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#café Haffa

30 juillet 2015 18 h 48 min
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Chronique tangeroise – Ibn Batouta par Hersen Rivé

Ibn Batouta , voyageur et aventurier,  vivait avec sept siècles d’avance le calvaire des Tangérois  qui n’ont pour trésor que les souvenirs glorieux d’épisodes sans archives, sans témoin ni date précis. On raconte que ses récits des autres mondes, et particulièrement ceux de l’Asie, laissaient souvent ses interlocuteurs les plus polis dubitatifs et les moins éduqués colériques. Son tombeau apparaît au détour d’une petite ruelle montante près d’une sortie de la casbah, côté rue d’Italie. Regarder ce monument, pourtant indiqué dans les guides, étonne les autochtones et fait rire les enfants. A quelques mètres, dans cette fameuse rue d’Italie qui se prolonge en rue casbah, mille histoires contemporaines sont déjà délavées. Le cinéma Alcazar est en ruine, l’alcool introuvable et les Dancings des légendes. Comment Ibn Batouta pourrait-il être sanctifié dans un tel périmètre où la nostalgie est un sentiment totalement inconnu ? Ici, même Allah ne semble pas être adoré de la même manière. Combien de Marocains vous reprennent en précisant : « Mais Tanger ça n’est pas le Maroc « .

Aujourd’hui, Ibn Batouta donne son nom à l’aéroport de la ville, avec un sentiment de fierté relative plutôt que modeste. Avait-il les mêmes yeux humides et pétillants en narrant ses exploits que celui qui raconte ses virées avec les Rolling Stones ? Avait-il peut-être la même pudeur que celui qui ne détaille pas ses dîners avec Paul Bowles mais se régale de les mentionner ? Celui qui prétend que son aïeul avait guidé et soigné Matisse inspire-t-il la même méfiance qu’un explorateur du quatorzième siècle ?

Vue de la villa de France, chambre de Matisse

Vue de la villa de France, chambre de Matisse

 

 
Dans un café dominant toute la casbah, donc le tombeau discret d’Ibn Batouta, un vieux Tangérois me fait part des doutes qui entourent ce héros antique et me raconte ses propres frasques avec lui aussi, sa bonne foi comme seul atout persuasif.

 

 

 

Il y a ici quelque chose d’unique, c’est cette façon de raconter les années sulfureuses avec l’objectif généreux de vous faire rêver. Les grands écrivains ou le plus grand groupe de rock anglais ne représentent pas grand-chose dans l’esprit des autochtones. La simple joie de vous voir rêver quelques instants motive cette  envie de partage. C’est en cela que Tanger n’a pas changé. On se souvient des personnalités dont la dimension humaine et le charisme dépassaient l’œuvre et la notoriété. Il y a toujours autant de peintres, des poètes et des musiciens qui se cachent ici. Ils vivent simplement et nul ne sait si l’une ou l’un ne connaîtra la gloire dans quelques décennies. D’autres générations viendront alors  déambuler ici pour tenter de percer, en vain, le mystère de leur inspiration.

Le café Haffa

Le café Haffa

 

Selon les témoins privilégiés, William Burroughs n’était qu’un pauvre américain drogué et sale parfois charmant, souvent odieux. On le tenait à l’écart autant que possible, on changeait de trottoir avant de le croiser. Il est très fréquent que ceux qui vous le racontent le confondent avec un de ses visiteurs américains de passage.

 

Brian Jones était le gamin sympa et bohème du Café Baba. On le savait connu en Europe mais on n’a jamais imaginé faire jouer les Stones à Tanger.

café Baba

 

 

 

 

 

C’est le comportement énigmatique des Tangérois qui incite à penser que les fantômes sont toujours là. Ces esprits ne sont ni des morts vivants ni des revenants. Ils sont là, créatifs, discrets et anonymes comme l’ont toujours été les artistes qui se réfugient dans cette cité où l’ego, la critique, la subvention et les cérémonies n’existent pas. Ils créent sous l’influence de tous leurs sens que ce lieu unique réveille.

Hersen Rivé au Café Haffa, par Arnaud Contreras

Hersen Rivé au Café Haffa, par Arnaud Contreras

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’argent n’a pas d’odeur, Tanger en a tellement.

 

 

Category: Voyages
Tags: Brian Jones, Burroughs, café Baba, café Haffa, casbah, Ibn Batouta, Matisse, Paul Bowles, Stones, Tanger
21 juillet 2015 21 h 58 min
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L’arrivée à Tanger – par Hersen Rivé

Invitation au voyage écrite pour nous par l’ami Hersen

Dans un avion affrété d’une compagnie à une autre, Philippe est là. Le hasard n’existe plus quand on se rend à Tanger et n’a jamais existé quand on y habite. On s’embrasse comme si cela était normal de se retrouver ici et maintenant, comme si nous avions rendez- vous.

– Tu arrives de Lyon ?
– oui. C’était long ou alors c’est une impression. Finalement je préfère décoller de Beauvais, l’aéroport est petit du coup les événements s’enchaînent vite une fois sorti de la navette.

En vol, mon voisin ne s’étonne pas plus que celui du mois d’avril de parler un peu en arabe avec moi. Nous nous échangerons nos adresses électroniques pour imaginer un futur lien de courriels mais nous savons que nous n’en ferons rien. Nous nous retrouverons au détour d’une rue de la casbah, d’un restaurant, d’une plage. Incha’Allah. Si le hasard fait bien les choses alors Tanger peut décidément s’en passer.
J’ai toujours aimé partager l’instant du Ftour dans l’avion. Je ne mange pas de la journée pour apprécier autant que les autres cette rupture. Le bonheur absolu, ce sont les dattes que les passagers voisins m’offrent alors que les hôtesses distribuent des plateaux repas sans choix .
Le vol est normal, j’ai trop de souvenirs de ces voyages pour en décrire un en particulier. Normal ne veut rien dire lorsque l’on va à Tanger, cette formule sert seulement à évacuer la question. Dans l’avion pour « interzone », on est déjà ailleurs.

