérique.

De grands panneaux nous expliquent le jade et son histoire…

Jadis, l’empereur était Fils du Ciel, garant de l’ordre naturel, intermédiaire entre le Ciel et la Terre, entre le monde surnaturel et le monde des hommes. Des cérémonies rythmaient l’année, au cours desquelles l’empereur portait une tablette de jade gravée, le gui, symbole de son pouvoir. En voici une, gravée d’un motif de montagnes, symboles taoïstes :

un gui en jade

 

 

Les mandarins portaient aussi des tablettes, et des ceintures de jade.

Les artisans gravaient des assiettes, des pots à pinceaux pour la calligraphie, mêlant parfois jade et d’autres pierres, comme ici cette cornaline orange du plus bel effet, ou des coupes, comme celle-ci datant de la dynastie Yuan (12ème – 14ème siècle), dans laquelle la petite tortue, symbole de longévité aux pouvoirs magiques, a l’air de nager si on remplit la coupe d’eau :

 

 

cornaline et jade blanccoupe en jade aux tortues

 

Le travail de ciselure donne à ces objets des allures de porcelaine. Translucides, ils laissent passer la lumière comme la plus fine des créations de kaolin, autre art dont les Chinois sont friands et qu’ils nous ont appris.

L’exposition est tellement bien agencée que l’on peut contourner les pièces et voir la lumière les traverser, éclairant les gravures sur leur face :

 

plaques de jade gravées

Dragons de jade

 

 

 

 

 

 

 

 

L’engouement des Européens pour cette pierre n’est pas récent : les Ambassadeurs asiatiques à la Cour des rois de France apportaient des objets, cadeaux prestigieux et aussi preuves des savoir-faire dans leur pays. Voici la coupe au lotus qu’aurait offerte l’ambassade de Siam en 1686 à Louis XIV. Elle date de la dynastie Ming (1368-1644) et fait la fierté du Muséum d’histoire naturelle où elle est exposée habituellement :

 

coupe au lotus en jade

Mais c’est avec le – tragique – sac du Palais d’été de Pékin que les Européens ont rapporté d’innombrables trésors, à la fin du XIXème siècle. L’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, a ainsi pu constituer un véritable trésor au château de Fontainebleau. N’allez pas le voir maintenant, de nombreuses pièces sont dans cette exposition, dont cette remarquable coupe en jade blanc de la dynastie Qing (1644-1911) qui porte l’inscription « Studio du grand labeur » :

 

coupe ronde en jade blanc

L’exposition se termine par la période Art Déco, où les bijoutiers et décorateurs se sont inspirés de l’Orient pour créer des petits flacons à parfum, des montres, des boucles d’oreille où le jade figure en bonne place avec diamants et rubis. C’est aussi la mode des paravents, dont Coco Chanel raffolait (ils sont toujours dans son appartement de la rue Cambon et sa chambre au Ritz), mais j’avoue qu’après toutes ces beautés millénaires, ces objets un peu trop clinquants m’ont laissée froide. La pureté taoïste sans doute…

 

Courez voir l’exposition avant qu’elle ne se termine et profitez non seulement de la beauté des objets exposés, depuis les jades anciens du Néolithique jusqu’au 19ème siècle, en passant par l’époque des Royaumes combattants et le règne de l’empereur Qianlong qui collectionnait les jades anciens, les faisait graver et les sublimait sur des socles de bois sculptés.