Exposition à l’IMA, à Paris, jusqu’au 31 janvier 2016

Courez-y, c’est remarquable ! Si vous n’habitez pas Paris, prenez des billets et venez ! Je suis rarement aussi enthousiaste mais là, vraiment, je n’ai pas de mots assez forts pour décrire l’effet incroyable de ces objets vénérables arrachés à la mer et mis en scène dans une scénographie originale et frappante !

De quoi s’agit-il ?

Franck Goddio, Président de l’institut européen d’archéologie sous-marine, a commencé à s’intéresser à ce domaine particulier des fouilles dans les années 1983-84. Mais alors, même si des objets étaient déjà exposés au musée d’Alexandrie, les moyens techniques de l’époque ne permettaient pas de sonder les fonds sous-marins. Il a donc fallu attendre le début des années 90 pour vérifier qu’il y avait bien les vestiges de villes englouties. Il s’agissait, d’après les textes anciens, de Thônis, Héracléion et Canope, situées au nord de l’actuelle Alexandrie, dans la baie d’Aboukir. Or, une étude plus poussée des textes anciens a permis de comprendre que Thônis et Héracléion étaient une seule et même ville, avec un nom égyptien et un nom grec ! Il ne restait plus qu’à plonger, littéralement, dans l’histoire de ces deux villes, reliées par une cérémonie rituelle…

l'archéologue-plongeur, Egypte

 

 

 

 

 

 

La légende d’Osiris

Jaloux, le frère d’Osiris, Seth, l’a tué et démembré en 14 morceaux qu’il a jetés dans le Nil. Isis, sa soeur et amante, les a retrouvés et reconstitués. On dit que c’est elle qui a inventé le processus de momification ainsi. Ils ont eu un fils, Horus, qui s’est battu contre son oncle pour venger son père. Ainsi, par sa mort et sa résurrection, Osiris représente la fécondité des terres qui meurent mais renaissent au printemps, apportant les nouvelles récoltes. Ses humeurs de cadavre, assimilées à l’eau du fleuve, donnent la vie.

Chaque année, une statuette d’Osiris faite d’argile du fleuve, de grains d’orge, d’épices et d’aromates, était mise dans une cuve, sorte de « baignoire » où elle était arrosée d’eau du Nil à l’aide de louches sacrées pendant 14 jours (le temps exacte d’une lunaison entre le premier quartier et la pleine lune). Lorsque ces graines germaient, on enterrait provisoirement le dieu, déterrant celui de l’année précédente à qui le peuple et les prêtres donnaient une sépulture définitive. Mais avant, une procession en bateau emmenait le dieu d’Héracléion à Canope, à l’Ouest, sur des canaux. Les objets de culte, louches, bassins et statuettes retrouvées sous la mer par Franck Goddio portent témoignage de ces rites.
Très riche, l’exposition nous en montre, avec des vidéos pour que nous voyions comment ils ont été extraits d’une couche de sédiments. Nous passons de salle en salle dans une pénombre sous-marine, l’eau clapote en vidéo et aussi dans nos oreilles…

Voici une statue de reine représentée en Isis :

statue de reine en Isis

 

 

 

 

Un buste de dieu mis en valeur par l’éclairage :

 

 

 

buste de Dieu, exposition Osiris

 

 

 

 

 

 

 

 

La dernière partie de l’exposition met en regard ces objets avec ceux des musées d’Alexandrie et du Caire, sortis d’Egypte pour la première fois, comme cette remarquable statue de la déesse Thouéris qui date de la XXVIème dynastie (664-610) avec ses mamelles symboles de fertilité :

la déesse Thouéris, Musée du Caire

 

 

Et pour finir en apothéose, la statue colossale de Hâpy, dieu associé à la crue du Nil, symbole de fertilité lui aussi, avec sa table d’offrandes symboliques sur laquelle on versait de l’eau pour « activer » le symbole de façon magique et le rendre réel. Lui aussi a été trouvé au fond de la mer, il nous accueille à l’entrée de l’exposition mais le photographier depuis l’étage au-dessus lui confère toute sa majesté :

 

statue colossale de Hâpy

 

L’exposition est très didactique et nous apprend tout, non seulement sur l’archéologie sous-marine et les légendes égyptiennes, mais aussi sur les influences grecques et romaines sur les croyances des peuples du Nil : les Ptolémées ont poursuivi le culte, et parfois l’histoire de Jésus lui-même, qui meurt et ressuscite, peut être comparée à celle d’Osiris…

 

 

Tous les renseignements sur le site de l’IMA, à la page de l’exposition que voici.

Attirée par l’égyptologie depuis 1967, où mon père m’a emmenée à l’exposition Toutankhamon au Grand Palais, je me suis régalée et je suis curieuse de voir si Osiris vous enchante comme moi, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires !

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