Ce soir en arrivant sur le tarmac l’air est humide,  très humide. Cela étonne. On dirait Cayenne. Étonnant, certes, mais personne ne cherche à comprendre. Fidèle à d’autres habitudes, le douanier cherche un espace libre sur mon passeport plein. Il profite de la situation pour lire comme un Coran, de gauche à droite, mon histoire à travers des visas sans « chrono-logique ». Il s’arrête sur celui du Togo , manuscrit et décoré de six tampons à l’occasion d’un passage  à pied de la douane, arrivant tout droit  du Vaudou Grand Popo au Bénin .

Mon bagage tourne sur le tapis du vol en provenance de Bruxelles et non de Paris, peu importe la raison.
Dans le hall d’accueil des arrivées, Otman me fait un grand sourire. Il ne sait qui je suis vraiment mais il a été mon chauffeur quelques fois, suffisamment pour ne pas oublier le visage d’un inconnu qui lui parle arabe. Il ne fait aucune remarque sur mon retour car il commence à douter de mon adresse fixe et de la notion de départ/arrivée. Je crois l’avoir croisé une fois à Paris aussi mais cela semble improbable. Je garde ce rêve pour moi.
Je n’ai prévu personne de mon arrivée et personne ne s’en étonne.

Hôtel Rembrandt
– Je sors fumer, tu attends Philippe ?
– oui
– Tu pourras me déposer au Rembrandt ?
– oui, je passerai Boulevard Pasteur.

 

 

Le trajet est long, les nuits de Ramadan sont des moments d’affluence et rajoutent des kilomètres de charme au long voyage non sans évoquer ceux des artistes américains qui traînaient des pieds au Petit Socco, tout juste débarqués du ferry  après des semaines en mer.
– Ça va ? Comment est la période ?
– Difficile, comme je te le disais déjà en avril, les attentats en Tunisie ont des répercussions ici. Sousse la semaine dernière, tu imagines … Les gens ont peur. Cela va durer quelques mois et nous verrons si la ville redeviendra tentation.

Otman s’arrête.

Tanger grand Socco – Ci tout bouché là, tu finis avec un petit taxi bleu ?
– Attends on est où là ? Ah mais c’est la Grande Mosquée, c’est bon je finis à pied, ala taoul, la youjad moushkilan sadiqi. Arifu, choukran jazilan… Vous êtes là demain ?
– Oh oui sûrement
– Je passerai boire l’apéro en attendant Anne, tu sais Anne qui a la maison à côté du Haffa!
– Non je ne sais plus.
– Si, une architecte de Marseille que je t’avais présentée au café Baba quand on retrouvait CHRISTOPHE, le chanteur, pour regarder la finale de la Coupe du Monde.
– Je ne vois plus. Le match oui, je m’en souviens, mais c’était qui en finale déjà ?
– Je ne sais plus. Argentine, non ?
– Ah je crois oui.
– Bon je passe demain, je ne sais pas quand, ok ?
– Tu es le bienvenu comme d’hab
– Naltaqi ghadan Otman Inch’Allah. Choukrane
– Ti connais ton chemin hein ?
– Mais oui c’est un Tanjaoui maintenant, dit l’arrière du véhicule en riant.
– Naam Otman. Layla saida, ne t’inquiète pas. Choukrane choukrane
– Choukrane
– Choukran jazilan.

Je crois que je ne suis pas passé boire l’apéro au Dar comme prévu ;  enfin peut-être mais pas le lendemain. A un autre moment.

Les rues sont pleines. Avenue de Belgique puis Boulevard Pasteur, nul ne me regarde. Le touriste n’existe pas plus que l’indigène ici. Je n’ai pensé à rien, j’ai glissé dans la nuit et voilà mon sac déjà dans ma chambre et moi au comptoir du Number One. Je regarde les blagues accrochées derrière le comptoir. Elles avaient pu amuser et occuper ma fille qui, à onze ans, connaissait et aimait déjà cet endroit légendaire. Je rêve d’un verre de rouge mais une demi bouteille seul me donnerait la vilaine culpabilité de l’alcoolisme. Ils ne servent pas au verre. Un Pastis fera l’affaire.
Les photos de Burroughs et de la dernière visite de Patti Smith suffisent à rendre ce lieu charmant. Il est tard, un milieu de nuit ou quelque chose comme ça mais la ville ne dormira pas avant le lever du soleil, pour quelques heures à peine.
Seul au bar j’écris des poèmes. Seul avec les fantômes habituels dont la présence est troublante. Qui ne connaît pas ces lieux en rigole mais après une seule visite en frémit encore. Bowles, Burroughs, Dracula.

Tanger la verteTanger rue d'Italie

 

 

 

 

 

Un poème est pour une femme fantôme, je la retrouve invisible pour les autres le lendemain en fixant la piscine du Rembrandt. Elle fait ses longueurs. Est-ce la chaleur ? Est-ce un souvenir ?

Les photos qui illustrent son article sont toutes d’Hersen Rivé.

Category: Voyages
Tags: arrivée, Bowles, Burroughs, café Baba, café Haffa, Tanger
Réalisé par Stéphane Roche • http://www.stephane-roche.fr